Le retrait par Apple de l’application ICEBlock, qui alertait sur les opérations d’immigration aux États-Unis, continue de susciter la controverse. Après les protestations des utilisateurs et du développeur, c’est un ancien cadre marketing de Cupertino qui interpelle directement Tim Cook sur les valeurs de l’entreprise.
ICEBlock, de l’anonymat au phénomène médiatique
Créée pour alerter les communautés locales des opérations de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE), l’application ICEBlock avait d’abord connu un succès limité, plafonnant à environ 20 000 utilisateurs. Mais, après avoir été publiquement condamnée par la Maison Blanche, elle est rapidement devenue virale, atteignant la troisième place du classement de l’App Store.
Cette soudaine popularité, dopée par l’effet Streisand, a également attiré les foudres du Département de la Sécurité intérieure et du procureur général Pam Bondi, qui ont jugé que l’application mettait en danger les agents de l’ICE.
Sous cette pression, Apple a décidé de retirer ICEBlock de sa boutique, justifiant sa décision par des informations fournies par les forces de l’ordre concernant des risques pour la sécurité. De nombreux observateurs ont d'ailleurs accusé Cupertino de se soumettre trop rapidement à une exigence politique qui, selon eux, n’aurait pas résisté à un examen judiciaire.
Cette explication est rejetée par le développeur Joshua Aaron : Capituler face à un régime autoritaire n’est jamais le bon choix. ../.. Notre mission a toujours été de protéger nos voisins contre la terreur exercée par cette administration.
Une lettre ouverte adressée à Tim Cook
Dans ce climat tendu, Wiley Hodges, ancien directeur marketing d’Apple et ex-employé de NeXT, a pris la parole publiquement. Dans une lettre ouverte adressée à Tim Cook, il rappelle le courage dont Apple avait fait preuve dans l’affaire de San Bernardino en refusant de créer une porte dérobée pour le FBI.
Il regrette aujourd’hui un recul inquiétant : Le retrait d’ICEBlock sans base légale claire ou procédure officielle représente une érosion de la position de principe que vous aviez défendue.
Wiley Hodges dit ne plus pouvoir défendre l’image d’Apple comme “les bons gars” du secteur, et appelle Cook à revenir à une posture plus ferme face aux pressions gouvernementales.
ET la suite ?
Cette controverse dépasse largement le cas d’ICEBlock. Elle soulève la question de la capacité d’Apple à maintenir ses valeurs proclamées de protection des utilisateurs face aux exigences d’autorités politiques. Si Cupertino aime se présenter comme un défenseur de la vie privée et de la liberté, l’épisode met en lumière un dilemme grandissant : comment concilier cette image avec des concessions face à la puissance publique ? Pour Wiley Hodges, le message est clair : Chaque centimètre que vous cédez volontairement à un régime autoritaire renforce son pouvoir.
