Depuis le 29 octobre 2025, les chercheurs européens peuvent désormais exiger l’accès aux données et aux algorithmes des plus grandes plateformes en ligne — de TikTok à Instagram, en passant par Facebook et X. Cette avancée majeure rendue possible par le Règlement sur les services numériques (Digital Services Act, DSA) vise à rendre ces géants du web plus transparents et responsables face à leurs effets sociaux.
Comprendre les risques : addictions, désinformation, haine en ligne
Derrière cette décision, l'idée est simple : permettre à la recherche académique indépendante de mesurer l’impact réel des réseaux sociaux sur la société. Les universitaires pourront désormais documenter les risques liés à l’usage excessif, les mécanismes addictifs, les contenus haineux ou encore l’influence sur la santé mentale, notamment chez les jeunes utilisateurs.
Concrètement, les chercheurs accrédités pourront demander l’accès à des données non publiques — comme les paramètres de recommandation, les règles de modération ou les systèmes de classement des contenus — afin d’analyser comment les algorithmes façonnent le comportement en ligne.
Bruxelles pourra forcer les plateformes à corriger leurs algorithmes
Le DSA confère également à la Commission européenne et aux régulateurs nationaux un pouvoir d’intervention inédit. En cas de refus de coopération ou de manquement, Bruxelles pourra ordonner la modification des algorithmes jugés problématiques et infliger des sanctions pouvant atteindre 6 % du chiffre d’affaires mondial d’une entreprise.
Cette menace financière vise à contraindre les plateformes à plus de transparence algorithmique, longtemps considérée comme leur secret industriel le mieux gardé. Jusqu’à présent, ni les chercheurs ni les autorités ne pouvaient réellement vérifier les promesses de modération ou de bien-être numérique avancées par les géants de la tech.
Une étape majeure pour la responsabilité numérique
Cette initiative renforce la décision de l’Union européenne de figurer comme pionnière dans la régulation des plateformes. Elle marque un tournant : celui où les algorithmes — cœur caché de l’économie de l’attention — deviennent enfin objets d’étude publique.
Comprendre les risques potentiels que ces plateformes peuvent faire peser sur leurs utilisateurs constitue une étape supplémentaire pour garantir la responsabilité des plateformes, a souligné la Commission. À terme, cette ouverture des données pourrait bien transformer la manière dont on comprend — et régule — les réseaux sociaux.
