Tim Cook aura beau donner des interviews en gilet jaune, son discours passe mal. La visite officielle de Donald Trump déchaîne les passions depuis hier de l'autre côté de l'Atlantique. En effet, la présentation du site d'Austin avait certes quelques vrais faux airs de campagne électorale. Entre les panneaux explicatifs, les photos devant les boites de Mac Pro ou les discours pas vraimentimprovisés, beaucoup critiquent la conduite du CEO d'Apple.
Tim Cook sur ABC News - Nous sommes très fiers de fabriquer le MacPro ici. Cet ordinateur est de loin notre ordinateur le plus puissant au monde.Il effectue plus de 50 billions de tâches par seconde. Je veux dire, c'est époustouflant.
Je ne crois pas aux lobbyistes. Je crois aux conversations directes. Je crois fermement en l'engagement. Je déteste les clivages. Je les méprise.
Tim Cook et Rebecca Jarvis (ABC News) sur le campus d'Austin (Source ABC News)
Certains lui reprochent d'avoir politisé la marque et ses produits -en l'espèce le Mac Pro pour obtenir des compensations financières, recevoir une approbation économique et garantir sa production en Chine. Mais la situation est tout de même plus complexe avec ce conflit sino-américain.
Le maintien d'Apple en Chine a des avantages (main d'oeuvre moins chère et plus expérimentée, coûts de production compétitifs) comme des inconvénients (taxes à l'importation, boycott des produits ou pertes du marché en cas de délocalisation). Tim Cook a très certainement du négocié ferme et, si Donald Trump a médiatiquement annoncé une exonération, l'administration avait déjà accordé 10 demandes de dérogation sur 15 déposées par Apple.
A cela s'ajoute la petite phrase de Donald Trump, qui fait polémique outre-atlantique. Il a publiquement indiqué que l'usine d'Austin venait tout juste d'ouvrir, et ce, un peu grâce à lui : Nous assistons au début d'une usine très puissante et importante. Je veux voir des usines Apple aux États-Unis. .../... Aujourd'hui, j'ai ouvert un important site de production Apple au Texas, qui proposera des emplois bien rémunérés aux USA.
Acte manqué ou pas, le Président omet de préciser que le site (exploité par Flextronics pour le compte d'Apple) tourne depuis 2013, et qu'elle y assemble déjà des Mac Pro. Certains ont relevé l'attitude impassible de Tim Cook. Mais lui était-il vraiment possible de réagir ?
Le site en question était vieillissant et il était effectivement question de le fermer et de délocaliser (en Chine ?). Il a finalement été doté de nouvelles chaines d'assemblage -comme cela est très courant dans l'industrie- pour produire ce nouveau Mac Pro. On pourrait alors se demander si les pressions de Donald Trump n'ont pas finalement abouti à son recyclage, prenant un peu Tim Cook à son propre piège.
Il semblerait qu’Ivanka Trump, fille et conseillère du Président, ait trouvé une petite pirouette par deux retweets successifs de Tim Cook, l'un du 21 novembre 2019 et l'autre de 2013 où il se félicitait justement de l'ouverture de la chaine de production. Une sorte de démenti à demi-mots où tout le monde trouve son compte ?
Il reste à savoir maintenant ce que l'administration va trouver en réponse au dernier tweet du Président. Celui-ci dit avoir demandé à Tim Cook de voir s'il pouvait impliquer Apple dans le développement de la 5G aux États-Unis. Ils ont tout : les dollars, la technologie, la création et Tim Cook !
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