Les pirates ne cherchent plus seulement à pirater vos appareils, mais vos émotions. Peur, urgence, curiosité… autant d’armes redoutables pour vous faire cliquer sans réfléchir. Apprenez à repérer ces manipulations avant qu’il ne soit trop tard.
Pourquoi connaître la manipulation vous protège
Savoir qu’on peut être manipulé change tout : ça transforme une réaction instinctive en décision réfléchie. Les cybercriminels réutilisent systématiquement des ressorts psychologiques (autorité, rareté, réciprocité, etc.) qui sont très bien décrits dans Influence et Persuasion de Robert Cialdini,
Plutôt que d’attaquer un serveur ou chercher un zéro-day coûteux, beaucoup d'attaquants préfèrent piéger l’humain — plus rapide et souvent plus efficace. Orange Cyberdefense rappelle que l’ingénierie sociale vise précisément ces réflexes automatiques, et que 95% des incidents ont une composante humaine.
Les biais émotionnels utilisés
Les attaquants activent des biais bien connus pour déclencher l’action avant la réflexion :
Biais d’autorité : un mail qui semble venir d’un patron ou du service RH pousse à obéir sans vérifier.
Biais de familiarité : un logo, une mise en forme familière (Microsoft, Apple, Workday) réduit la vigilance.
Biais d’urgence : « Action requise dans les 24 h » crée la panique et le clic impulsif.
Biais de complaisance : « Ça n’arrive qu’aux autres » — danger quand l’IA rend les deepfakes crédibles.
Un exemple concret et parlant :
Vous recevez en octobre un e-mail prétendument envoyé par Workday : « Il ne vous reste que 3 jours de congés à prendre avant fin mai ».
La peur de perdre des jours de congé pousse à cliquer immédiatement pour vérifier. C’est précisément ce que veut l’attaquant : un lien malveillant ou un formulaire qui vole vos identifiants. Ce scénario illustre parfaitement comment urgence + familiarité + autorité se combinent pour neutraliser la prudence.
Ralentir, analyser, vérifier. Des conseils concrets pour ne pas se faire avoir
La bonne nouvelle : la plupart de ces attaques se neutralisent avec des réflexes simples.
Respirez 10 secondes avant de cliquer. Le temps de réflexion suffit souvent à détecter l’anomalie.
Vérifiez l’expéditeur : adresse réelle (pas seulement le nom affiché), domaine, fautes d’orthographe.
Ne cliquez jamais depuis un e-mail sensible : ouvrez le site officiel depuis votre navigateur ou l’app (ne suivez pas le lien).
Confirmez par un canal distinct : pour toute demande inhabituelle (virement, changement de RIB, congés), appelez la personne ou utilisez la messagerie interne.
Activez l’authentification multifacteur (MFA) : un code en plus limite grandement les dégâts même si vos identifiants fuitent.
Formez vos collègues : un réflexe d’équipe (double-validation pour virements) bloque les FOVI.
Installez et maintenez une solution de sécurité : un antivirus moderne + filtrage d’e-mails détecte beaucoup de phishing et bloque les pièces jointes et liens malveillants — c’est un allié, pas une panacée.
La cybersécurité commence par la tête
Les cybercriminels exploitent des mécanismes psychologiques universels. Connaître ces biais, ralentir et mettre en place des procédures simples (MFA, vérification, AV, formation) transforme une organisation et protège vos congés votre entreprise. La vigilance n’est pas un gadget : c’est la première ligne de défense.