Souvent plébiscité par les détracteurs de l'application française StopCovid, le choix de l'utilisation des API d'Apple et de Google fait désormais débat en Suisse.
Tout d'abord, et ce n'est pas spécifique à la Suisse (l'app italienne, qui utilise aussi ExposureNotification, semble aussi touchée), l'impact sur l'autonomie est parfois assez catastrophique, malgré ce qu'en disaient Apple et Google pour promouvoir leurs solutions. De nombreux témoignages évoquent une consommation allant parfois jusqu'à 25% de l'utilisation quotidienne ! Nous avons interrogé plusieurs personnes autour de nous utilisant l'app, et effectivement, on nous a envoyé des captures assez affolantes :
Attention, d'autres appareils observent des consommations plus raisonnables, autour de 1 à 4% (quand-même !), cela semble donc variable (peut-être lié au type d'iPhone, à l'exposition personnelle, à la localisation...). Reste que bon nombre de personnes avec qui nous avons échangé (souvent des néophytes) semblent avoir observé de manière empirique une baisse drastique de l'autonomie, les poussant à désinstaller le programme ; les graphes ci-dessous pourraient leur donner en partie raison. A titre de comparaison, StopCovid utilise moins de 1% de la batterie, sur tous les téléphones que nous avons pu consulter.
Malgré environ 2 millions de téléchargements -soit autant qu'en France !- le nombre de programmes actifs est finalement repassé sous le million. La faute à ces problèmes d'autonomie ? Pas seulement. Des voix s'élèvent dans la Confédération autour de plusieurs problématiques, notamment le fait que les API de Google et d'Apple ne sont pas Open Source. Une récente étude a d'ailleurs démontré que la version Android communique allègrement avec les serveurs de Google les services Google Play inclus dans ces apps contactent toujours les serveurs de Google environ toutes les 20 minutes, ce qui permet potentiellement un suivi précis de l'emplacement via l'adresse IP. détaillent les chercheurs. Cette boite noire fait débat depuis le début comme le déclarait Edouard Bugnion (vice-président de l’EPFL, à l'origine de l'API) les échanges Bluetooth sont gérés par les systèmes d’exploitation dont nous n’avons pas le code source, mais une documentation précise. Précisons aussi que le système dit décentralisé ne permet pas réellement de savoir combien de personnes ont été réellement alertées, et donc, l'efficacité réelle de ces API.
Plus grave encore, le 17 juillet dernier, une faille de sécurité (spécifique au programme suisse, cette fois) a été corrigée et elle affectait le système depuis son lancement : elle aurait permis à n'importe qui, et n'importe où, de créer des faux positifs. Sans parler des sniffers (lire notre dossier sur StopCovid et les différents systèmes), toujours d'actualité, et capables de savoir si vous avez été testé positifs, dont ont trouve plusieurs exemples de code source : un voisin ou un employeur pourrait les utiliser assez facilement (voir l'image ci-dessus). Ces problématiques sont d'autant plus inquiétante pour certains, que le pays met en place des quarantaines obligatoires, qui dépendent entre autres, de l'exposition au virus.
Ces derniers jours, le débat est tel que les Suisses pourraient être appelés à voter dès la rentrée, sous l'impulsion du parti UDCL'application doit recourir aux systèmes d'exploitation de Google et d'Apple, critique le comité. Or l'appétit de ces géants du Net en matière de récolte de données est connu. La technologie Bluetooth comporte aussi de son côté des risques d'utilisation abusive, selon le comité. Les faux cas positifs et les quarantaines inutiles sont parmi les dangers qu'il soulève.. Pour le moment, la Parlement a déjà adopté les bases légales lors de sa session d'été.
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