Les contrôles électroniques à la frontière explosent, surtout aux États-Unis. Faut-il s’en inquiéter ? La CNIL met en garde depuis bien longtemps, et ses conseils sont pour le moins radicaux : voyagez avec un smartphone vide. Voici pourquoi.
Passer une frontière, c’est (aussi) exposer son téléphone
Aux États-Unis, le nombre de fouilles électroniques à la frontière est en hausse constante. En 2023, plus de 32 000 appareils numériques (smartphones, ordinateurs, tablettes) ont été fouillés, selon le Customs and Border Protection (CBP). Le chiffre était de 4 764 en 2015 : on parle donc d’une multiplication par 7 en moins de 10 ans. Ce que beaucoup ignorent, c’est que la police aux frontières américaine n’a pas besoin de mandat pour fouiller le contenu de votre téléphone. En vertu de la Directive CBP 3340-049A, Section 5.1.4, ses agents peuvent inspecter les appareils des voyageurs, s'il y a "soupçon raisonnable d'activité violant les lois". La fouille peut être manuelle ou, plus intrusive, effectuée via un logiciel spécialisé pour aspirer les données. Radio-Canada s'en émeut dans ce tweet : Voir le tweet de Radio-Canada :
La CNIL conseille... de voyager avec un téléphone vide
Face à ce phénomène, la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) alerte ceux voyageant en dehors de l'Union Européenne. Dans son article publié en juillet 2023, elle liste plusieurs conseils de sécurité à suivre lorsqu’on voyage en dehors de l’Union européenne : Parmi les recommandations les plus intéressantes :
Utiliser un téléphone "de voyage" qui ne contient que le strict nécessaire
Faites une sauvegarde de vos messages et photos puis remettez à zéro votre téléphone
Limitez vos connexions en ligne à des services nécessitant une authentification,
Ne dévoilez jamais d’informations concernant vos opinions politiques ou religieuses, ou encore votre orientation sexuelle
Autrement dit : voyager avec un appareil vierge, ou presque.
Ce n’est pas de la paranoïa
Sur le papier, ces précautions peuvent sembler exagérées. Mais dans la réalité, le contenu d’un téléphone peut facilement se retourner contre vous. Un like, un commentaire, un ancien tweet ou même un résultat de recherche Google peut être interprété comme un signe de militantisme politique, de radicalisation, ou même de menace à l’ordre public. Dans certains pays, la possession de certains contenus ou applications (comme un VPN, ou Telegram) peut suffire à vous faire interroger, voire expulser. Et si vous voyagez avec des données professionnelles sensibles, vous prenez aussi un risque économique majeur : espionnage industriel, analyse de votre carnet d’adresses, accès à vos documents confidentiels…
Comment préparer son iPhone avant de partir ?
Avant de franchir une frontière sensible, voici les bons réflexes à adopter :
Sauvegardez et effacez votre iPhone (ou utilisez un second appareil vide) ;
Déconnectez iCloud, vos comptes Google, vos mails et vos réseaux sociaux
Ne synchronisez pas votre gestionnaire de mots de passe
N'activez pas vos comptes professionnels si vous voyagez à titre privé
Notez que la plupart des logiciels de sécurité incluent un VPN qui est très discret. Cela vous sera très pratique pour télécharger vos apps et vous reconnecter.
Lorsque la frontière est passée, vous pourrez télécharger vos applications et vous (re-)connectez.
Voyager, c’est bien, mais éviter qu'un vieux tweet vienne vous nuire c'est mieux.