Vinted, la plateforme de seconde main, est sous le feu des projecteurs depuis quelques jours. Des annonces de maillots de bain et de lingerie sont massivement utilisées pour rediriger les utilisateurs vers du contenu adulte payant sur OnlyFans ou Telegram. La Haute Commissaire à l’enfance a saisi l'Arcom (Autorité de régulation) face à l'exposition potentielle des mineurs. Une affaire qui met en lumière les failles de modération du leader français de l'habillement.
Le bikini, nouveau cheval de Troie du contenu adulte
Le stratagème est devenu une technique répandue pour monétiser son contenu pour adulte. Sur Vinted, des vendeurs postent des annonces d'articles basiques, comme des maillots de bain ou des sous-vêtements. Les photos sont suffisamment suggestives, mais non explicites, pour passer les systèmes de détection.
Le piège se referme dans la description de l'annonce ou sur le profil : un lien vers Instagram, OnlyFans, Mym ou un contact Telegram est discrètement inséré. En quelques clics ou messages, l'acheteur potentiel se voit proposer directement du contenu pornographique, avec des tarifs allant de 20 à plus de 100 euros, payable souvent via PayPal. Une recherche rapide sur la plateforme suffit à confirmer la persistance du phénomène.
Responsabilité légale et risque d'arnaque
Cette dérive soulève une double problématique sérieuse. D'une part, bien que Vinted soit officiellement réservé aux majeurs, l'absence de vérification d'âge à l'inscription rend la plateforme accessible aux mineurs. Or, la loi française est claire : le contenu adulte est légal… pour les adultes, mais son exposition aux mineurs est illégale.
C'est précisément pour cette raison que la Haute Commissaire à l’enfance, Sarah El Haïry, a saisi l’Arcom. D'autre part, la redirection vers des messageries externes, au prétexte de négocier, annule toute protection d'achat garantie par Vinted, exposant les utilisateurs à des risques accrus d'escroquerie ou de non-livraison après paiement.
La modération dépassée par l'ampleur ?
Face à l'enquête en cours, Vinted a réaffirmé sa politique de tolérance zéro concernant la promotion de services sexuels. L'entreprise lituanienne, qui revendique plus de 23 millions de membres en France, assure utiliser des outils de détection proactive pour identifier les comportements suspects et invite les utilisateurs à signaler tout contenu préoccupant.
Sauf que voilà, la facilité avec laquelle de nouveaux profils parviennent à contourner les filtres, comme l'ont démontré plusieurs enquêtes journalistiques, montre que les dispositifs de sécurité sont soit insuffisants, soit rapidement dépassés par l'ingéniosité des fraudeurs. La balle est dans le camp de l'Arcom, qui pourrait exiger un renforcement des mesures de contrôle d'âge.
On en dit quoi ?
Ce n'est pas la première fois que Vinted est confrontée à des problèmes de contrefaçon ou d'arnaque. L'émergence de ce business X montre la difficulté, pour une plateforme grand public devenue énorme, de maintenir une modération efficace. Les vendeurs de contenu utilisent Vinted comme un canal de marketing gratuit et à forte visibilité, exploitant sa popularité familiale pour cibler une audience très large.
L'Arcom a raison de monter au créneau, car la protection des mineurs est le point crucial. Il sera intéressant de voir si Vinted, sous pression réglementaire, mettra en place des contrôles d'identité plus stricts ou des systèmes de détection plus efficaces. En attendant, soyons pragmatiques : si une annonce de maillot de bain ou de claquettes vous demande de contacter la vendeuse sur Telegram, c’est que la dame a autre chose à vendre.
