Publicité cachée et influenceurs : quand tous les acteurs sont complices
Par Didier Pulicani - Publié le
Si le phénomène touche tous les networks (Instagram, SnapChat...), c'est sur YouTube qu'il est aujourd'hui le plus représenté. Vous pensiez que votre YouTuber préféré était sincère dans sa
reviewdu dernier smartphone à la mode ? Pourtant en coulisse, non seulement l'appareil est fourni gratuitement, mais il est souvent accompagné d'un petit pécule financiers (on parle de plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d'euros). Problème, les spectateurs -souvent des jeunes, de la générationn millenium- en sont rarement conscients et pour cause : la mention publicitaire est discrète, voire souvent absente.
Interrogé par Engadget, YouTube se défend d'encourager la pratique.
Nos règlements précisent que les créateurs de contenu YouTube sont chargés d'assurer que leur contenu est conforme aux lois locales, aux règlements et aux lignes de conduite de la communauté YouTube.En clair, chacun doit déjà respecter les règles de son propre pays, et Google renvoie ici la responsabilité directement aux créateurs. Pour autant, l'éditeur précise que
Si le contenu est considéré comme contraire à ces politiques, nous prenons des mesures pour assurer l'intégrité de notre plate-forme, qui peut inclure la suppression du contenu.Sauf que, comme le note Engadget, cette mesure n'a a priori jamais (ou très peu) été appliquée.
Et ce n'est pas faute de s'être fait taper sur les doigts. A plusieurs reprises, la FTC (équivalent de la DGCCRF en France) a montré les crocs : en 2016, lors de la campagne publicitaire pour le jeu Middle Earth: Shadow of Mordor ou encore en 2015 pour les vraies-fausses reviews de la XBox One de Microsoft, qui avait lui-aussi payé les YouTubers grassement, la fédération avait alors lancé de lourds avertissements aux marques et à tous ceux qui avaient accepté d'en faire la promotion trop discrètement.
Nos confrères ont également interrogé un YouTuber bien connu, Casey Neistat, qui vlogge quotidiennement sur sa chaine, suivie par plusieurs millions d'abonnés et qui n'hésite pas à prodiguer ses conseils avisés aux nouveaux créateurs.
Si le contenu est bon, publicitaire ou non, il est généralement apprécié, mais la transparence est très importante lors de la communication avec un public qui s'est inscrit pour vous (la personne), pas pour les annoncesSauf que ce même Casey a récemment publié une vidéo vantant les capacités vidéo du Galaxy S8, sans jamais évoquer explicitement qu'il a touché le pactole. Seule la mention
Cette vidéo a été entièrement filmée sur le Galaxy S8. Chaque image. Pas de correction couleur. #Pasdefiltre."pouvait laisser penser qu'il s'agissait peut-être d'une pub, un mélange des genre difficile à cerner pour le spectateur.
A l'arrivée, les grands perdants ne sont-ils pas les abonnés eux-même ? A force de regarder des publicités qui ne disent pas leur nom, les ados sont plus rarement confrontés à la critique et la mise en perspective. Pour autant, YouTube a lui-aussi sa part de responsabilité : les faibles revenus générés par la publicités ne permettent pas aux
stars du netd'en vivre, et les oblige alors à se tourner vers les marques, une situation qui arrange finalement tout le monde, même si le spectateur est en fait pris pour un gentil mouton et la loi en vigueur totalement bafouée.