Anduril, une société de défense américaine qui a le vent en poupe, s'allie à EDGE, le grand groupe de défense des Émirats Arabes Unis, pour lancer l'Omen. C'est un nouveau drone militaire hybride qui décolle à la verticale pour des missions de surveillance, visant à remplacer des avions. Une commande de 50 unités est déjà confirmée.
Décollage vertical et moteur hybride
La plupart des drones militaires sont soit des avions qui nécessitent une piste, soit des hélicoptères (multi-rotors) qui manquent clairement d'autonomie. L'Omen est un tail-sitter : il se pose sur sa queue et décolle verticalement, comme une fusée. Une fois en l'air, il bascule et vole comme un avion normal.
L'avantage est simple : pas besoin d'aéroport ou de base préparée. Sa vraie force technique est aussi son moteur hybride (essence + électrique). C'est ce qui a pris cinq ans à développer. Cette technologie lui donne beaucoup plus d'autonomie et de puissance que les drones 100% électriques, sans le poids d'énormes batteries.
Faire le travail d'un avion
L'objectif d'Anduril n'est pas de concurrencer les petits drones. L'Omen est un poids lourd (catégorie Groupe 3) conçu pour transporter 3 à 5 fois plus de charge utile que ses concurrents. Il vise ouvertement les missions remplies par des appareils beaucoup plus gros et coûteux. On parle de patrouille maritime, de surveillance de frontières ou de relais de communication sur de longues distances. Anduril, connue pour ses approches logicielles et IA, affirme que l'Omen peut faire le travail de drones de la catégorie supérieure (Groupe 5, type Reaper) ou même de jets d'affaires modifiés pour la surveillance.
Une production aux Émirats
Ce projet n'est pas qu'un concept. Le partenariat est solide : le groupe EDGE, poids lourd de l'industrie de la défense au Moyen-Orient, co-investit 200 millions de dollars dans l'aventure (s'ajoutant aux 850 millions déjà dépensés par Anduril). Une commande ferme de 50 appareils a déjà été signée par un client émirati.
La production est prévue d'ici 2028. Elle sera partagée : l'usine Arsenal-1 d'Anduril dans l'Ohio s'occupera des clients américains, alors qu'une nouvelle usine dédiée sera construite à Abu Dhabi pour servir le Moyen-Orient.
Pas juste militaire ?
L'Omen est piloté par Lattice, l'IA d'Anduril qui permet à plusieurs appareils de collaborer en essaim. Si l'usage militaire est évident, le drone est présenté comme dual-use (à double usage). Grâce à son excédent de puissance (merci l'hybride), il pourrait servir de tour de téléphonie mobile volante après une catastrophe naturelle par exemple. Son châssis pliable et son déploiement rapide par deux personnes, sans infrastructure, le rendent théoriquement utile pour l'aide humanitaire ou la logistique d'urgence.
On en dit quoi ?
Anduril veut secouer le marché de la défense. Le pari est simple : prouver qu'un drone (relativement) petit et autonome peut faire le même travail qu'un gros avion de surveillance piloté, qui coûte bien plus cher en achat et en personnel. En s'alliant avec un acteur majeur comme EDGE, Anduril trouve l'argent et un premier client pour lancer la machine. Si l'Omen tient ses promesses de performance d'ici 2028, on pourrait voir ces appareils s'occuper de plus en plus de missions de patrouille ou de surveillance aérienne, jusqu'ici réservées à des moyens bien plus lourds.