Après la France, l'Italie s'attaque à l'accès des mineurs aux sites pornographiques. L'autorité italienne (l’Agcom) imposera dès le 12 novembre 2025 un système de vérification d'âge strict. La méthode, basée sur un double anonymat, cherche à être plus respectueuse de la vie privée que ses voisins, mais l'efficacité reste à prouver.
Le 12 novembre, l'Italie serre la vis
Le gouvernement italien a décidé de siffler la fin de la récréation pour l'accès libre aux contenus pornographiques. Face à des chiffres jugés alarmants, l'Agcom (l'équivalent de notre Arcom) mettra en application de nouvelles règles strictes dès le 12 novembre 2025.
L'objectif est bien sûr de protéger les mineurs. Selon les données relayées par la presse locale, 88 % des adolescents italiens consulteraient régulièrement du contenu pornographique. Le constat est aggravé par le fait que sur les 6 millions de smartphones détenus par les 8-16 ans, très peu (1,2 million) seraient équipés d'un quelconque contrôle parental. Les sites qui ne respecteront pas ces nouvelles obligations s'exposeront à des amendes et à un blocage pur et simple.
Une vérification d'âge "anonyme"
L'Italie ne veut cependant pas copier exactement le modèle français ou britannique. Rome mise sur un système baptisé double anonymat. L'idée est d'éviter que l'utilisateur n'ait à fournir une pièce d'identité ou à se soumettre à une analyse faciale par IA, des méthodes jugées trop intrusives.
Concrètement, l'utilisateur devra obtenir un code numérique, ou token, auprès d'un tiers de confiance certifié (une banque, un opérateur téléphonique, voire un service public). Ce tiers validera la majorité de l'individu sans jamais communiquer son identité au site pornographique. Le site saura que l'utilisateur est majeur, mais ne saura pas qui il est.
Le précédent français et la multiplication des VPN
Cette initiative italienne s'inscrit dans un mouvement global, mais elle suit surtout l'exemple de la France. Dans l'Hexagone, la mise en place d'une vérification d'âge obligatoire s'est soldée par un bras de fer. Aylo, la maison mère de Pornhub et YouPorn, a tout simplement préféré bloquer l'accès à ses plateformes sur le territoire français plutôt que de se plier aux exigences.
La réaction des utilisateurs ne s'est pas fait attendre : les inscriptions aux services de VPNont explosé. ProtonVPN a revendiqué une hausse de 1000 % des inscriptions dans l'heure suivant le blocage, tandis que d'autres, comme NordVPN, affichaient +300 %.
On en dit quoi ?
L'intention de protéger les mineurs est partagée par à peu près tout le monde, mais la méthode pose toujours autant de problèmes. L'approche italienne du "double anonymat" est quand même franchement séduisante, car elle tente de préserver la vie privée.
Reste que le problème de fond est le même qu'en France : le contournement. Si Aylo, inquiet d'une chute de trafic de 80 % comme en Louisiane, décide de bloquer l'Italie comme elle a bloqué la France, les utilisateurs italiens se rueront à leur tour sur les VPN. La mesure ne pénalise alors que les utilisateurs lambda et déplace le problème. En voulant chasser les grandes plateformes régulées, les autorités poussent paradoxalement les utilisateurs vers des alternatives moins contrôlées, ou les obligent à utiliser des outils (comme les VPN) qui rendent leur traçabilité encore plus complexe. C'est un jeu du chat clairement interminable.
