La mythique Pebble, pionnière des montres connectées, revient une fois encore d’entre les morts. Son créateur Eric Migicovsky rend l'intégralité de la plateforme open source (OS, apps, schémas matériels) pour garantir sa survie.
La Pebble libérée
L'histoire de Pebble, rachetée puis abandonnée par Fitbit en 2016, est quand même étonnante. Aujourd'hui, Eric Migicovsky, le fondateur, lance sa nouvelle société Core Devices et prend des mesures pour s'assurer que ses montres ne dépendent plus jamais d'une unique entité.
L’intégralité de la pile logicielle est passée en open source : le code de PebbleOS, bien sûr, mais aussi les applications mobiles compagnons pour iOS et Android. Cette décision technique est avant tout philosophique : elle neutralise le scénario du trou noir, où la faillite ou la disparition d'une entreprise rend son matériel inutilisable. L’idée est que la communauté puisse prendre le relais indéfiniment.
Schémas matériels et écosystème décentralisé
Le mouvement open source ne s’arrête pas au logiciel. Core Devices a publié sur GitHub les schémas électriques et mécaniques complets de la Pebble 2 Duo. Cela ouvre la porte aux ingénieurs pour réparer, modifier, voire fabriquer de nouvelles variantes du matériel. La future Pebble Time 2, dont les livraisons sont prévues pour début 2026, est d'ailleurs conçue pour être facilement réparable, troquant la colle contre des vis pour les changements de batterie.
L'accès aux applications est également repensé. L'architecture centralisée, qui avait été le point faible de la première version, est remplacée par un modèle de flux décentralisés, s'inspirant des gestionnaires de paquets comme APT ou pip. Les utilisateurs pourront s'abonner à plusieurs flux d'applications. Core Devices s'engage à archiver quotidiennement son propre flux officiel sur Archive.org, s'assurant ainsi que toutes les applications restent disponibles même en cas de panne de serveur.
Une résurrection sous tension : l’incident Rebble
Ce retour ne s'est pas fait sans frictions, en particulier avec la communauté Rebble, qui maintenait officieusement les anciennes montres en vie depuis des années. Des accusations de vol de données ont récemment été émises concernant le contenu de l'App Store, bien que Rebble ait ensuite nuancé ses propos, reconnaissant que les applications n'étaient pas sa propriété.
Le nouveau modèle de flux d'applications résout cette tension par la technique, offrant à des entités comme Rebble la possibilité de maintenir leur propre flux d'applications en toute autonomie.
On en dit quoi ?
Ce n’est pas tous les jours que l’on assiste à une renaissance aussi complète. Eric Migicovsky a retenu la leçon de l’échec cuisant de 2016 : la dépendance à un acteur unique tue l'innovation et la confiance des utilisateurs. En open-sourçant la montre de A à Z, y compris le hardware, il ne cherche pas seulement à vendre une nouvelle montre à écran E-paper (la Time 2), mais à vendre la durabilité.
C'est une bonne stratégie qui cible directement les passionnés et les développeurs. Reste à voir si l'engagement communautaire suffira à maintenir une dynamique face à la puissance de frappe des écosystèmes propriétaires comme l’Apple Watch. Mais pour ceux qui veulent une smartwatch qui leur appartient vraiment, Pebble vient de redéfinir la norme.