Spotify a annoncé avoir payé 10 milliards de dollars en royalties en 2024, un record dans l’industrie musicale. Une somme colossale, qui représente 60 % du chiffre d’affaires annuel du géant suédois. Pourtant, les artistes continuent de critiquer le modèle économique du streaming, jugé trop peu rémunérateur.
10 milliards de dollars versés, mais pour qui ?
Spotify met en avant un chiffre impressionnant : 10 milliards de dollars reversés en 2024 aux ayants droit (maisons de disques, éditeurs, sociétés de gestion des droits). Depuis 2014, les royalties versées ont été multipliées par dix, passant d’un milliard à ce montant record. La plateforme compare même cette somme aux plus grandes heures du CD avec Tower Records dans les années 2000.
Dans les faits, ce sont surtout les labels qui touchent l’essentiel du gâteau. Spotify ne paie pas directement les artistes, mais les détenteurs de droits, qui redistribuent ensuite les revenus selon les contrats signés. Et c’est là que ça coince…
Des musiciens toujours en colère
Malgré ces chiffres en hausse, beaucoup d’artistes continuent de dénoncer un modèle économique défavorable. Un rapport européen a révélé que 70 % des musiciens sont insatisfaits de leurs revenus liés au streaming. La raison ? Les artistes perçoivent en moyenne 16 % des royalties générées, après passage par les maisons de disques. Concrètement, un titre rapportant 100 000 dollars sur Spotify ne laisserait que 16 000 dollars à son interprète… avant impôts.
En 2024, environ 1 500 artistes ont quand même réussi à dépasser le million de dollars de royalties. Mais la plupart restent loin de ces montants, même avec des millions d’écoutes. Certains, comme Björk, n’hésitent pas à qualifier Spotify de pire chose qui soit arrivée aux musiciens. Sympa.
L’insatisfaction des artistes ne s’arrête pas aux simples critiques. Début 2024, des auteurs nommés aux Grammy’s ont boycotté un événement organisé par Spotify pour protester contre la faiblesse des paiements. La plateforme a aussi été attaquée en justice aux États-Unis pour sous-paiement de droits d’auteur sur des millions de morceaux. Le procès a finalement été rejeté, mais il montre bien les tensions persistantes.
Un modèle qui continue de dominer
Qu’on le veuille ou non, le streaming est aujourd’hui la principale source de revenus de l’industrie musicale, avec plus de 28 milliards de dollars générés en 2024. Spotify représente à lui seul un quart des revenus de la musique enregistrée.Taylor Swift, l’artiste la plus streamée de l’année (26 milliards d’écoutes), avait d’ailleurs quitté la plateforme en 2014 pour protester contre la rémunération… avant de revenir en 2017. Comme quoi… difficile de s’en passer !
