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Conformité d'Apple au DMA : Daniel Ek (Spotify) dénonce une farce

Par Laurence - Publié le

La tension n'est jamais vraiment redescendue entre Apple et Spotify. Aussi, Daniel Ek, le CEO de cette dernière, n’a pas mâché ses mots dans une récente interview accordée à Bloomberg. Il accuse Apple de saboter la mise en œuvre du Digital Markets Act (DMA) au sein de l’Union européenne et presse les régulateurs d’agir sans tarder.

Spotify Apple UE
©Mac4Ever 2025


Une conformité jugée "illusoire"



Depuis l’entrée en vigueur du DMA, Apple est dans l’obligation de se conformer à une série de règles visant à limiter les abus de position dominante, notamment sur l’App Store. Pourtant, selon Daniel Ek, Cupertino n’a pas vraiment joué le jeu. Les tentatives d’Apple pour se conformer à la loi sur les marchés numériques sont une farce Il accuse la firme californienne d’utiliser de pratiques dilatoires, et de mener une stratégie qui, selon lui, consiste à ralentir le processus pour éviter les répercussions immédiates.

L’élément déclencheur de cette colère semble être les nouvelles règles d’Apple qui -malgré l’obligation d’autoriser à proposer des systèmes de paiement alternatifs et de distribuer des applications en dehors de l’App Store- imposent toujours des frais (les fameux Core Technology Fees).

Conformité d'Apple au DMA : Daniel Ek (Spotify) dénonce une farce


Une pratique que Spotify et d’autres entreprises jugent contraire à l’esprit du DMA. Aussi la plateforme suédoise appelle à une application stricte du DMA. Pour Daniel Ek, l’heure n’est plus aux discussions, mais aux sanctions. Il est temps pour l’Europe de montrer que nous allons appliquer la loi qui a déjà été adoptée.

La Commission européenne, et notamment Margrethe Vestager, la commissaire à la Concurrence, surveille de près la situation. Teresa Ribera, une autre figure clé dans l’application du DMA, a déjà annoncé que l’UE se prononcera sur la conformité d’Apple d’ici fin mars.

Si Apple est reconnu coupable de ne pas respecter la législation, l’entreprise pourrait se voir infliger des amendes allant jusqu’à 10 % de son chiffre d’affaires annuel mondial -une somme qui pourrait atteindre 37 milliards de dollars.

Un contexte tendu entre Bruxelles et Washington



Cependant, la situation est délicate. Les tensions entre l’Union européenne et les États-Unis compliquent les choses, surtout depuis que l’administration Biden avait exprimé ses réserves face à certaines mesures du DMA, perçues comme une attaque directe contre les géants américains de la tech. Et l'administration Trump parait mal partie pour aller dans le même sens que l'Europe !

Daniel Ek craint que cette pression politique ne freine les ambitions de l’UE et n’aboutisse à un abandon des sanctions contre Apple -ce que Bruxelles réfute. Pour lui, ce serait une occasion manquée de faire appliquer des règles longtemps attendues par des acteurs comme Spotify.

UE USA Donald Trump
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Spotify vs Apple : un conflit ancien mais renouvelé



Ce n’est pas la première fois que Spotify s’attaque publiquement à Apple. L’entreprise suédoise critique depuis des années la politique de l’App Store, notamment la commission de 30 % prélevée sur les abonnements réalisés via l’application.

En 2019, Spotify avait déposé une plainte officielle auprès de la Commission européenne, dénonçant un environnement anticoncurrentiel créé par Apple. Depuis, la guerre entre les deux géants du streaming musical n’a cessé de s’intensifier.

La balle est désormais dans le camp de Bruxelles. La décision de l’UE attendue pour fin mars pourrait établir un précédent majeur pour l’application du DMA et envoyer un signal fort aux firmes américaines, à moins que ces dernières se sentent protégées par l'actuelle administration US.