Après un an de fiasco logiciel et une série de décisions particulièrement contestées, le PDG intérimaire de Sonos, Tom Conrad, affirme dans un entretien avec The Verge que l’entreprise a « franchi un cap ». Les objectifs sont atteints : réparer les dégâts, remettre le logiciel au centre et surtout… décrocher le poste de CEO de façon permanente.
Une reconstruction nécessaire après une année noire
Sonos a connu une année mouvementée, marquée par le lancement catastrophique de sa nouvelle application mobile en mai 2024. L’interface avait supprimé des fonctions clés comme la minuterie ou l’accessibilité, dégradé l’expérience utilisateur et déclenché une vague de critiques. L’ancien PDG Patrick Spence a fini par quitter ses fonctions en janvier 2025, laissant place à Tom Conrad, membre du conseil d’administration depuis 2017. Ce dernier a aussitôt promis de remettre l’entreprise sur de bons rails. Il revendique aujourd’hui des progrès significatifs sur la fiabilité et la performance de la plateforme logicielle.
Refonte organisationnelle et recentrage stratégique
Dès son arrivée, Conrad a procédé à un audit interne : trop de projets lancés, pas assez de résultats. Résultat : 200 licenciements en février, des projets arrêtés comme le lecteur vidéo « Pinewood », et une structure désormais réorganisée par fonctions (hardware, software, design) plutôt que par lignes de produits. L’inspiration vient d’Apple, avec qui Sonos partage désormais une logique d’optimisation transversale. L’objectif est simple : prioriser ce qui peut vraiment faire la différence, et cesser de s’éparpiller. Un virage qui a visiblement redonné de la lisibilité aux équipes.
Tom Conrad
App, Wi-Fi, anciens modèles : les racines du problème
Le fiasco de l’app a révélé un décalage flagrant entre les tests en laboratoire et les usages réels dans des environnements réseau complexes. Conrad admet que Sonos ne mesurait pas à quel point ses produits anciens (Play:1, Play:3) seraient affectés par la mise à jour. Résultat : de nombreux utilisateurs incapables de synchroniser leur système ou de lancer leur musique.
Depuis, l’entreprise a revu son processus de tests, élargi son programme bêta, et surtout corrigé des problèmes liés aux réseaux domestiques hybrides. La dernière mise à jour logicielle améliorerait même les performances sur les anciens modèles par rapport à il y a quatre ans.
Hardware en pause, mais pas abandonné
Si Sonos n’a pas prévu de nouveaux produits avant la fin de l’exercice fiscal (septembre 2025), Conrad insiste : la feuille de route est en place, et les équipes sont enthousiastes. Le casque Ace, sortis dans la foulée du raté logiciel, ont souffert de ce contexte, mais restent au cœur de la stratégie de la marque. Le PDG par intérim voit encore un fort potentiel sur ce segment, en particulier via des mises à jour logicielles. Il promet aussi davantage de flexibilité sur la configuration des enceintes home cinéma, une demande fréquente sur les forums d’utilisateurs.
Google, Ikea, abonnements, etc.
Sur d’autres fronts, Sonos a tranché. Le partenariat avec Ikea est terminé, faute de volumes suffisants. Le projet de lecteur vidéo, lui, est abandonné au nom du recentrage. Côté Google, le litige judiciaire continue, mais Conrad reste ouvert à une reprise du dialogue, en particulier autour de l’IA. Enfin, il écarte clairement l’idée d’un modèle par abonnement pour des fonctions de base : pas question de faire payer la gestion de groupes d’enceintes ou les contrôles élémentaires. Ouf.
Avec tout ça, figurez-vous que Conrad ne cache pas ses intentions : il veut être nommé PDG permanent. En attendant, il se concentre sur l’exécution de ses tâches à court terme, tout en affirmant avoir une vision sur cinq à dix ans, qu’il espère déployer. Pour lui, Sonos est plus qu’un fabricant de matériel : c’est une plateforme domestique, à la croisée du matériel, du logiciel et du réseau local. Il faudra convaincre les actionnaires que cette vision a du sens, et qu’il est la bonne personne pour la mener à bien.