Ford continue de perdre gros sur les voitures électriques. En 2024, son activité dédiée aux VE a accusé une perte de 5,1 milliards de dollars, et ce n’est pas fini : pour 2025, l’entreprise s’attend à un déficit encore plus lourd, autour de 5,5 milliards. Pas de quoi rassurer les investisseurs, d’autant que la fin des aides gouvernementales aux VE et les nouvelles taxes sur les importations chinoises et mexicaines risquent de compliquer encore plus la donne.
Trop cher, trop gros, pas assez rentable
Mais tout n’est pas foutu pour Ford, loin de là. Son activité principale, les voitures thermiques et hybrides, reste très rentable. Le constructeur compte donc sur ces revenus pour continuer à financer sa transition vers l’électrique… même si elle risque de prendre un peu plus de temps que prévu.
Le problème, c’est que produire des voitures électriques coûte encore beaucoup trop cher. Les batteries sont massives, impactent l’aérodynamisme et limitent l’efficacité des véhicules, surtout pour les modèles imposants comme le F-150 Lightning. Résultat : des prix élevés pour les consommateurs et des marges très faibles, voire inexistantes, pour Ford.
Pour l’instant, seul Tesla arrive à faire des bénéfices sur la vente de ses VE. Et encore, l’entreprise a passé des années à flirter avec la faillite avant d’atteindre ce niveau de rentabilité. Ford, lui, n’a pas ce luxe : il doit rassurer ses actionnaires tout en investissant des milliards dans cette transformation.
Les hybrides et les VE à prolongateur d’autonomie en renfort
Face à ces obstacles, Ford ajuste le tir. Plutôt que de foncer tête baissée dans le 100 % électrique, le constructeur cherche à mixer les technologies. Son nouveau pari ? Les hybrides, on l’a dit, mais aussi les véhicules électriques à prolongateur d’autonomie (EREV), qui embarquent un petit moteur thermique pour recharger la batterie en roulant. Une solution plus accessible, capable d’offrir jusqu’à 1120 kilomètres d’autonomie.
Le Mustang Mach-E, de son côté, s’en sort plutôt bien avec 2 539 ventes en janvier, soit une hausse de 172 % par rapport à l’année précédente. De quoi montrer que la demande est là, mais toujours à condition d’avoir les bons modèles à des prix acceptables.
Un virage plus lent, mais inévitable
Ford n’est pas le seul à ralentir sur l’électrique. Volkswagen et General Motors ont aussi revu leurs ambitions à la baisse. Entre le coût des batteries, l’infrastructure de recharge encore trop limitée et les incertitudes politiques, le marché évolue moins vite que prévu. Pour Ford, l’enjeu sera de trouver le bon équilibre entre innovation et rentabilité, sans perdre trop de terrain face à Tesla et aux constructeurs chinois, qui eux, avancent beaucoup plus vite.