L'édition 2026 du Festival International de la Bande Dessinée est plus que compromise. Face à la fronde généralisée des auteurs et des éditeurs, 9e Art +, l'organisateur privé très critiqué, a annoncé la "mise à l'arrêt" de la production. C'est l'épilogue d'une crise historique.
La direction annonce la suspension de l'édition 2026
Le Festival International de la Bande Dessinée (FIBD) n'aura Probablement pas lieu en 2026. La société 9e Art +, en charge de l'organisation, a confirmé par e-mail que la production de l'édition prévue fin janvier était, à ce jour, mise à l'arrêt. C'est un renoncement important, le FIBD n'ayant été annulé qu'une seule fois en 51 ans (en 2021 à cause du Covid-19).
Cette décision survient juste après un ultimatum des financeurs publics (État et collectivités locales) qui menaçaient de couper leurs subventions si 9e Art + ne clarifiait pas ses intentions. Sans fonds ni partenaires, l'événement était de facto condamné.
Un long historique de défiance
La crise actuelle n'est pas une nouveauté. 9e Art +, dirigé par Franck Bondoux, était sous le feu des critiques depuis longtemps concernant son opacité et son management. La situation a explosé après la révélation, en janvier 2025, du licenciement d'une salariée ayant porté plainte pour un viol présumé subi durant l'édition 2024.
Ce cas a exacerbé la colère, en particulier chez les collectifs d’autrices déjà indignées par des polémiques passées, comme l'affaire Bastien Vivès en 2023. Le boycott est devenu massif : des auteurs de poids et la plupart des grosses maisons d'édition ont refusé de participer, rendant le maintien du salon impossible.
L'image du festival écornée
La médiatisation est allée jusqu'à la presse internationale. Le festival, désormais qualifié de foire à la saucisse trop axé sur les ventes par certains professionnels, voit son image sérieusement écornée.
Des discussions pour une nouvelle gouvernance ont eu lieu, mais les auteurs ont maintenu leur boycott tant que 9e Art + restait aux commandes des éditions à venir. L'enjeu se déplace désormais vers l'appel d'offres visant à désigner un nouvel opérateur à partir de 2028.
On en dit quoi ?
L'arrêt de l'édition 2026 était inéluctable. La crise met en lumière l'échec d'une gestion privée contestée qui s'est heurtée de plein fouet aux exigences éthiques de ses créateurs. Un événement aussi crucial que le FIBD ne peut survivre s'il perd la confiance des artistes. Il est grand temps de rebâtir une structure transparente et crédible. Reste à voir si d’ici 2028, les bonnes décisions seront prises pour permettre de sauver l'institution et de clore cette page sombre. Même si on sait qu’au festival d’Angoulême, une polémique en chasse souvent une autre.