Meta pénètre donc dans l’arène militaire.Le groupe vient en effet de conclure un partenariat stratégique avec Anduril Industries, une start-up de défense américaine valorisée à 14 milliards de dollars, et ce, pour développer des équipements immersifs destinés à l’entraînement des soldats et des forces de l’ordre.
Une alliance stratégique
Ce partenariat officiel marque une nouvelle tentative de Meta pour donner un second souffle à sa technologie XR -englobant la réalité virtuelle (VR) et la réalité augmentée (AR). En effet, cette dernière peine toujours à convaincre le grand public malgré des investissements massifs via Reality Labs. Ce projet sera financé par des particuliers et vise à aider l'armée américaine.
Le lien entre Meta et Anduril n’est pas anodin : la start-up est dirigée par Palmer Luckey, fondateur d’Oculus, rachetée en 2014 par Facebook pour 2 milliards de dollars. Ce rachat avait jeté les bases de la division Reality Labs, à l’origine des casques Quest. Ce nouveau partenariat pourrait donc être vu comme une boucle qui se referme, mais dans un tout autre registre : celui de la défense.
« Meta a consacré la dernière décennie à développer l'IA [Intelligence Artificielle] et la RA [Réalité Augmentée] pour la plateforme informatique du futur. Nous sommes fiers de collaborer avec Anduril pour apporter ces technologies aux militaires américains qui protègent nos intérêts sur le territoire national et à l'étranger. »
Mark Zuckerberg
Devinez qui est qui ^^;
En quoi consistera ce partenariat ?
La nouvelle gamme de produits issue de cette collaboration, baptisée EagleEye, comprendra des casques, des lunettes intelligentes et autres wearables tactiques conçus spécifiquement pour un usage militaire et sécuritaire. L’objectif est d'améliorer les capacités sensorielles (la vue et l'ouïe) des soldats et leur fournir des outils de contrôle à distance pour les systèmes autonomes, comme les drones ou les capteurs de terrain.
Au cœur du système EagleEye, les technologies de Meta et d’Anduril seront étroitement imbriquées. Côté logiciel, les appareils embarqueront Lattice, l’OS maison d’Anduril, conçu pour agréger et visualiser des données issues de milliers de sources (capteurs, véhicules, réseaux). Ce système repose sur Lattice Mesh, un moteur capable de gérer les priorités de transmission dans des environnements à faible bande passante, le tout via des connexions chiffrées.
Enfin, EagleEye bénéficiera de l’intelligence artificielle de Meta via les modèles Llama. Certains de ces modèles, notamment le Llama 3.2–1B, sont suffisamment légers pour tourner directement sur les appareils XR sans nécessiter une connexion à des serveurs distants.
Une stratégie de reconversion pour Meta ?
En s’associant à un acteur clé de la défense, Meta pourrait bien avoir trouvé un nouveau débouché stratégique pour sa technologie XR, jusqu’ici cantonnée au divertissement ou aux applications professionnelles confidentielles. En parallèle, cela lui permet de diversifier ses partenariats industriels, à un moment où son modèle économique fondé sur la publicité est de plus en plus challengé.
Ce virage militaire s’inscrit aussi dans une tendance plus large. Les grands noms de la tech explorent ou renforcent leurs relations avec le secteur de la défense, en quête de contrats publics, de financement et de légitimité dans les technologies critiques. Mais cette incursion dans un domaine aussi sensible que la sécurité et l’armée pourrait aussi soulever quelques controverses.