Précurseur des systèmes de stockage solaire avec le PowerStream, EcoFlow semblait avoir laissé le marché à Anker, Zendure et autres Sunology ces dernières années.
EcoFlow est de retour avec Stream, un système tout-en-un dédié au stockage solaire, avec une gamme complète, mais qui pose aussi question. Après plusieurs mois d'utilisation, il est l'heure du verdict, en toute impartialité !
C’est quoi une batterie solaire ?
Pour ceux qui découvrent ces système, une batterie solaire consiste tout simplement à stocker l’énergie de vos panneaux solaires pendant la journée (ou éventuellement d'acheter du courant en heures creuses)pour le restituer le soir quand on en a besoin -pour la cuisine, l'éclairage, le chauffe.
ampon entre production et consommation, car ces deux moments sont souvent décalés : on produit la journée, on consomme le soir, quand il n'y a plus de soleil.
La petite révolution, c’est que ces batteries se branchent dans une simple prise électrique, pas besoin d’électricien pour les installer. Pour ceux qui ne le savent pas encore, on peut injecter du courant dans sa maison via une simple prise électrique, que ce soit avec des panneaux solaire ou comme ici, une batterie.
Stream Pro, AC, Ultra et Ultra X
La gamme Stream d'EcoFlow ne se limite pas à un seul produit, mais propose toute une gamme de batteries avec des usages différents.
Les Stream Pro, AC, Ultra et Ultra X se ressemblent beaucoup, car le boitier est presque identique : monobloc, de couleur grise, bien fini... la seule chose qui change, ce sont les puissances d'entrée, la présence (ou non) d'entrées solaires ou encore la capacité.
En dehors de la Stream Ultra X (3,84 kWh), tous les autres embarquent 1,92kWh, soit la consommation d'un fer à repasser ou d'un gros aspirateur pendant 1H environ.
Les version AC se distinguent par l'absence d'entrées solaires alors que la Stream Proembarquent 1500W MPPT (soit 3 panneaux) contre 2000W MPPT (4 panneaux) pour la stream Ultra.
Quant aux sorties, ce sera entre 800 et 1200W pour tout le monde, et 2400W sur la prise intégrée au module -mais nous reviendrons plus bas sur ces puissances qui peuvent parfois poser problème.
Un look (trop) soigné
EcoFlow a donc fait le choix d’un design monobloc alors que la concurrence préfère empiler des modules.
Avec la Sunology Storey, nous avons là, sans conteste, l'un des plus beaux design du marché. Vous pouvez les placer en intérieur sans que cela choque voter belle-mère, Stream ressemble en fait à une grosse enceinte. Dommage en revanche, de ne rien pouvoir poser dessus, car le capot est légèrement bombé.
On s'étonne aussi que les matériaux -essentiellement du plastique dur- ne paraissent pas plus robustes, car l'ensemble est censé pouvoir être stocké en extérieur. Le matériau prend les rayures, et le noir a tendance à favoriser la surchauffe en été, malgré une ventilation interne.
La certification IP55 parait également légère, pour être placée face aux intempéries. Toutefois, nous les avons soumises à des pluies diluviennes du début de l'hiver, sans trop de souci, même si elles étaient placées sous les panneaux solaires. Jusque là, tout va bien !
Dernier point qui a son importance, si vous souhaitez augmenter la capacité, vous allez devoir sacrifier des mètres carrés : aucun module ne s'empile, il faut donc leur trouver une nouvelle place à chaque fois. C'est d'autant plus dommage que pour chaque nouvelle batterie, vous êtes obligés d'acheter un onduleur à chaque fois, alors qu'il aurait parfois suffit d'un accumulateur empilable, comme chez Zendure/Anker/Sunology.
Installation ultra-facile
L’installation est facile, la batterie est immédiatement reconnue par l’App EcoFlow en bluetooth.
Seul impératif, la batterie doit pouvoir capter le WiFi, même en extérieur, sans quoi elle ne pourra communiquer avec le reste du système ni le smartmeter (Shelly).
En parlant de compteur intelligent, c'est la seule pièce qui nécessite un peu de savoir-faire électrique : il faut rajouter ce module tiers au tableau électrique. Rien de bien sorcier : il faut l'alimenter (2 fils) et placer les pinces ampèremétriques sur chaque fil provenant du compteur. Si vous êtes en monophasé, il suffit de connecter la prise A.
EcoFlow propose son propre SmartMeter mais je vous conseille plutôt le Shelly : ce dernier est compatible bien au delà de la sphère EcoFlow, et c'est devenu un standard pour les bornes de recharge, les batteries, les onduleurs et même les système de pilotage de la domotique.
Une app simple et complète
Une fois le smartmeter installé et les batteries rajoutées à l'application, une vue générale de votre installation est proposée en temps réel.
Vous voyez donc ce que vous consommez, ce que vous produisez (solaire) et le niveau de stockage de la batterie, qui va se charger (surplus solaire) ou se décharger (le soir ou si la consommation est supérieure à la production).
A l'usage, tout ceci fonctionne bien et de façon automatisée. Cela permet de limiter l'injection dans le réseau tout en stockant le surplus d'énergie, si bien qu'en journée, ma consommation chez mon fournisseur d'électrique est quasi nulle.
L'app propose aussi des stats de consommation, d'injection et de production solaire. Elle vous affiche même votre niveau d’indépendance énergétique, mais ce dernier n'est pas forcément exact : il ne prend en effet en compte que les produits EcoFlow. Un appareil comme le Shelly ou l'EcoJoko prend en compte toute la maison dans ses calculs.
Une injection trop limitée
A l'heure où nous écrivons ces lignes, le système ne peut envoyer dans la maison que 800 à 1200W.
A moins de sélectionner Autre pays, qui accepte les 1200W, le reste des pays d'Europe oscille entre 600W et 900W maximum. Un talon de consommation (frigo, WiFi, VMC...) est généralement comblé par une telle puissance, car on parle ici de 100 à 600W. Si votre maison consomme plus de 1000W "au repos", il y a peut-être des appareils à contrôler, car ce n'est pas très normal, sauf si votre installation possède une pompe à chaleur ou du chauffage 100% électrique.
Mais le vrai problème concerne la puissance maximale : même si vous avez 2 ou 3 appareils Stream, l'injection sera toujours limitée à 1200W... en tout ! En clair, bien que chaque module puisse renvoyer 1200W de son côté, EcoFlow limite la chose artificiellement...
Le problème, c'est que si vous allumez un aspirateur ou un sèche-cheveux, cela consomme déjà 1500W, à rajouter aux 200 à 600W de talon de consommation. En clair, il arrive souvent que l'on doive acheter du courant sur le réseau alors que les batteries sont pleines -une aberration !
Chez Zendure, 2400W !
Chez Zendure ou Marstek, on peut injecter jusqu'à 2400/2500W, et chez Anker, ce sera 1200W à multiplier par le nombre d'onduleurs. En général, ces systèmes concurrents parviennent à combler la consommation de l'électro-ménager, à condition que ça ne dure pas trop longtemps.
Mais pourquoi EcoFlow est-il aussi précautionneux ? Car le constructeur souhaite limite le risque électrique. En effet, si vos 3 modules sont situés sur le même circuit, il y a un risque que le câblage chauffe sans que cela ne disjoncte. Certaines configurations peuvent même faire croire à votre disjoncteur que la puissance maximale n'est pas atteinte alors qu'une partie du câblage est suralimenté.
Mais en pratique, les chances d'accident sont minimes. Si l'on connait un peu le sujet, il est évident qu'il faut placer chaque module sur un circuit différent. Quant aux cas évoqués plus hauts, ils sont rarissimes, d'autant que le solaire ou même la consommation est rarement continue, sauf pour les voitures électriques ou les chauffages, mais ces dispositifs sont généralement déjà sur des circuits séparés.
La solution d'EcoFlow
EcoFlow a pensé son système pour que vous répartissiez chaque module près des appareils à forte consommation, et que vous branchiez ces derniers directement sur la batterie.
En effet, chaque module offre 2 à 3 prises de 2300W, de quoi faire tourner un aspirateur, un sèche-cheveux ou une machine à café. En pratique, je trouve cette puissance un peu faible, car un gros chauffage peut dépasser facilement les 2300W, et on ne peut pas non plus brancher 2 appareils gourmands (une bouilloire et une machine à café), alors que ces deux produits sont pourtant souvent à proximité.
Et puis il y a le problème de l'encombrement. De mon côté, je n'ai pas la place de stocker ces grosses batteries dans ma cuisine ou sous un meuble. Je ne peux pas non plus leur brancher mon chauffe-eau ou mes climatiseurs, qui ont déjà des circuits dédiés sur le compteur. Les pompes à chaleurs demandent d'ailleurs souvent plus de 2500W, ce qui ferait disjoncter les Stream.
Il reste quand-même quelques cas où ces dispositifs peuvent fonctionner : une pompe de piscine, un jacuzzi, un petit coin cuisine en extérieur... On peut même imaginer en mettre d'autres vers les ordinateurs et les box WiFi/TV... mais à la fin, il en faudrait plutôt 4 ou 5 dans une maison, ce qui commence à coûter cher.
Un mode-jour nuit... caché
En hiver, l'Europe est beaucoup moins ensoleillée, ce qui se traduit par un temps de charge plus faible en journée et une durée de décharge allongée en soirée et même le matin.
Du coup, pour rentabiliser ces batteries, je les utilise souvent pour stocker du courant en heures creuses et l'injecter ensuite en heures pleines. Là encore, regardez, ça fonctionne très bien, car j'arrive à ne rien consommer (ou presque) en journée, ce qui est bien pratique avec des abonnement HC/HP ou Tempo d'EDF par exemple.
Problème, EcoFlow ne propose pas explicitement de vrai mode TOU (jour/nuit), qui permettrait forcer la recharge en conservant le mode automatique. Vous avez simplement le choix entre 2 modes :
• Le mode intelligent, qui va fournir juste ce qu’il faut à la maison • Le mode semi-automatisé, qui va surveiller des prises connectée (Shelly X EcoFlow)
Il y a en fait un mode personnalisé, sur lequel on peut forcer la charge et la décharge, mais j'avais peur que l'on quitte alors le mode autonome en journée, qui traque le surplus solaire et la consommation.
En réalité, le système rebascule en mode automatique une fois les horaires de charges terminés. Ce n'est pas très intuitif mais ça marche. La batterie se recharge en solaire et injecte correctement en journée.
Est-ce rentable ?
C'est toujours la grande question dès qu'on parle de batteries solaires : est-ce vraiment intéressant financièrement ?
Proposée autour de 375€/kWh stocké, EcoFlow n'est clairement pas dans les meilleurs tarifs du marché, aujourd'hui autour de 200 à 250€/kWh stocké, comme chez Marstek ou sur le nouveau Zendure SolarFlow 800 Plus.
Malgré cela, avec 6000 cycles et 10 000 kWh (minimum) stockés durant toute la durée de vie de la batterie, un savant calcul donne environ 7,5 centimes par kWh stocké, soit toujours moins cher que le kWh du tarif bleu ou jour bleu tempo d'EDF. Dans certaines pays comme la Suisse, l'Allemagne ou la Belgique, le courant de nuit dépasse souvent les 20 centimes... Bref, si vous conserver la batterie jusqu'au bout, elle sera toujours rentable, plus ou moins rapidement.
La rentabilité dépend donc de vos capacités à produire, de votre localisation, des tarifs de votre contrat et de nombreux paramètres. De mon côté, j'ai divisé par 2 à 3 ma facture d'électricité, passant de 300/400€ en moyenne à 120/150€ maximum, voire même 50€ l'été, mais avec au moins 3kW de panneaux solaires à côté. Avec le fonctionnement jour/nuit en hiver, on peut même imaginer accélérer la rentabilité à quelques années seulement.
Bilan : pas pour tout le monde !
EcoFlow reste une marque que j'affectionne, car les produits sont bien finis, le logiciel est efficace, les mises à jour régulière et l'ensemble est généralement assez fiable.
J'aime aussi beaucoup la simplicité d'installation et d'utilisation : peu de menus, des configurations allégées, des visuels parlants... EcoFlow reste une marque grand public et très inspirée d'Apple dans les usages.
Malgré ces qualités, que l'on paie plus chères que la concurrence, ce système Stream cumule au moins 4 défauts majeires :
- Une conception par unités complètes, plus chère, et donc moins modulaire - Une puissance d’injection trop faible pour chaque unité - L’impossibilité de cumuler les injections avec plusieurs unités - Pas de système de recharge nocturne cumulable avec le fonctionnement normal
La bonne nouvelle, c'est que la moitié de ces problèmes peuvent être réglés de façon logicielle. Une simple mise à jour, et il devrait être possible d'augmenter la puissance et de cumuler ces dernières avec plusieurs modules. Le recharge nocturne est également envisageable assez facilement.
Outre le prix un peu élevés (mais ça dépendes promotions), le seul vrai problème concerne plutôt l'absence de modules de batteries. Si l'on veut faire évoluer son stockage, il faudra racheter un système entier... sans gain de puissance globale.
Finalement, EcoFlow Stream conviendra très bien à ceux qui ont déjà un écosystème de la marque (borne de charge, PaC, Smart Home Panel...) et qui n'ont pas besoin de grosses puissance d'injection (chauffage au gaz/bois, cuisine au gaz...). Pour les autres, un système Zendure ou un Anker Solix Solarbank sera bien plus adapté... et souvent moins cher !
Précurseur dans le stockage d'électricité solaire, EcoFlow est-elle enfin de retour, et de taille à concurrencer Anker et Zendure ? Avec un prix sensiblement plus élevé, une puissance de sortie limitée et quelques fonctions manquante (comme la recharge nocturne), difficile de marquer des points. L'installation facile et les interfaces bien pensées ne suffisent pas toujours à justifier le tarif, d'autant que l'absence de conception modulaire est assez étonnante pour faire grossir son système petit à petit sans devoir tout racheter. Si toutefois vous êtes déjà dans l'écosystème et que vos besoins en terme de puissance, d'encombrement et de stockage correspondent, le produit reste fiable et efficace.