En matière d'énergie, si Apple brille par son absence, les chinois eux, rivalisent d'ingéniosité pour venir stocker son électricité solaire dans des batteries de la meilleure façon. Leader du marché, Anker ne compte pas se faire doubler par Zendure et EcoFlow, ses principaux concurrents, avec la troisième version de ses batteries baptisée Solix Solarbank 3 Pro.
Entrées solaires à gogo, capacité des batteries en hausse, IA intégrée... A la fois plug&play et modulaire, le système Anker Solix Solarbank 3 Pro tient-il vraiment toutes ses promesses ? C'est ce que l'on va voir dans ce test complet !
Pourquoi stocker son énergie solaire ?
Si vous plongez dans le monde de l'énergie solaire, vous comprendrez vite qu'en installant quelques panneaux, il est souvent difficile de consommer toute l'électricité produite en journée : en général, c'est plutôt le soir que l'on allume son chauffage, ses plaques, son chauffe-eau... Bref, toute cette énergie récupérée du soleil n'a souvent que peu d'utilité au moment où elle est produite.
Au delà de 2 à 3 panneaux de 500W, il est donc nécessaire de stocker le courant, dans l'idée de pouvoir le restituer intelligemment le soir, plutôt que de tirer sur le réseau (et de payer du courant supplémentaire) une fois la nuit tombée. La batterie va donc faire tampon entre production et consommation, à la manière d'un réservoir qu'il faudra vider petit à petit.
Principale nouveauté de ces dernières année, ces batteries intelligentes vont enfin pouvoir se connecter à votre maison et savoir exactement combien cette dernière consomme, histoire de ne jamais gâcher un seul kilowattheure. Tout l'enjeu est donc de trouver une stratégie énergétique la plus rentable possible, ce qui n'est pas toujours évident.
Cette batterie est toujours connectée à votre réseau WiFi, au Smart Meter de votre tableau électrique (on y reviendra) et elle peut donc savoir ce que vous consommer/produisez en temps réel. Mais cette année, elle intègre deux grosses nouveautés :
• Elle peut faire entrer 3600W de courant solaire (8 panneaux) • Elle gère l'énergie avec une IA intégrée
Contrairement aux modèles précédents, l'idée est ici d'optimiser votre consommation énergétique sans se prendre la tête. Jusqu'à présent, c'était souvent à l'utilisateur de faire évoluer sa stratégie de stockage en fonction de la météo, des saisons ou de sa consommation à venir. Ici, l'IA est censé vous retirer cette charge... du moins en théorie.
Une batterie d'extérieur (mais pas que)
Contrairement aux Zendure Hyper qui se destinent plutôt à l'intérieur, les SolarBank sont de très bonnes batteries d'extérieur.
Nous avons pu valider les spécifications d'Anker en les plaçant à la fois dans des endroits très froids (comme Chamonix) ou très chauds, comme à Nîmes, dans le sud de la France : jamais un seul pack ne nous a encore lâché, y compris la première SolarBank.
Grâce à une conception robuste en métal et à un système de gestion thermique (chauffage et ventilation intégrés), les batteries peuvent donc résister à la fois aux intempéries, aux fortes chaleurs et même à la neige. Seul pré-requis : on évitera de les décharger à 0%, sous peine de les rendre totalement HS.
Des capacités en hausse
Principale nouveauté de la Solarbank 3 Pro, elle passe de 1,6 kWh à 2,68kWh ! C'est un gain de 1kWh avec le même form-factor, ce qui est assez rare sur le segment.
Toujours LFP (Lithium Fer Phosphate), le pack affiche 6000 cycles soit 10 ans à raison d'un cycle par jour environ. Evidemment, difficile de tester cet élément pourtant capital dans la durée de vie de la batterie, mais Anker a effectué une batterie de tests pour valider ces affirmations.
Mieux, les extensions ont aussi une capacité de 2,68kWh, ce qui permet de monter à 16 kWh dans un encombrement plutôt réduit et avec une modularité exemplaire : les PowerWall de Tesla (par exemple) sont des blocs de 14 kWh avec un gros onduleur, et donc, pas vraiment modulaires.
8 panneaux solaires !
La SolarBank 3 est une sorte de mixe entre la SolarBank 2 Pro et la SolarBank 2 AC que l'on a récemment testées.
A l'arrière, le nombre d'entrées solaires grimpe à 4 panneaux, que l'on peut encore dédoubler grâce à de petit câbles permettant de les placer en parallèle.
Attention toutefois, lorsque vous avez 2 panneaux sur la même entrée, ils doivent être équivalents en matière de voltage, le plus simple étant de prendre des modèles identiques, par sécurité.
Bref, on peut donc placer 8 panneaux de 450 W sur cette petite batterie, même si -comme on va le voir- cela impose quelques limitations en sortie.
La prise AC (que l'on branche sur la maison) est toujours bi-directionnelle et offre une puissance maximale de 1200W (dans les deux sens). La batterie peut donc à la fois injecter et se charger en courant alternatif, comme la version 2 AC.
Enfin, une prise de secours permet de faire sortir 1200W de courant en AC en cas de besoin, notamment s'il y a une coupure de courant. En revanche, si on ne peut l'utiliser pour brancher un aspirateur (pratique) ou n'importe quel appareil électrique, il n'est plus possible de faire entrer du courant, comme un onduleur ou un système Solarbank 1 ou 2 Pro par exemple.
Smart Meter, kesako ?
Outil indispensable pour que l'ensemble fonctionne, Anker vous fournit (en option) un Smart Meter, un petit appareil à venir brancher sur votre tableau électrique.
C'est en fait la seule partie pas totalement plug&play : il faut ouvrir son tableau, alimenter le boitier (2 fils) et placer les pinces ampèremétriques sur les 3 phases (ou une seule si vous êtes en monophasé). Rien de bien difficile, mais si vous n'êtes pas sûrs de vous, un électricien ne vous le factureras pas très cher.
Ce boitier va en fait envoyer à la batterie la consommation en temps réel de la maison ou sa surproduction éventuelle. C'est donc l'accessoire capital car c'est lui qui va permettre de savoir s'il faut injecter ou stocker l'énergie solaire à tout moment.
A noter qu'Anker prend désormais en charge le Shelly, ce smart meter de marque tierce bien connue, que beaucoup ont déjà installé. A choisir, je vous recommande de prendre un modèle Shelly Pro 3EM car il est également compatible avec quantité d'accessoires et pas seulement solaires, mais aussi avec d'autres systèmes de batteries (Zendure, EcoFlow...)
Trop d'entrées solaires ?
A la lecture des spécifications, vous vous demandez certainement quel est l'intérêt de faire entrer 3600W de panneaux solaires, si c'est pour n'en sortir que 1200W dans la maison... et vous avez en partie raison.
En fait, la plupart de ces batteries sont taillées pour le marché allemand, dont les restrictions en matière d'injection sont bien plus importantes qu'en France. Là bas, le plug&play ne peut renvoyer que 800W, peu importe le nombre de panneaux et uniquement sur un seul circuit.
Les allemands préfèrent donc minimiser les frais autour de l'onduleur, et maximiser le stockage. 16 kWh à 1200W permet de tenir une bonne demi-journée (13H) d'autonomie, ce qui n'est pas déconnant, à condition d'investir dans les batteries supplémentaires.
Durant nos tests, avec une ou deux extensions, ce n'est clairement pas suffisant pour passer la nuit. Pire que cela, les 3 batteries sont généralement pleines en début d'après-midi (et encore, on n'est pas encore en été !) et l'onduleur devient limitant, en bridant l'injection à 1200W alors qu'elle pourrait théoriquement dépasser les 2500/3000W. En général, je recommande d'avoir au moins 1,5 à 2 kWh de batterie par panneau solaire de 500W : si vous n'avez que 2 extensions, ne dépassez pas 5 à 6 panneaux.
A l'inverse, la batterie étant capable de se charger à la fois en AC et en DC, elle peut aussi absorber l'énergie d'autres panneaux solaires (situés sur le toit ou ailleurs dans le jardin, avec leurs propres onduleurs..). Il nous est ainsi arrivé à charger à 1200W côté AC (maison) et au moins autant côté solaire -pas mal ! En clair, si vous avez beaucoup de panneaux et déjà des onduleurs, mieux vaut ne pas tout brancher sur la batterie, même si vous avez une grosse capacité.
Une IA pour quoi faire ?
Pour l'instant, le système ressemble beaucoup à la version Solarbank 2 AC, la batterie peut se charger intelligemment en AC et en DC, bref, c'est du connu.
La Solarbank 3 Pro intègre pourtant une intelligence artificielle, censée vous enlever toute contraire de plan énergétique. Alors que je m'arrachais les cheveux avec ma Solarbank 1 pour essayer de moduler la puissance avec les horaires, les versions 2 ont apportait déjà la gestion du Smart Meter -pour n'injecter que l'énergie nécessaire. Avec la version AC, on pouvait même programmer une charge nocturne, histoire de profiter des heures creuses la nuit ou charger en AC le surplus d'autres panneaux, qui ont déjà leurs onduleurs propres.. Mais à force de rajouter des fonctions, on finit par être... un peu noyé.
Sur le papier, l'IA est donc censée prendre en compte à la fois vos habitudes de consommation, la météo, les prix de l'énergie... et de venir adapter la stratégie le plus intelligemment possible.
Par exemple, si demain il fait beau, la batterie va choisir de se vider au maximum la nuit car elle sait qu'elle se chargera le matin. A l'inverse, si le temps est pluvieux, elle aura plutôt tendance à se charger la nuit et se déverser en journée, pendant que le courant est plus cher.
Mieux encore, vous pouvez installer des prises connectées sur certains appareils et ne les déclencher qu'en cas de surplus solaire. Par exemple, le chauffe-eau, la pompe de la piscine, la voiture électrique... Tous ces appareils dont l'usage n'est pas rythmé à heures fixes peut donc profiter au maximum du surplus solaire en cas de besoin.
Et ça marche, l'IA ?
Pour le moment, les résultats sont assez mitigés, du moins en l'état du logiciel, qui mériterait encore de progresser.
Déjà, Anker ne connait pas nos fournisseurs d'énergie et nos contrats. Il faut donc entrer le prix de l'électricité à la main, le tout en fonction des heures et des week-end. Evidemment, Anker ne connait pas bien les jours fériés ni les systèmes comme Tempo d'EDF, avec les jours rouges répartis dans l'année.
Ensuite, malgré des journées bien pluvieuses, la charge nocturnes s'est rarement déclenchée. En fait, il ne suffit pas d'inscrire IA sur la boite pour que ça marche : le programme semble encore balbutiant et peine à prendre de vraies initiatives, du moins en l'état.
Finalement, j'ai fini par remettre une gestion semi-manuelle de l'énergie : en journée et la nuit, la batterie se cale sur le Smart Meter pour gérer l'injection et le stockage. Et jusqu'à l'été, je forçais la recharge nocturne, histoire de profiter des heures creuses. Je préfère ça à une IA que je ne contrôle pas vraiment et qui aura tendance, du moins pour l'instant, à se montrer bien trop conservatrice.
A noter que vous pouvez toujours basculer d'un mode à l'autre ou même choisir une gestion 100% manuelle, avec des horaires et des puissance. C'est vraiment bien qu'Anker laisse le choix, surtout tant que son IA n'est pas plus efficace.
Quelle rentabilité ?
Il y a quelques années encore, la rentabilité des batteries dites de maison était bien loin du compte.
Depuis l'arrivée des batteries LFP, et surtout, des récentes baisses de prix, la donne a changé, y compris en France où le kWh est parmi les moins chers d'Europe. Mais est-ce vraiment rentable pour autant ?
Déjà, la question des panneaux solaires ne se pose plus : à moins de 100€ les 500€, ne pas s'équiper en 2025 d'une petite installation de 2-3 panneaux est presque injustifiable, surtout si vous avez de la place.
Pour ce qui est des batteries, cela dépend encore de plusieurs paramètres. Déjà, il faut avoir du courant à stocker : l'énergie solaire est par définition gratuite, encore faut-il la produire en quantité. Un panneau de 450/500W bien exposé peut arriver à produire entre 1,5 et 2,5 kWh par jour en moyenne. Inutile d'acheter trop de batteries si vous n'arrivez pas à les faire cycler.
La rentabilité sera d'autant plus rapide que votre capacité à la faire cycler sera grande. Petit exemple avec mon installation de 5,3 kWh : avec un cycle par jour, c'est un gain potentiel de 380€/an, en imaginant avoir de l'énergie solaire gratuite pour l'alimenter. Si vous la chargez de nuit, pour la décharger en heures pleines, le gain pour être de 5 à 10cts par kWh stocké, soit entre 20 et 40€ par an, mais il peut aussi grimper à 60 centimes dans le cas des 20 jours tempo rouge, bref, c'est toujours ça de pris. Selon Anker, en maximisant le stockage (16 kWh) et la production (3600W MPPT), l'économie peut grimper à plus de 800€ par an, mais leur calcul est discutable car il y a de nombreuses variables qui entrent en jeu (localisation, variation du prix du courant, divers abonnements, météo...)
Enfin, il faut calculer le prix du kWh stocké. Par exemple, pour une batterie de 2,6 kWh comme avec l'Anker Solix Solarbank 3 Pro vendue 1799€ (hors promo), avec 6000 cycles (soit entre 12 000 et 15 000 kWh), le kWh stocké oscillera entre 11 et 14 centimes, ce qui reste plus intéressant que le tarif plein (20/21 centimes en 2025 en France) mais pas très avantageux face au tarif de nuit (autour de 16 centimes). Dans d'autres pays (Belgique, Allemagne, Suisse...) avec un kWh entre 35 et 45 centimes, la rentabilisé est bien plus rapide et évidente.
A noter qu'Anker brade souvent ses produits, ce qui permet de largement réduire le prix du kWh stocké. On précisera aussi que les batteries d'extensions sont moins chères, ce qui fait encore baisser les coûts. Par exemple, pour la Solarbank 3, le prix à la précommande est de 1 385 € (prix de base : 1 799 €)
Bilan : Anker ou Zendure ?
Avec le système Solix Solarbank 3 Pro, Anker poursuit intelligemment le développement de ses solutions de stockage solaire.
Cette nouvelle batterie connectée propose à la fois un grand nombre d'entrées solaires mais aussi une puissance de sortie intéressante (1200W) tout en offrant une grande souplesse en matière de stockage et d'évolutivité.
Pour le marché français, il aurait été utile de proposer un système de cluster (comme ZenLink de Zendure) permettant de faire fonctionner plusieurs Solarbank en parallèle, afin d'augmenter la puissance de sortie. De ce point de vue, Zendure se montre plus performant pour combler les appareils électro-ménagers qui consomment entre 2000 et 4000W (four, chauffe-eau, sèche-cheveux...). Mais Anker nous a promis la possibilité de brancher 4 solarbanks en parallèle (bientôt), soit une capacité maximale de 64.5 kWh et une puissance de sortie de 4.8 kW, avec du MPPT de 14.4 kW !
Autre grief, si le stockage est insuffisant, la batterie sera rapidement pleine et l'énergie solaires sera limitée 1200W, avec le risque de perdre du courant dans l'équation. Il est étonnant que pour la France, on ne puisse pas dépasser un peu les 1200W, un câblage électrique pouvant largement encaisser 8 à 10A sur un même circuit.
Enfin, en matière de stratégie énergétique, Anker propose ce qui se fait de mieux sur le marché, avec une gestion de la charge nocturne couplée à une décharge intelligente en journée grâce à son smart-meter (chez Zendure, il faut encore choisir l'une de ces deux stratégie en fonction de la saison).
A l'inverse, l'IA intégrée ne nous a pas vraiment convaincus... pour l'instant. Au fil des mises à jour et du temps, il est possible que le constructeur revoit sa copie, comme il l'a toujours fait avec les systèmes précédents.
On saluera d'ailleurs la rétro-compatibilité des batteries d'extension, très appréciable, même si la mise en réseau de différentes générations de système Solix n'est toujours pas possible.
Le système Anker Solix Solarbank 3 Pro permet de stocker intelligemment son énergie solaire, avec une grande puissance d'entrée solaire (3600W) et de sortie (1200W), en limitant les pertes dans le réseau grâce à la gestion du Smart Meter. Très modulaire, le système est évolutif et hautement configurable. L'AI intégrée, encore peu convaincante, mériterait d'être améliorée, notamment en prenant en charge les abonnements français. On aurait aussi aimé pouvoir combiner plusieurs Solarbank pour augmenter la puissance totale d'injection.
