Une étude mondiale met en lumière la confusion croissante entre création humaine et production algorithmique. C'est en effet ce que révèle une étude inédite menée par Ipsos pour Deezer, publiée le 12 novembre 2025.
Réalisée auprès de 9 000 personnes dans huit pays — dont la France, les États-Unis, l’Allemagne et le Japon —, elle montre que 97 % des participants n’ont pas su faire la différence entre un titre créé par une IA et un morceau authentiquement humain.
Un public désorienté face à la machine créative
Les résultats sont vertigineux et montrent la montée en puissance de la musique générative, alors que près de 34 % des titres livrés chaque jour à Deezer seraient désormais entièrement produits par des systèmes d’intelligence artificielle.
Lors du test, les participants devaient écouter trois extraits et déterminer lesquels étaient générés par IA. En pratique, seuls 3 % ont su repérer les morceaux IA. La majorité des sondés (71 %) se disent surpris par ce constat, et plus de la moitié (52 %) expriment un malaise face à leur incapacité à distinguer la création humaine de celle des algorithmes.
Malgré cette confusion, la curiosité domine : 66 % des utilisateurs de plateformes de streaming affirment qu’ils écouteraient de la musique 100 % IA par curiosité, mais 45 % souhaiteraient pouvoir filtrer ces contenus, tandis que 40 % passeraient au morceau suivant s’ils en reconnaissaient un.
Des attentes fortes en matière de transparence et d’éthique
L’étude souligne une demande massive de transparence : 80 % des répondants estiment que les morceaux entièrement générés par IA devraient être clairement identifiés. Plus de 70 % des sondés s’inquiètent également de l’impact économique et moral de ces productions sur les artistes, considérant qu’il est inacceptable d’utiliser des œuvres protégées pour entraîner les modèles d’IA sans autorisation.
Selon Alexis Lanternier, CEO de Deezer, les gens veulent savoir s’ils écoutent un morceau créé par un humain ou par une machine. Nos efforts pour la transparence bénéficient d’un large soutien.
Deezer, pionnier en la matière, a mis en place un outil de détection et d’étiquetage automatique des morceaux 100 % IA, désormais utilisé par Billboard pour ses classements. Ces titres sont retirés des recommandations algorithmiques et des playlists éditoriales afin de ne pas diluer la rémunération des artistes humains.
ET la suite ?
Cette étude intervient dans un contexte de forte tension entre innovation et création. D’après la CISAC et PMP Strategy, près de 25 % des revenus des créateurs pourraient disparaître d’ici 2028, soit une perte estimée à 4 milliards d’euros. Entre fascination technologique et inquiétude culturelle, l’intelligence artificielle s’impose désormais comme un enjeu existentiel pour l’industrie musicale.
