Le passage de l’iPad Pro M4 à la puce M5 n’a pas ému grand monde cette année et pour cause, personne n’a réellement besoin de tout ce surplus de puissance sur une simple tablette.
En réalité, la révolution de l’iPad Pro est plutôt à chercher… du côté du logiciel ! Depuis la sortie d’iPadOS 26, j’ai enfin réussi à travailler sur l’iPad en mobilité ! Assez pour remplacer définitivement mon MacBook Pro ? Réponse dans ce test aux allures de retour d’expérience !
Une puce M5 plus rapide dans les jeux
Le passage de la puce M4 à M5 constitue pratiquement la seule nouveauté de l'iPad Pro cette année.
Faute de ventilation active et histoire de préserver l'autonomie, la puce M5 de l'iPad est un peu plus lente par rapport à celle que l'on a comparée en long et en large à la puce M4 dans notre test du MacBook Pro M5. Cependant, les progrès sur la partie CPU restent néanmoins très honnêtes, autour de 12-13% en multi-coeurs, ce qui reste un excellent score d'une génération à l'autre.
Mais c'est surtout en matière de GPU que le M5 se démarque du M4, avec +45% de performances en plus dans le test SolarBay de 3DMark, une référence en la matière et qui reflète assez bien les gains à attendre dans les jeux à venir. L'ajout d'un moteur physique plus performant sur le ray-tracing devrait également bénéficier aux futures productions, toujours plus exigeantes.
Point intéressant, nous n'avons pas noté de surchauffe particulière face au M4, la température du boitier en activité tourne autour de 32°C sur les deux tablettes.
RAM et SSD : toujours bon à prendre !
Faute de vraies nouveautés, Apple en profite cette année pour booster un peu la RAM, avec une bande passante plus généreuse (+30%) mais c'est surtout la quantité de mémoire qui nous intéresse !
Sur les modèles de base, les iPad Pro ont enfin 12Go de RAM contre 15Go sur le haut de gamme (là, ça ne bouge pas) -une segmentation qui se fait avec... la taille du SSD. Ne cherchez pas le rapport, il n'y en a pas, c'est purement marketing, histoire de vous pousser à prendre les modèles les plus chers !
Cette année, l'écart de RAM est donc minime, ce qui permet de faire tourner de petits modèles d'IA en local quelque soit la configuration. Le surplus de RAM permet aussi de ne pas avoir à relancer des apps gourmandes (ProCreate, Final Cut Pro, les jeux...) quand on veut simplement regarder un mail ou naviguer dans Safari avec une vingtaine d'onglets ouverts....
En parlant de SSD, la vitesse de lecture/écriture a été doublée cette année, ce qui ne se ressentira que rarement en pratique -mais c'est toujours bon à prendre, car le SSD est ponctuellement utilisé pour stocker de la RAM et un surplus de vitesse offre toujours une meilleure réactivité dans le lancement des apps ou l'ouverture de gros projets.
Pour conclure sur les performances générales de la tablette, il faut bien comprendre que ces améliorations, aussi importantes soient-elles sur le papier, sont quasi invisibles en pratique : très peu de logiciels exploitent réellement les capacités d'une simple puce M1... alors imaginez un M5 ! Peut-être qu'à l'avenir, ce sera enfin le cas, mais vu l'état des logiciels et des jeux de 2025, rien ne sert pour l'heure de changer d'iPad Pro pour des critères de performances, sauf à utiliser encore un modèle réellement ancien.
Du faux WiFi 7 et un modem maison
Comme pour les iPhone depuis 2 ans, le WiFi 7 d'Apple est une vase blague, que très peu de pseudo-testeurs se risquent à dénoncer.
Pourtant, Apple n'hésite pas à évoquer le passage à cette nouvelle norme comme offrant de meilleures performances... ce qui est totalement faux ! Les débits restent autour de 1,5 à 1,8Gbps... comme le WiFi 6E présent sur les modèles précédents -la faute à une implémentation qui rate le coche du MLO et du canal des 320Mhz, qui aurait dû être rendu obligatoire pour obtenir la certification. Sur une tablette à l'usage ultra-mobile, c'est un vrai regret !
On précisera qu'Apple utilise aussi pour la première fois une puce C1X pour la partie modem 5G, une puce a priori plus économe en énergie (-50%), mais difficile à vérifier dans l'absolu. On reparlera justement de l'autonomie à la fin de ce test. Dommage que la 5G ne soit pas incluse d'office dans ces tablettes, car l'option est vraiment trop chère.
Remplacer le Mac par l'iPad, quelle idée !
Je fais partie de ces (pas si) vieux routiers du Mac qui n'ont jamais vraiment adopté l'iPad, non pas car ce n'est pas un bon produit, mais car il apparait pour "nous" comme une sorte d'ordinateur castré et peu efficace, destiné à quelques usages de niches (illustration, VRP).
Puisqu'il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis, j'ai décidé malgré tout d'investir dans un iPad Pro M4 l'an dernier, un appareil qui me semblait plus adapté à mes nombreux déplacements. Plus léger, plus compact, et plus pratique que mon MacBook Pro 16", j'ai donc tenté de prendre le risque de partir sans ma machine, parfois plusieurs jours d'affilée.
Le constat se révéla finalement peu glorieux. Certes, l'iPad est plus adapté aux tablettes d'avion et de train, il pèse aussi moins lourd dans mon sac, mais malgré le meilleure volonté du monde, impossible pour moi de rester productif, y compris pour écrire un petit article sur Mac4Ever : de simples opérations comme un glisser/déposer, de la retouche d'image, ou faire cohabiter 3 applications côte à côte étaient devenues un parcours du combattant !
La vraie nouveautés de l'iPad Pro M5 : iPadOS 26 !
Avec iPadOS 26, tout a changé ! Installé depuis la première beta sur mon iPad Pro M4, ce système a redonné une seconde jeunesse à la tablette, devenue tout à coup plus productive !
Le système de fenêtrage, avec superposition libre, redimensionnement sans magnétisme et un comportement proche de macOS, offre enfin un peu d'air frais à un OS qui devenait de plus en plus frustrant à l'usage. Je ne vais pas vous refaire un test de ce système, puisqu'une vidéo et un article ont été publiés il y a quelques semaines seulement.
Malgré tous ces progrès au niveau des fenêtres, j'avoue perdre encore du temps. Déjà, car les bordures, les boutons et toutes les segmentations sont encore assez grossiers pour un usage à la souris, la faute à une interface qui doit fonctionner aussi bien avec le curseur qu'avec le doigt.
Je perds aussi du temps car Apple a décidé de masquer trop facilement le dock, la barre des menus ou mêmes les boutons tricolores pour fermer/redimensionner les fenêtres, ce qui rend les manipulations poussives. Je suis content de retrouver ces fonctions, mais peut-être que leur comportement devrait varier en fonction de l'usage (tactile ou trackpad). Je dois souvent m'y reprendre à trois fois pour simplement déplacer une fenêtre... car je ne sais jamais où la saisir !
Autre exemple casse-pied : lorsqu'on connecte l'iPad à un écran externe, la barre des menus reste plantée en plein milieu de l'écran, ce qui n'a aucun sens -elle va s'étirer sur les deux côtés en fonction du nombre de menus. On sent que les développeurs ont manqué d'idées pour l'instant.
Cela dit, avec un peu d'habitude, on finit par faire sa petite cuisine et au bout de quelques semaines, j'ai finalement l'impression d'avoir devant moi une sorte de Mac en version simplifiée -certains diront simplistes, mais ce n'est pas seulement ça. Le fait de se limiter à quelques apps à l'écran ou à réduire les interruptions (dock, barre des menus..) permet aussi de mieux se concentrer sur la tâche en cours. Parfois, lorsque j'écris un article sur l'iPad, j'ai l'impression d'être plus concentré, et donc, plus efficace.
Néanmoins, j'ai deux conseils à vous donner pour remplacer au mieux votre Mac, du moins, ponctuellement. Le premier consiste a prendre un iPad Pro de 13", une surface qui me parait le minimum syndical pour ne pas se sentir trop à l'étroit avec 2 ou 3 applications ouvertes côte à côte.
Ensuite, l'option Plus d'espace des réglages d'affichage est indispensable pour afficher au moins 3 apps (X, Safari et des notes par exemple) sans devoir passer son temps à jongler avec le CMD-TAB pour passer de l'une à l'autre. Tout ceci reste moins confortable qu'avec une dalle de 16", mais on peut s'en sortir pour quelques heures sans problème.
Par rapport à l'an dernier, ma productivité a ainsi grimpé en flèche depuis cet été, et je prends beaucoup plus de plaisir à utiliser l'iPad en mobilité. Ce n'est pas encore parfait (on va en parler), mais je retrouve enfin mes habitudes de travail, sans devoir tout réapprendre.
Où sont les fonctions "Pro" ?
Malgré toutes les qualités d'iPadOS 26, un constat se dresse rapidement devant moi : l'iPad Pro manque de fonctions réellement Pro.
Déjà, côté hardware : pourquoi diable ne pas rajouter 1 ou 2 ports à la tablette, ne serait-ce que pour la charger sur secteur tout en ayant une souris ou un SSD déjà branché ? Seul le clavier d'Apple propose cette fonctionnalité (mais à quel prix !) et je n'ai pas envie d'aller encore rajouter un dock USB C à l'iPad, qui reste un appareil ultra-mobile.
Comme beaucoup de musiciens amateurs, je peste aussi devant l'absence de prise jack, mais aussi devant l'impossibilité de faire entrer une interface type Focusrite ou M-Audio sans un dock externe pour y brancher un casque, un chargeur ou un SSD. Même pour GarageBand, je trouve que le Mac est beaucoup plus pratique !
Sur le plan logiciel, il y a aussi de gros manques. J'ai par exemple beaucoup de mal avec l'application Fichiers qui tente de mimer le Finder, mais n'en propose pas la quart des fonctions. Impossible de glisser rapidement une image sur le bureau (il n'y a pas de bureau !) ou même de connaitre l'espace disque restant d'un support interne ou externe... La taille des dossiers n'est pas non plus visible ! Ce ne sont que des points de détail, mais ils illustrent bien que des fonctions pourtant disponibles depuis des décennies sur Mac n'ont toujours pas été portées sur l'iPad.
Mais le plus gros problème vient des applications elles-mêmes, qu'elles soient développées par Apple ou par des tiers : elles ne sont tout simplement pas au niveau. Outlook, Excel, Pages, Logic, Photoshop... à part quelques exceptions (comme Resolve), les compromis sont nombreux ! Nous n'avons toujours qu'une partie des fonctionnalités, et rarement les plus avancées -il n'y a toujours pas de macro sur Excel, car Apple interdit l'exécution de code sur la tablette.
Autre exemple : Final Cut Pro sur iPad ne sait toujours pas travailler avec Final Cut Pro sur Mac ! Essayez d'ouvrir un projet depuis un SSD externe, il ne le reconnait toujours pas comme tel ! Je ne parle même pas des plug-ins ou des add-ons, il faut carrément oublier. Certaines apps sont même interdites d'iPadOS, comme xCode et toutes les apps de compilation. J'adore utiliser Excel, mais il faut bien s'y résoudre, sans les macros et toutes les fonctions de calcul, de mise en page et de graphiques, il ne sert vraiment qu'en dépannage.
D'ailleurs, on se demande pourquoi Apple ne permet toujours pas d'installer les apps macOS sur iPadOS, alors que le contraire est possible -après tout, rien ne différencie vraiment un iPad Pro d'un MacBook Air sur le plan technique. Etant ingénieur logiciel de formation, je sais bien que tous les frameworks de macOS ne peuvent pas débouler comme ça sur iPadOS, mais je ne vois pas comment Apple peut s'en sortir sans en intégrer une partie à sa tablette. Reste la solution des apps universelles, mais les rares exemples qui sont sur le marché ne sont pas très convaincants pour l'instant.
Des exclusivités propres à l'iPad Pro
A l'inverse, l'iPad propose quantité de petites fonctions bien utiles, que l'on ne retrouve pas sur le Mac !
Par exemple, l'intégration de la 5G permet d'être connecté H24 à internet, alors que le Mac nécessite un partage de connexion. Et sur ce point, l'iPad retrouve plus rapidement l'iPhone que le Mac, si bien que même sans forfait cellulaire, j'ai rarement de soucis de déconnexions depuis la tablette.
L'écran OLED avec sa double-dalle en tandem est aussi réservée à l'iPad Pro. Ce moniteur offre des niveau de contrastes, de luminosité et une qualité d'image inédite pour la photo et la vidéo. J'adore importer mes rush sur l'iPad, traiter quelques photos ou même regarder des séries sur AppleTV+ avec la tablette, qui propose une qualité bien supérieure à celle d'un MacBook Air (LED), et dans une certaine mesure, d'un gros MacBook Pro (mini-LED).
Pour mon test, j'ai même opté pour un écran mat, une option facturée par Apple et qui permet effectivement d'avoir moins de reflets en mobilité. Lorsqu'on travaille près d'une fenêtre ou en extérieur, c'est très efficace, merci à Apple d'avoir enfin proposé l'option !
A l'inverse, dès qu'on manipule des photos ou des vidéos, la perte de détails, de contraste, bref en qualité d'affichage, ne justifie pas l'absence de réfraction malgré tout. Le procédé de micro-rayures qui permet d'obtenir ce revêtement "mat "détruit en quelque sort le verre protecteur, pourtant chèrement payé.. Même avec mon activité très rédactionnelle, je ne paierait pas Apple pour abimer ma belle dalle OLED, croyez-moi !
En parlant d'écran, celui de l'iPad est utilisable avec les doigts, contrairement à celui du Mac -même si les rumeurs évoquent un Mac tactile l'an prochain. L'air de rien, on s'habitue vite à zoomer sur une image, une carte ou n'importe quel document avec les doigts...
Les étudiants apprécient aussi de pouvoir rapidement faire un schéma à main levée ou avec le stylet, ou encore de pouvoir prendre des notes manuscrites ponctuellement. Détacher rapidement l'écran et écrire dessus comme sur une feuille de papier ne reste pour le moment possible que sur l'iPad Pro.
Evidemment, tous les graphistes, illustrateurs et même ceux qui retouchent leurs photos, n'auront pas d'équivalent à l'iPad, sauf à devoir investir dans de coûteuses tablettes Wacom... qui exigent un Mac à côté (il faut sinon opter pour une version PC autonome). Dans les transports, la tablette est devenue un véritable carnet à croquis mobile, même si la finalisation se fait encore souvent sur l'ordinateur.
Autre atout de l'iPad, vous allez pouvoir prendre des photos rapidement, scanner des documents, réaliser des modèles 3D de pièces entières avec le LIDAR... De nombreux professionnels, comme les architectes par exemple, ne peuvent plus s’en passer sur les chantiers ! Couplée à la 5G, cette fonction justifie à elle seule de nombreux usages modernes, très hybrides.
Pas si mobile, l'iPad Pro !
Vous l'avez compris, l'iPad est devenu mon compagnon privilégié mes déplacements professionnels, remplaçant alors totalement mon Mac la moitié du temps. Oui, vous avez bien lu, l'iPad Pro a bel et bien remplacé mon Mac... sous conditions !
Je laisse souvent le MacBook Pro à la maison ou au bureau, sauf si je dois faire du montage, du code ou des activités qui ne sont pas encore possibles sur la tablette. Cela m'oblige à jongler avec le Cloud et à anticiper ce que je dois faire dans la journée. Avec le Mac, je n'avais pas tellement ce problème, mais son poids me rappelait souvent qu'il était surfait pour mes activités mobiles.
Or je suis aussi arrivé à un paradoxe bien ennuyeux : si vous n'avez pas du tout l'usage tactile de l'iPad (prise de note, retouche au stylet, photo, 5G....), le format du MacBook Air 13" est finalement assez comparable en terme d'encombrement. Pire que cela, avec un clavier Apple, l'iPad Pro est au moins aussi lourd (et bien plus cher) que notre petit MacBook Air. Il convient donc de bien étudier ses besoins avant de choisir....
Enfin, l'autonomie de l'iPad Pro n'a jamais été extraordinaire, et ça ne s'arrange pas avec les derniers modèles. L'iPad Pro M5 a tenu à peine 4-5H dans le TGV, avec seulement Notes, Slack, X et Outlook de lancé... pas de quoi impressionner mon MacBook Pro sur ce plan.
Autre déception, la charge est très longue, 1H30 pour passer de 0 à 100%, alors qu'on est souvent loin d'une prise électrique lorsqu'on l'utilise en mobilité. Certaines fiches USB C ne sont pas toujours assez puissantes pour charger la batterie quand vous l'utilisez de façon intensive -dans les voitures ou les avions notamment. Sans parler de la position du port, à droite uniquement si vous utilisez le clavier Apple, ce qui impose d'avoir la prise USB du même côté....
Quelle configuration choisir ?
Quel iPad Pro choisir ? A dire vrai, même pour mon usage, un modèle M1 me semble encore tout à fait suffisant, aucune de mes apps ne justifie vraiment le passage au M5.
Même les jeux les plus gourmands tournent parfaitement sur le M1... seules les apps exigeant beaucoup de RAM (comme les IA locales) pourront réellement justifier de passer sur un M4 ou un M5.
Je suis d'ailleurs ravi qu'Apple fournisse enfin 12Go de RAM de base, sans vous forcer la main à choisir un gros SSD. Le modèle de 256Go peut même suffire si vous utilisez beaucoup le Cloud, sauf à installer de gros jeux ou à décharger de grandes quantité de photos.
Mais finalement, vous l'avez compris, cette version M5 n'a vraiment rien d'indispensable et déçoit même sur de nombreux plans (charge rapide, WiFi 7, connectique...). Acheter un iPad Pro M1 ou M2 permet aussi de libérer un peu de budget, et de se faire plaisir sur les accessoires, comme les stylets, le clavier Apple ou les SSD externes... Pensez-y au moment d'appeler votre banquier !
Quelles applications nécessitent réellement une puce M5 et 12 à 15Go de RAM pour tourner sur l'iPad Pro ? En dehors de quelques IA locales et quelques applications de niche, rien ne justifie réellement de migrer sur ce modèle, surdimensionné pour 99,99% des usages possibles. Même le très utile WiFi 7 déçoit une nouvelle fois chez Apple, qui n'offre pas les performances attendues. La révolution sera plutôt logicielle cette année, avec un excellent iPadOS 26, qui nous rappelle que les iPad Pro M1, M2, voire M4, seront bien suffisants pour la plupart des acheteurs.