Le MacBook Pro 14“ passe à la puce M5 sans attendre les M5 Pro et M5 Max, et même avant le MacBook Air M5, de quoi créer la confusion chez les futurs acheteurs.
Mais comment se positionne vraiment cette machine ? Vaut-elle le coup ? A qui d’adresse-t-elle ? Ne faut-il pas attendre le MacBook Air M5 ?Réponse après une semaine de tests !
Un MacBook Air « Pro » ?
Beaucoup s’étaient moqués qu’Apple laisse au catalogue cette machine dont le processeur a plutôt vocation à se retrouver dans des modèles d’entrée de gamme -comme le MacBook Air. Il faut dire qu’à l’époque, outre la ventilation, ni l’écran, ni les équipements se distinguaient suffisamment l'un de l'autre pour justifier un tel achat.
Désormais, le MacBook Pro M5 a tout d’un pro :
• Son écran mini-LED ultra-lumineux (1600 nits en pic, 1000 nits en extérieur) offre de quoi regarder des contenus HDR dans les meilleurs conditions. Il permet aussi de travailler ses photos et vidéos, avec une qualité d’image, et un contraste inégalé en dehors de l’OLED. Enfin, l’arrivée du 120Hz lui avait offert un atout supplémentaire face au Air, qui reste encore et toujours avec un écran LED 60Hz un peu vieillot.
• La connectivité est bien meilleure sur le Pro : 3 ports Thunderbolt (contre 2), un lecteur SD (tellement pratique !), une sortie HDMI (pour les vidéo-projecteurs sans adaptateur) et toujours d’excellents micros/caméras. Cette machine est tout simplement plus polyvalente pour les professionnels et s’intègre mieux dans des workflow compliqués, et des postes de travail riches en SSD, Dock et écrans externes.
• Enfin, la ventilation permet à la puce de moins chauffer et de conserver ses performances. On le verra plus bas, ce n’est pas forcément toujours le cas, mais face au MacBook Air souvent à la peine pendant l’été ou durant de longs traitements, ce petit MacBook Pro reste vigoureux en toute situation.
Performances CPU : la petite claque !
A l’époque d’Intel, gagner 5% par an était déjà une prouesse, alors forcément, les +15% annoncés par Apple cette année, démontre que le firme en a encore sous la pédale, malgré une gravure toujours bloquée à 3nm.
Grâce à une fréquence en hausse (+200MHz) et une bande passante mémoire plus importante de 30% (153Gbps vs 120Gbps sur le M4), la puce est plus rapide avec toujours le même nombre de coeurs (4 rapides, 6 efficients)
Dans GeekBench, le contrat est respecté, avec ~15% en mono-coeur, mais +23% en multi-coeurs ! Sur une seule génération, c’est du jamais vu !
Dans CineBench en revanche, on est un peu en dessous des promesses d’Apple, avec 10 à 12%. Ce bench est toujours plus réaliste, car il ne pondère pas plusieurs résultats : c’est un calcul d’image unique, même s’il est partagé sur tous les coeurs.
Dans notre test sous Logic, logiciel de référence dans la création musicale, les besoins en puissance brute sont énormes, surtout avec nos pistes en 24bits/92 Khz et un un gros buffer de 512K, sans parler des effets… Bref, on obtient ici +16% face au M4, soit une vingtaine de pistes supplémentaires. C’est exactement la promesse d'Apple !
Mais le plus impressionnant consiste à comparer avec les anciennes générations. Par exemple, le M1 Max se fait dépasser dans GeekBench et CineBench, il faut dire que son nombre de coeurs est identique, mais la puce paie ses 4 générations de retard, ainsi qu'une architecture un peu trop mobile -pas assez de coeurs performants.
En 4 ans, on a quasi doublé les performances du M1, ce qui reste une vraie prouesse. Avec cette petite machine, vous pouvez produire quasiment tous les albums du marché qui sortent actuellement !
GPU : plus rapide, mais est-ce suffisant ?
C’est en fait sur la partie graphique qu’Apple se montre la plus optimiste, avec +45% sur le GPGPU et +30% dans les jeux -ces derniers monopolisent souvent CPU et GPU en parallèle, et la puce doit souvent arbitrer pour ne pas que tout ce petit monde ne surchauffe trop vite.
Effectivement, on obtient des scores assez élevés, +35% dans GeekBench Metal, +26% dans LuxMark (GPGPU), ce qui est encore une fois impressionnant sur une seule génération.
Dans les jeux, la série TotalWar affiche entre +12 et +18%, ce qui est là encore très correct, bien qu’un peu en dessous de ce qui était annoncé -alors même qu’il s’agit de titres natifs.
Sur la série des Tomb Raider, dont la partie CPU est émulée (x86), le gain est bizarrement bien plus impressionnant, avec +42 et +63% suivant les titres ! Reste que le nombre de FPS est un peu ridicule pour un titre aussi âgé, lancé en 1080p et détails en medium.
Dans le très populaire Cyberpunk (arrivé très récemment sur Mac), on note d’ailleurs des performances bien en deçà des M4 Pro, c’est deux à trois fois plus lent !
En revanche, le nouveau moteur hardware lié au Ray-Tracing (une technique qui permet de simuler parfaitement le fonctionnement de la lumière), la perte de FPS n’est que de 30%, contre 60% sur le M4 Pro.
Maigre consolation toutefois, car même face à un vieux M1 Max, on n’y est pas encore : sur des titres récents comme Assassin's Creed Shadow ou Cyberpunk, le compteur de FPS ne dépasse pas les 30 voire 35 images par seconde en Medium 1080p… Pas de quoi jouer dans de très bonnes conditions, sauf à sacrifier drastiquement la qualité d’image.
On se consolera encore en se disant que le Mac offre les mêmes performances branché et débranché, ce qui n’est que rarement le cas sur PC. Mais pour tout vous dire, je n’achèterai jamais une telle machine pour jouer ou faire de la 3D temps réel, comme du développement de jeu ! Elle n’est même pas au niveau d’un vieux PC d’entée de gamme âgé de 10 ans !
Montage vidéo en progrès !
La vidéo étant de plus en plus présente sur le web, utiliser ce MacBook Pro pour de petits montages n’a rien de saugrenu.
Final Cut Pro tourne plutôt bien et offre même des gains intéressants entre +13 et +27% sur les effets de contrastes et de flou que je teste habituellement.
Mais le plus intéressant concerne les exports, avec une progression de +23%. Le M5 embarquant 2 à 4 fois moins de Media Engine que les versions Max/Ultra, il reste plus lent que les anciennes puce Max/ultra. Cela dit, avec l’augmentation de leur efficacité, notre petit M5 est loin d’être ridicule.
Dans DaVinci Resolve, sur un effet de débruitement (denoise) qui utilise beaucoup le GPU, le gain n’est que de 15%, ce qui rapproche notre M5 d’une puce M2 Pro. Pas si mal avec seulement 10 coeurs GPU contre 16 pour son aïeul ! Mais là encore, pour du montage pur, le M1 Max restera nettement meilleur, malgré ses 4 ans d’ancienneté.
En matière de vidéo, le M5 permet donc tout à fait de travailler sur des projets vidéos en 4K, mais il montre aussi rapidement ses limites sur les temps d'export et les traitements longs (RAW, Multicam, effets....). Autant s’orienter vers un Mac d’occasion avec une puce Max ou Pro, ce qui permettra de choisir une configuration avec un gros SSD et plus de RAM, le tout pour beaucoup moins cher.
Ça chauffe !
Cela fait plusieurs années qu’Apple est bloquée autour de 3nm, une finesse de gravure qui l’oblige à quelques compromis.
Pour gagner en performances, il faut logiquement faire monter les fréquences. Le M5 gagne ainsi 200Mhz face au M4, ce qui a pour conséquence de le faire chauffer un peu plus vite.
Avec notre sonde thermique, on a ainsi enregistré des températures culminant à 54 degrés au niveau des ventilateurs et plus de 46 degrés sur le clavier ! C’est bien plus chaud que le M4 et cela se ressent aussi sur la ventilation.
En effet, avec un seul ventilateur seulement (contre deux auparavant), celui-ci atteint vite son maximum et génère un bruit très audible pendant les opérations gourmandes, comme un jeu, un export vidéo, un calcul 3D ou l’utilisation de l’IA.
Intelligence Artificielle
Si Apple est clairement à la traîne en matière d’IA, ce n’est vraiment pas le cas de ses machines portable, qui font aujourd'hui figure de référence !
Cette année, une partie du Neural Engine a même migré vers le GPU, avec un moteur par coeur GPU. Apple promet ainsi des gains qui peuvent faire la culbute (x4) sur certaines opérations locales.
Bizarrement, dans GeekBench AI, les progrès sont plus timides, +11, +18 et +17% suivant les tests proposés. C’est bien, mais loin des promesses d’Apple !
Ce n’est pas beaucoup mieux avec mon tests de l’IA chinoise DeepSeek R1, qui affiche 23 token/s, soit 50% plus rapide que le M4, une belle montée en puissance, mais encore loin d’un simple M4 Pro
Pour obtenir les chiffres d’Apple, il faut utiliser des apps plus spécifiques avec de petits modèles comme Qwen Image ou Draw Things. Sur cette app de génération d’images en local, le M5 fait mieux que… le M4 Pro !
Seul hic, les 16Go de RAM embarquées sont déjà un peu justes car même les petits modèles pèsent à eux seules parfois plusieurs Go, de quoi saturer rapidement la mémoire avec seulement 2-3 programmes utilisant de l’IA locale.
Alors qu’Apple a mis des années à passer de 8 à 16Go de base, ne serait-il pas déjà temps de fournir 24 voire 32Go, surtout à ce tarif ? Ou a minima, baisser les prix délirants pour augmenter la capacité au moment de l’achat.
SSD : la bonne et la mauvaise nouvelle
Dans son communiqué de presse, Apple s’est gargarisée d’avoir doublé les débits, passant ainsi de 3-4 à 6-7Go/s, ce qui est effectivement le cas :
En réalité, la firme a surtout adopté le PCIe 5, une norme bienvenue mais déjà largement diffusée sur PC. En clair, ces débits sont très bons mais pas du tout inédits et même en dessous de ce qu’on obtenait il y a quelques années avec des machines plus haut de gamme.
En fait, le MacBook Pro M5 de base offre 2 puces de 256Go, ce qui limite un peu le débit malgré tout. Pourquoi ne pas passer à 1To en standard, car durant nos tests, nous n’avions jamais assez d’espace pour installer tous nos logiciels et jeux en même temps.
On saluera d’ailleurs le passage de 2 à 4To maximum, un petit cadeau qui va quand-même doubler le prix de la machine. Il faudrait être fou pour choisir cette option, car pour le prix, on peut se payer une bien meilleure machine d’occasion.
Apple prétexte une future loi européenne pour supprimer le chargeur du MacBook Pro normalement inclus dans la boite. Quelqu’en soit l’interprétation, cette décision est ridicule : personne n’a de chargeurs de 100W partout dans la maison ! Ils sont souvent liés à un Mac ou à un appareil gourmand en énergie.
L’Europe à bon dos, mais Apple en profite surtout pour faire des économies. D’ailleurs, si vous voulez rajouter le chargeur officiel, il faudra non seulement augmenter la RAM ou le SSD (!), mais vous n’aurez qu’un modèle de 70W au lieu des 100W nécessaire pour de la recharge rapide et optimale.
A ce propos, pour la charge rapide (50% en 30mn), le Mac demandera 90W constants, soit 100W minimum du côté du chargeur. J’ai mesuré environ 1H30 pour une charge complète, des chiffres assez médiocres -charger une voiture électrique est désormais plus rapide que de charger son Mac !
Finalement, cette décision n’est pas si mal pour l’utilisateur, qui trouvera dans le commerce des modèles meilleurs et moins chers. UGreen par exemple, propose des chargeurs multi-ports, compacts et bien plus légers que ceux d’Apple, à des tarifs tout aussi intéressants :
Pas de WiFi 7 ?!
En attendant la puce N1 d’Apple sur les Mac, le M5 n’embarque donc pas de contrôleur WiFi 7, une décision incompréhensible en 2025, d’autant que l’iPad Pro M5… en est pourtant équipé.
Du coup, les débits sont toujours limités à 1,5Gbps, ce qui n’a rien de dramatique au quotidien, mais la concurrence parvient à dépasser les 4 à 5Gbps en WiFi7, à des tarifs souvent bien plus abordables.
Nos regrets sont toutefois assez mesurés, car même avec la puce N1 (compatible WiFi 7), Apple n’a pas fait l’effort d’implémenter l’intégralité de la norme, notamment le canal des 320Mhz qui permet de doubler les débits sur chaque bande de fréquence. En clair, le gain aurait été très modeste, voire nul sur la partie débit.
Pour un Mac censé durer entre 5 et 10 ans, c’est vraiment un crève coeur, d’autant que le WiFi est très utilisé sur les portables, notamment pour l’échange de fichier local (AirDrop) ou les accès au Cloud.
Pas de Thunderbolt 5 non plus !
L’autre (mauvaise) surprise provient du Thunderbolt, bloqué en version 4.
Là encore, rien de rédhibitoire pour un usage même avancé, les périphériques Thunderbolt 5 sont encore rares et le gain en débit est mesuré. Reste que nos SSD compatibles (comme ce modèle de LaCie) seront effectivement bridés à 3Go/s contre environ 5-6Go/s avec du vrai Thunderbolt 5.
Sur une machine vendue entre 1800 et 4000€ suivant les configurations, cette décision est incompréhensible. On pourrait l'envisager sur un MacBook Air, mais ici, il est probable que Tim Cook cherche une fois encore à segmenter la gamme Pro, et à pousser les utilisateurs à s’orienter vers un futur M5 Pro/Max plutôt que de garder son budget pour de la RAM et du SSD.
Autonomie décevante ?
Avec une batterie bloquée à 72,4W, une finesse de gravure inchangée, une puce plus rapide et une machine qui surchauffe rapidement, il faudra m’expliquer comment Apple peut réellement afficher 24H d’autonomie sur le M4 comme le M5 !
Même si les tests de la Pomme sont souvient biaisés -l’écran est à moitié éteint et la firme n’utilise probablement que très peu d’apps à la fois- les valeurs affichées sur le site frisent vraiment le ridicule.
Dans nos tests réalisés écran à 100% et avec une seule application majeure de lancée, nous perdons environ 1H, que ce soit en usage web ou en lecture vidéo. Du coup, on se rapproche des autonomies du MacBook Air, bien plus léger mais aussi bien moins durable sans chargeur.
On précisera que tenir entre 6 et 7H reste une excellente performance, surtout face au monde PC/Intel. Si vous faite de l’IA, du jeu ou du montage, vous pouvez d’ailleurs diviser ce chiffre par deux sur notre MacBook Pro.
Pour conclure
Avec pour unique changement, le passage à la puce M5, ce MacBook Pro 14“ est-il toujours aussi attrayant ?
A l’usage, la machine n’a que peu de défaut. Plutôt compacte, elle est très à l’aise sur les tablettes de train et d’avion, sans pour autant sacrifier la puissance de calcul, comme on a pu le voir. Les finitions sont toujours d’un excellent niveau et la connectique plutôt complète.
Au chapitre des lamentations, on regrettera évidemment l’absence de WiFi 7, et de Thunderbolt 5, mais ce n’est pas forcément rédhibitoire. En revanche, l’autonomie en baisse et la surchauffe sont déjà plus gênantes, la puce M6 (sans doute gravée à 2nm) devrait toutefois corriger la plupart de ces problématiques, inhérentes à l’augmentation des performances.
A qui se destine cette machine ?
Il est donc temps de répondre à notre question initiale : à qui se destine vraiment ce MacBook Pro 14“ M5 ?
Ceux qui envisagent un MacBook Pro pour un usage 3D (Unity etc.), du montage ou même d’IA seront un peu trop limités ici. Avec un budget contenu, mieux vaut opter dans ce cas pour un M2 Max, M3 Pro ou même M4 Pro bien plus performant.
Ici, la cible concerne plutôt ceux qui ont besoin d’une machine complète mais avec de petits besoins GPU. Typiquement, pour de la musique, de le programmation (hors jeux), du graphisme 2D (Photoshop, Canva, Lightroom, Photomator…) Bref, tous ceux qui chez le MacBook Air est un peu trop léger, notamment lorsqu’il s’agit de lui envoyer ponctuellement de gros traitements. Avec assez de RAM, faire tourner de petits modèles d’IA est également bienvenu, mais vous serez vite limité par la puissance brute de la machine.
Quelle configuration choisir ?
Par défaut, Apple n’offre que 16Go de RAM et 512Go de SSD, le minimum syndical pour travailler correctement en 2025.
Alors que la plupart des PC sont livrés avec 1To, Apple reste pingre dans ses choix par défauts, et carrément déconnectée du marché pour la moindre mise à jour. Passer à 1To/24Go -ce qui nous parait la meilleure configuration- ramène le prix à 2300€, soit le tarif du segment supérieur.
Si vous avez le malheur de simplement exiger 4To de stockage (250€ sur Amazon à performances équivalentes), vous doublez le prix de base ! Ça commence à faire cher pour un Mac avec une « simple » puce M5.
Faut-il craquer attendre le MacBook Air M5 ou craquer pour le MacBook Pro M5 ? Avec un écran Mini-LED très lumineux, le ProMotion et une connectique plus complète, le MacBook Pro est bien plus adapté aux métiers de l'image et de la création, sans toutefois arriver au niveau des puces M4 Pro/Max toujours plus performantes. La puce M5 se montre toutefois très puissante cette année, avec une belle progression, notamment en 3D et en IA. On regrettera l'absence de WiFi 7 et de Thunderbolt 5, mais surtout la perte d'autonomie d'environ 1H. Lisez bien le test avant de vous décider !