Comme on pouvait le pressentir, le président des États-Unis n'apprécie pas du tout la pirouette d'Apple de délocaliser ses chaines de production en Inde et pas à la maison. Il ravive donc les tensions commerciales avec l’industrie, en ciblant frontalement la firme californienne. Dans un message publié sur TruthSocial, il l’a menacée d’une nouvelle taxe de 25 % sur les iPhone, si elle ne rapatrie pas sa production sur le sol américain.
Une réaction directe au virage indien
Cette sortie présidentielle intervient peu après l’annonce par Tim Cook que la majorité des iPhone destinés au marché américain seraient bientôt produits en Inde. Cette décision stratégique -prise comme un moyen de réduire la dépendance à la Chine dans un contexte géopolitique instable- n’a manifestement pas été bien accueillie à la Maison-Blanche.
Lors de son déplacement au Qatar, le président a même déclaré avoir eu un petit problème avec Tim Cook à ce sujet, critiquant vertement le choix d’Apple de construire partout en Inde. Et aujourd'hui, il n'est vraiment pas content du tout et sort son arme favorite : la sanction financière !
Il y a longtemps que j'ai informé Tim Cook (Apple) que je m’attendais à ce que les iPhone qui seront vendus aux États-Unis soient fabriqués aux États-Unis, et non en Inde ou ailleurs. Si cela n'était pas le cas, une taxe d’au moins 25 % devra être payée. Je vous remercie de votre attention sur cette question !
Une menace aux lourdes implications économiques
Si l'on se réfère aux chiffres, Apple prévoit de produire en Inde plus de 60 millions d’iPhone par an destinés au marché américain d’ici fin 2026. Le principal fournisseur, Foxconn, a déjà investi 1,5 milliard de dollars pour agrandir ses capacités de production, notamment une usine de modules d’affichage près de Chennai.
Mais une taxe de 25 % sur les produits importés pourrait bouleverser cette stratégie, en forçant Apple à réévaluer ses coûts, sa logistique et sa compétitivité prix. L’annonce de Trump a d’ailleurs immédiatement eu un effet : l’action Apple a chuté de 3 % dans les échanges pré-marché vendredi.
Mais en pratique, est-ce seulement possible ?
Pour Apple, répondre à l’exigence présidentielle serait un véritable casse-tête industriel. Le groupe s’appuie sur un réseau de sous-traitants et de fournisseurs asiatiques ultra-optimisé, avec des décennies d’expertise et de logistique intégrée. Comme on a pu le voir, tous les composants sont quasiment produits par des sites voisins et la cadence est millimétrée.
Une relocalisation aux États-Unis nécessiterait des investissements massifs en infrastructure, une formation de main-d’œuvre spécifique et plusieurs années de transition. Selon les analystes de Wedbush Securities, une telle délocalisation ferait exploser le coût de fabrication : Produire un iPhone aux États-Unis pourrait faire grimper le prix unitaire à environ 3 500 dollars, et nécessiterait entre 5 à 10 ans pour être mis en place.
En d’autres termes, la demande de Trump semble techniquement et économiquement irréaliste à court ou moyen terme. Apple est face à un dilemme stratégique majeur : poursuivre sa délocalisation pour garantir sa rentabilité (évaluer l'impact de la taxe de 25%...) ou céder à une pression politique qui pourrait redessiner profondément son modèle industriel. Mais dans ce cas, comment va-t-elle faire en pratique pour avoir des lignes opérationnelles au plus tôt ? Dans les deux scénarios, elle aurait le choix entre augmenter le prix de vente de l'iPhone aux USA ou -pire pour nous- lisser le coût de production au niveau mondial.