L’écosystème des start-up françaises vit un véritable retournement de cycle. Selon le dernier baromètre de Scalex Invest, les faillites de start-up continuent de grimper, avec un record atteint en 2024, une année qui s’annonce bien sombre pour la French Tech.
D’après l’étude menée sur un panel de 1 487 start-up françaises (fondées après 2005 et ayant levé plus de 5 millions d’euros, il s'agit des fameuses post-série A), le constat est sans appel. L'étude montre soixante-quatre défaillances enregistrées en 2024 (contre quarante-trois en 2023). Avec parmi elles, on découvre vingt-huit faillites déclarées, vingt-neuf procédures collectives en cours et sept rachats dans le cadre d’une procédure collective.
C’est un véritable tsunami qui frappe les start-up. Contrairement aux idées reçues ou aux stéréotypes, ce sont les plus matures qui sont les plus touchées, et non les jeunes pousses qui sont souvent perçues comme vulnérables.
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En effet, l'étude de Scalex Invest révèle un point surprenant : les start-up les plus âgées sont les plus exposées, soit celles ayant entre six à huit ans. Mais elles sont suivies de près par celles de neuf à onze ans, puis celles ayant plus de douze ans d’existence.
Pourquoi les start-up matures sont-elles autant impactées ? Beaucoup d’entre elles ont brûlé du cash pour soutenir une croissance rapide, mais sans parvenir à atteindre la rentabilité. L’ère des levées de fonds à répétition semble bel et bien révolue, et le refinancement devient un parcours du combattant
Autre signal alarmant : pour la première fois depuis des années, le solde net des start-up françaises devient négatif. Il y a désormais plus de faillites que de nouvelles créations. Cela s’explique par une chute drastique des levées de fonds depuis 2022. Moins d’argent frais, plus de difficultés à lever — une double peine qui pousse de nombreuses jeunes entreprises dans le mur.
Les start-up post-2020 résistent mieux
Fait notable : les start-up lancées après 2020 affichent des taux de défaillance plus faibles. En effet, ces petits nouveaux ont changé de stratégie : moins d’obsession pour l’hypercroissance à tout prix, un focus accru sur la rentabilité dès les premiers stades de développement, et surtout, une approche plus prudente dans un contexte où l’accès au capital est devenu plus complexe.
Ces jeunes pousses sont mieux préparées à évoluer dans un environnement économique tendu. Enfin, l’étude rappelle un point crucial : lever des millions ne protège pas des faillites. La plupart des entreprises en difficulté avaient levé des fonds dans les trois années précédentes, mais elles étaient incapables de transformer ces capitaux en croissance durable et surtout à sécuriser un nouveau tour de table pour continuer à avancer.