Face à l'explosion de la musique IA, le patron d'Universal Music France, Olivier Nusse, demande une hausse des prix des abonnements streaming. Il plaide pour des offres "super premium" plus chères afin de mieux rémunérer les "vrais" artistes et de lutter contre ce qu'il qualifie de "fléau".
Pourquoi l'IA est devenue un "fléau" pour le streaming
Si vous avez l'impression que les plateformes de streaming sont inondées de morceaux étranges ou de mauvaise qualité, vous n'avez pas tort. Le problème principal est la dilution des revenus. Les plateformes comme Spotify ou Deezer répartissent une enveloppe globale au prorata des écoutes. L'arrivée massive de millions de titres générés par IA, qui captent une partie de ces écoutes (parfois via des bots), signifie qu'il reste mathématiquement moins d'argent pour les artistes humains.
Les chiffres cités par Olivier Nusse sont parlants. En janvier, Deezer estimait que 10 % des nouveaux morceaux livrés chaque jour étaient générés par IA. En avril, ce chiffre grimpait déjà à 18 %.
La solution : des abonnements "super premium" plus chers
Face à cette situation, l'industrie musicale, Universal en tête, propose une double stratégie. D'une part, encourager les plateformes à adopter un modèle de rémunération "centré sur l'artiste" (artist-centric), comme Deezer a commencé à le faire.
L'idée est de mieux valoriser les écoutes actives et intentionnelles, au détriment des écoutes de fond ou frauduleuses. D'autre part, et c'est le point le plus sensible pour le consommateur, Olivier Nusse appelle à la création d'offres "super premium". Ces abonnements, plus chers, donneraient accès à des services exclusifs : une qualité audio supérieure, des contenus inédits et, surtout, la garantie d'un catalogue "nettoyé" de la pollution de l'IA.
Une guerre contre l'IA... mais pas toute l'IA
Il ne s'agit pas d'une déclaration de guerre totale contre l'intelligence artificielle. Olivier Nusse fait une distinction subtile : l'IA peut être un excellent outil au service de la création, une sorte d'assistant pour les artistes.
La véritable bataille, déjà engagée sur le plan juridique contre des start-ups comme Suno et Udio, vise les plateformes qui génèrent de la musique en masse et qui, selon les majors, ont entraîné leurs algorithmes en "pillant" des œuvres protégées par le droit d'auteur, sans autorisation ni rémunération.
On en dit quoi ?
Ne nous faisons pas avoir. Si la lutte contre la pollution de l'IA est un combat légitime pour la survie des artistes, c'est aussi le prétexte rêvé pour l'industrie musicale afin d'atteindre un objectif bien plus ancien : augmenter le revenu moyen par utilisateur.
Cela fait des années que les majors estiment que les abonnements streaming ne sont pas assez chers comparés à Netflix. L'IA leur fournit l'argument parfait pour segmenter le marché et introduire des offres "premium" plus lucratives. La manœuvre est habile, mais elle arrive juste après de récentes hausses de prix chez Spotify qui ont déjà agacé les abonnés. Vous par exemple, vous seriez prêts à payer plus cher pour un streaming garanti "sans IA" ?