La plateforme française Deezer devient la première au monde à étiqueter les morceaux entièrement créés par intelligence artificielle. Cette initiative inédite pourrait marquer un tournant dans l’encadrement de la musique générée par IA.
Deezer passe à l’action face à la montée de l’intelligence artificielle musicale
Alors que les débats s’intensifient autour du rôle de l’intelligence artificielle dans la création artistique, Deezer prend une longueur d’avance. La plateforme vient d’annoncer la mise en place d’un étiquetage spécifique pour les titres générés entièrement par IA, une première dans l’industrie. Cette mesure entend ainsi offrir plus de transparence aux utilisateurs et amorcer un encadrement plus large de cette pratique émergente.
Depuis plusieurs mois, les plateformes de streaming sont confrontées à une explosion de titres générés par IA, parfois publiés par des producteurs anonymes ou des collectifs exploitant des modèles d’intelligence artificielle pour créer de la musique à la chaîne. Certains morceaux vont jusqu’à imiter la voix d’artistes populaires, à la manière de deepfakes vocaux. Ce phénomène a d'ailleurs provoqué la colère de nombreuses maisons de disques et d’artistes.
En mai 2023, Deezer avait déjà évoqué son intention de détecter et filtrer ces contenus, dans le but de protéger l’intégrité du catalogue musical et préserver les droits des créateurs. La plateforme avait notamment collaboré avec Universal Music pour lutter contre les faux morceaux imitant les voix d’artistes sous contrat. L’étiquetage annoncé cette semaine représente donc une première concrétisation de cette stratégie.
Un difficile encadrement
Deezer ne parle pas de bannissement, mais défend une certaine forme de coexistence dans un cadre clair. Les morceaux en question resteront accessibles sur la plateforme, mais accompagnés d’une mention explicite. Ce système pourrait également alimenter de futurs filtres ou préférences utilisateur, permettant à chacun de choisir s’il souhaite ou non écouter ce type de contenus.
En devenant le premier acteur du streaming à signaler les musiques générées par IA, Deezer pourrait bien ouvrir la voie à d’autres. À l’heure où Spotify, Apple Music et YouTube Music restent discrets sur ce sujet, cette décision marque un tournant potentiel dans la régulation des contenus audio à l’ère de l’intelligence artificielle.
Mais il est possible que d'autres steamers ne suivent pas cette direction -ou peut-être pas tout de suite. Dans tous les cas, il reste pour le moment une autre exception française.
