Une étude Deezer et Ipsos révèle que la quasi-totalité des auditeurs ne fait plus la différence entre une musique créée par des humains et une musique entièrement générée par intelligence artificielle. Un constat qui soulève des questions assez violentes sur l'avenir de l'industrie musicale.
Un test à l'aveugle sans appel
L'étude, menée du 6 au 10 octobre 2025 auprès de 9 000 personnes dans huit pays, proposait aux participants d'écouter trois morceaux et d'identifier lesquels étaient générés par IA. Résultat : 97% des répondants ont échoué. Plus de la moitié (52%) se sont déclarés mal à l'aise face à cette incapacité à faire la différence. Ce chiffre illustre la progression fulgurante des outils de génération musicale comme Suno ou Udio, dont les productions atteignent désormais un niveau de qualité qui trompe l'oreille humaine.
Un déluge de contenus IA sur les plateformes
Deezer reçoit aujourd'hui plus de 50 000 morceaux entièrement générés par IA chaque jour, soit 34% des livraisons quotidiennes totales. En janvier 2025, ce chiffre n'était que de 10 000. La plateforme française est d'ailleurs la première à étiqueter explicitement ces contenus depuis juin dernier. Elle a également pris des mesures pour limiter leur impact : exclusion des recommandations algorithmiques, retrait des playlists éditoriales. Autre problème : jusqu'à 70% des écoutes sur ces morceaux IA seraient frauduleuses, ce qui pousse Deezer à les exclure du calcul des royalties.
Les auditeurs réclament de la transparence
Malgré une certaine curiosité (66% des utilisateurs écouteraient au moins une fois de la musique IA), les attentes en matière de transparence sont claires. 80% des répondants estiment que les contenus IA devraient être clairement identifiés, un chiffre qui monte à 87% en France. Plus de la moitié (52%) pensent que ces morceaux ne devraient pas figurer dans les classements aux côtés des créations humaines. Côté éthique, 73% jugent qu'il n'est pas acceptable pour les entreprises d'IA d'utiliser des œuvres protégées sans autorisation des artistes originaux. Et 69% estiment que les rémunérations pour la musique IA devraient être inférieures à celles versées aux artistes humains.
On en dit quoi ?
C'est quand même vertigineux de constater que nos oreilles ne font plus la différence. La technologie a progressé à une vitesse que personne n'avait vraiment anticipée. Force est de constater que Deezer prend les devants en étiquetant ces contenus, alors que Spotify et Apple Music non. Par contre, on peut se demander si les mesures actuelles suffiront face à un déluge de 50 000 morceaux par jour. L'industrie musicale va devoir s'adapter, et vite. À quand un label 100% humain sur les albums, comme on met bio sur les tomates ?