Essai Tesla Model Y 2025 : toujours la référence ?

Après notre découverte en statique du nouveau Tesla Model Y 2025, la marque nous a permis d'en prendre le volant pendant une journée complète, de quoi faire une premier bilan des nouveautés de cette version.



Malgré d'excellentes ventes ces derniers années (plus de 3 millions d'exemplaires écoulés), le roi des SUV électrique est-il toujours la référence ? La concurrence peut-être vraiment l'inquiéter ? Réponse dans cet essai !

Facelift réussi ou trop commun ?

La presse (et les fans de la marque) ont plutôt bien accueilli ce nouveau design, très cybertruck/cyberbcab à l'avant, et assez original à l'arrière avec cette réflexion du bandeau de LED sur la carrosserie.

Malgré cela et contre toute attente, le SUV est passé assez inaperçu dans Paris ou même les petites villages normands que nous avons traversés, et ce n'est pas faute d'avoir roulé au pas pour réaliser nos plans de coupe. Aucune question des passants, très peu de regards intéressés... c'en était presque vexant !

Peut-être est-ce lié à cette couleur grise Quicksilver, qui a effectivement tendance à écraser un peu les optiques, là où le blanc apporte plus de contrastes, notamment avec la poupe rétro-éclairée. D'autre part, comme le faisait remarquer Max dans la vidéo, la bande de LED devient une constante sur de nombreux SUV et ce n'est plus aussi orignal qu'il y a quelques années.

De profil, le Y ne change pas d'un pouce, avec ses poignées intégrées, et ses larges portes. La voiture gagne tout de même 4cm de long, alors que les dimensions étaient déjà bien généreuses pour nos villes européennes. Elle perd aussi un demi-centimètre de garde au sol (167mm), qui n'était déjà pas bien généreuse. La largeur est sans doute la dimensions la plus problématique dans les parking, avec 2m13, surtout vu le rayon de braquage de camion.

Vraiment plus confortable ? Pas si vite...

La question du confort est récurrente chez Tesla, dont les suspensions ont la difficile réputation d'être un peu tape-cul, particulièrement sur le Model Y.

La marque a beaucoup communiqué sur les changements opérés sur l'arrière, avec un décalage des ressorts et un amortissement plus doux. Si l'on ne peut nier la progression, elle reste à la marge, surtout quand vous comparez ce modèle avec des Peugeot 3008, Renault Scenic et autres XPeng G6 beaucoup plus typés confort : notre Y, certes monté en jantes de 20", laisse transparaître chaque aspérité du bitume, chaque plaque d'égout... A l'inverse, le SUV de Tesla reste de loin le plus sportif, avec très peu de roulis en virage et d'excellentes liaisons au sol, ce qui n'est pas pour nous déplaire... mais ce ne sera pas l'avis de tout le monde.

Finalement, les gains se font surtout à l'intérieur, entre ces nouvelles assises très confortables et l'isolation phonique, grâce au double vitrage et au verre feuilleté présent y compris sur le toit panoramique (de série). L'ambiance est très feutrée en ville et sur autoroute, ce sont surtout les bruits de roulement qui sont font sentir, mais sans doute liés aux pneumatique (Michelin Pilot Sport).

N'oublions pas qu'une meilleure isolation phonique rend les voyages bien plus doux, permet de parler moins fort et d'éviter de monter le son de la sono -par ailleurs d'excellente facture sur ce modèle, qui embarque 16 haut-parleurs (9 sur la version de base).

Une caméra avant à optimiser !

Contrairement à la Model 3 restylée, le Model Y propose enfin une caméra sur la calandre, en partie basse, censée améliorer le placement de la voiture.

Elle se montre en effet très utile pour se garer en avant (et éviter de râper la jupe), ou pour le mode sentinelle qui avait quelques angles morts à l'avant. La voiture distingue les bordures de trottoir bien plus distinctement qu'avant et c'est une très bonne chose.

Avec un rayon de braquage toujours très élevé, cette caméra peut même vous éviter de prendre un muret ou de manger un mur de parking à petite vitesse. Le Model Y n'est pas très pratique en ville et dans les sous-terrains, dommage que Tesla ne bloque jamais les freins lorsqu'on est à deux doigts de toucher

Pour autant, l'absence de capteur reste problématique dans certains cas. Par exemple, si vous rajoutez un objet fixe devant la voiture stationnée, elle ne le verra pas en repartant -dommage. Pas de fonction vue à 360° non plus, bien utile pour se caler dans une place de parking. Enfin, on aurait pu espérer que la caméra permettrait de se rapprocher des véhicules qui vous précèdent dans les bouchons, mais la distance maximale reste bloquée à 2 comme depuis la disparition des capteurs.

Le retour du comodo

Parmi les nouveautés, il y a donc ce fameux volant qui regroupe bon nombre de boutons : phares, essuie-glaces, caméra ou encore autopilot... Tout comme Apple, Tesla a tendance à complexifier ses produits avec le temps, alors que la simplicité fonctionnait pourtant très bien.

A l'usage, le retour du clignotant sur comodo est vraiment pratique, je ne me suis jamais vraiment fait à son retrait avec la Model 3 et cela évite surtout les oublis ou les problèmes quand vous prêtez la voiture.

A l'inverse, faire un appel de phare, nettoyer le pare-brise ou activer la conduite semi-autonome réclame souvent de quitter les yeux de la route. Pourquoi ne pas avoir conservé le comodo précédent ? Le nouveau semble avoir été rajouté à la hâte et sa course est d'ailleurs assez courte, ce qui le rend un peu rigide, mais je pinaille. J'aime malgré tout beaucoup ce volant, qui est plus agréable en main et dont la finition est en nette hausse.

L'absence de comodo à droite ne m'a pas trop gêné. L'enclenchement des vitesses via l'écran est assez rapide et la fonction de sélection automatique (D ou R) est généralement assez efficace. Seul hic, les petites manoeuvres (créneaux etc.) nécessitent de regarder souvent l'écran, on ne gagne donc rien en ergonomie, l'économie est surtout pour Tesla.

Enfin un écran pour les enfants !

En attendant la version 7 places, j'ai pu me glisser à la seconde rangée du Model Y sur une longue portion de ville et d'autoroute.

L'assise est vraiment confortable, surtout avec la banquette inclinée (éclectriquement), sauf sur le place centrale dont l'accoudoir relevé est assez désagréable sur le dossier. Dommage, car l'espace est très habitable, avec une bonne garde au toit, pas de tunnel central et une assise plate sur les trois places, parfaite pour y placer un siège bébé ou un réhausseur.

L'écran de 8", bien que placé un peu bas, devrait occuper bon nombre d'enfants durant les longs trajets, grâce à YouTube, Netflix et même des jeux. Vous pouvez aussi y brancher un casque bluetooth pour diffuser le son sans inonder le reste des passagers de cris de Peppa Pig... du bonheur. J'ai même pu y brancher mes Ray-Ban meta !

On pourra juste regretter que les prises USB C (65W tout de même !) soient placés au milieu et non sur les portières. J'aurais aussi aimé des tablettes sur les sièges pour travailler. Mais ne soyons pas trop râleurs, car aucun SUV concurrent ne propose un tel écran à l'arrière, à ce niveau de gamme.

Bonne conso, recharge moyenne

Sur la partie électrique, peu d'évolution, c'était attendu, la batterie et la plateforme restent identique au Model Y précédent.

Du coup, pour notre version Grande Autonomie et sa batterie d'environ 75 kWh net, comptez 30mn pour un 10-80 sur les SuperChargers (v3 et V4) ou les bornes de 300KW. Mais durant notre essai, un 18-68% nous aura pris 40mn, pour seulement 40kWh... Pourtant, il n'y avait personne et la voiture a bel et bien grimpé à 210 kW (250 en pic autour de 10%). C'est rare, mais ça arrive !

Pas de charge en 20/25mn, donc, sauf pour le modèle propulsion doté d'une batterie LFP 60kWh, utilisant la technologie BYD Blade, et qui est assez rapide à charger. En revanche, ce modèle est moins performant en hiver, avec de grosses baisses d'autonomie et de vitesse de charge.

Tesla compense cette vitesse de charge assez moyenne en 2025 par d'excellentes consommations, en baisse d'environ 5 à 10%. Durant notre trajet de 300 km, nous avons en effet enregistré une conso autour de 18-19kWh/100km, sachant que le parcours était essentiellement autoroutier et que la température est passée de 8 à 15 degrés dans la journée.

Sur de la pure autoroute à 130Km/h (Trajet B), nous étions plutôt autour de 20-21. En clair, les 350 Km d'autoroute sont largement atteignables avec ce véhicule, même sans attendre l'été !

En ville, la conso est variable suivant votre vitesse et les accélérations, mais il est assez facile de descendre autour de 14 kWh/100Km, soit plus de 500Km sur une seule charge. L'autonomie annoncée varie entre 586 km WLTP (jantes 19") et 568 km (jantes de 20") et dépasse même les 600Km en version Propulsion Grande autonomie.

Conduite et autopilot : quelques nouveautés

Notre trajet a fait la part belle à la conduite, l'idée étant de vous offrir un retour le plus complet possible sur les changements éventuels face au Model Y précédent.

Tesla ne communique pas sur les puissance des moteurs, mais la version Transmission Intégrale oscille entre 350 et 400CV (avec ou sans boost) tandis que les Propulsions tournent autour de 275 à 300CV. Les accélérations sont toujours aussi vives et plaisantes, et pas besoin de choisir un mode Sport pour en profiter.

Si l'inertie artificielle de la pédale d'accélération est toujours une référence chez Tesla, le constructeur a décidé de permettre de se rapprocher de la roue-libre, avec une régénération au freinage plus douce : la voiture freine plus légèrement et nécessite deux à trois fois plus de distance pour aller jusqu'à l'arrêt complet. Je ne suis pas forcément très fan, mais c'est utile pour ceux qui n'arrivent pas à doser la one-pedal très forte par défaut.

Sur voie rapide, l'autopilot s'enclenche via un clic sur le volant, et n'a pas changé d'un pouce. Il est toujours aussi fiable mais toujours aussi pénible à l'usage : si vous changez de voie manuellement, il faudra le réenclancher à chaque dépassement/rabattement (avec le bruit qui va avec). Le changement de voie automatique est facturé 3800€ (!) et n'est pas assez utile pour justifier d'un tel tarif (qui englobe aussi le parking automatique, lui, beaucoup plus efficace.) Enfin, cet autopilot à points (5 en tout) reste inadmissible pour un client qui a pourtant payé l'option, d'autant que les sanctions ne sont pas toujours justifiées.

A noter que la caméra intérieure observe la position de vos mains : si vous regardez la route en tenant le volant (sans forcer), elle vous laissera tranquille, comme sur un volant capacitif. Si vous sortez votre téléphone ou que vos mains quittent le manche, c'est la sanction immédiate. C'est un peu infantilisant, en attendant que la législation européenne libère enfin l'Autopilot de toutes ces contraintes.

Toujours le roi du logiciel ?

Le système de Tesla a toujours été une référence pour comparer les écrans de la concurrence et en 2025, c'est toujours le cas.

Hormis Rivian (qui a récupéré des ingénieurs de Tesla et d'Apple), aucun système n'est encore aussi fiable, complet et polyvalent. Certes, j'aime beaucoup ce qu'a fait Renault ou encore Polestar avec Android Automotive, mais c'est encore un cran en dessous. Les chinois (Xpeng, BYD...) progressent bien mais c'est encore un peu fouillis et rempli de bugs pour prétendre au titre. Quant aux allemands, ils sont totalement largués, même si ça s'améliore un peu ces dernières années, notamment chez Audi.

Tesla excelle aussi avec ses applications mobile (pour iPhone et Apple Watch) qui permettent de se passer totalement de clefs physiques et de piloter tous les éléments de la voiture à distance. On peut ouvrir le coffre, le frunk, lancer les sièges chauffants, programmer la charge, commander des t-shirt, partager la clef à son voisin, regarder les caméras en temps réel... le programme est juste parfait, à se demande pourquoi les autres ne s'en inspirent pas plus souvent.

Enfin, dernière brique logiciel qui fait mouche, le mode Sentinelle reste une sécurité inédite sur le marché (seul Rivian, Xpeng et un peu BMW en proposent un équivalent). En surveillant les alentours du véhicule, et en enregistrant toute activité suspecte, on laissera plus sereinement son véhicule sur un parking sans surveillance... C'est aussi très dissuasif, il faut le reconnaitre.

Bilan : une franche réussite, mais attention !

A ceux qui hésitent à renouveler leur Model Y, les nouveautés ne sont sans doute pas assez nombreuses pour justifier de changer de version.

A l'inverse, si vous envisagez de passer à l'électrique, le Model Y reste, quoiqu'on dise, la référence du marché. Ce n'est pourtant pas le plus confortable, ni celui qui charge le plus vite, ou encore celui qui a le plus d'écran, mais c'est sans aucun doute le modèle le plus homogène de sa catégorie.

Tout comme Apple avec son iPhone, Tesla peut encore dormir sur ses deux oreilles... mais pour combien de temps ? Car en face, la concurrence s'étoffe. A plus de 50 000€, on aimerait de la charge rapide (comme chez Xpeng), un afficheur tête haute en réalité augmentée (comme chez Volkswagen), un autopilot qui change de voie de série (comme chez... tous les généralistes) et un volant capacitif (même chose)...

Ces défauts sont aujourd'hui largement compensés par une plateforme logicielle vraiment au dessus de la concurrence, un réseau de SuperCharger à tarif préférentiels et très bien intégrés au planificateur ou encore le savoir-faire sur le plan électrique, le tout offrant une fiabilité assez inédite, et qui commence à se savoir, notamment chez les professionnels de la route.

A l'arrivée, difficile de ne pas vous recommander ce nouveau Model Y, sauf peut-être à faire une aversion sévère envers Elon Musk . L' attitude reste compréhensible vu l'actualité, mais attention aussi à comparer les Tesla à tous les appareils et véhicules que l'on utilise au quotidien, loin d'être produits dans les conditions les plus nobles, et pas toujours sous des régimes très démocratiques. Je referme rapidement cette parenthèse déjà bien trop politique, car notre rôle reste bien-sûr de tester des innovations technologies et non de donner un quelconque positionnement idéologique.