Retenez bien son nom : Denza ! La marque premium du chinois BYD arrive en force en Europe, avec un premier modèle résolument haut de gamme, puissant et suréquipé : la Z9 GT !
A l’occasion de la Design Week de Milan, nous avons pu découvrir le véhicule en avant-première, avant son arrivée officielle sur le Vieux Continent, probablement en fin d’année. Comme vous allez le voir dans la vidéo, non seulement les finitions sont dingues, mais elle peut même rouler… en crabe !
Une belle et longue berline
Esthétiquement, difficile de ne pas comparer la Denza Z9 GT à une Porsche Taycan, voire plutôt à une Panamera. Avec son petit décrochage au niveau de la roue avant et son look de break de chasse, ses racines allemandes sont évidentes. Il faut dire que le designer en chef n’est autre que Wolfgang Egger, qui a fait ses armes chez… Audi.
La face avant rappelle plutôt les calandres en X de BYD, avec le nez plat et les feux très effilés. Avec ses grandes jantes de 21“ et ses grands étriers jaunes, la Z9 mise ici sur la sportivité.... du moins en apparence.
Affichant 5,18m de long, la voiture est massive, et l’on devine avec l’empattement (3,12m) que l’espace à bord a été largement privilégié, une spécificité des véhicules chinois qui favorise l’habitacle aux bagages, tout l’inverse des Européens.
D’ailleurs, le volume du coffre est plutôt modeste vu le gabarit, même si nous n’avons pas encore le chiffre exact (environ 488L). Notre version d’essai étant une hybride, on ne sait pas si la voiture disposera d’un funk ou d’un sous-coffre pour l’instant, mais c’est souvent le cas chez BYD.
L’arrière a des faux-airs d’Aston Martin, avec une forme très affaissée, l’aspect aérodynamique semble avoir été favorisé au maximum dans les lignes de la voiture quitte à sacrifier un peu les rangements.
On notera aussi la présence de rétro-caméras (en option) dont la qualité de l'image avait l'air très correcte, même si le gain en volume par rapport à des rétroviseurs classique ne semblait pas si évident.
Un rayon de braquage de citadine
Malgré ses dimensions XXL, la voiture braque dans un mouchoir de poche, grâce à ses roues arrières directrices qui permettent de faire tomber le diamètre de braquage autour de 9m (le rayon est de 4,62m exactement).
Oui, vous avez bien lu, cette Z9 GT braque mieux qu’une Twingo ! La démonstration de la vidéo est tout simplement impressionnante, jamais on imaginerait pouvoir réaliser une manœuvre avec aussi peu de débattement.
Mieux encore, les 3 moteurs intégrés aux essieux permettent de contrôler le couple indépendamment sur chaque roue et même d’en bloquer certaines ou mieux, de les faire tourner en sens inverse. Sur un véhicule thermique, ce genre de petite gâterie est quasi-impossible à réaliser.
Dès lors, vous l’avez vu dans la vidéo, la voiture peut aussi bien se déplacer en crabe que tourner sur elle-même, comme si elle driftait à l’arrêt ! Nul besoin de railler que ça ne sert strictement à rien, vous avez totalement raison, mais la voiture en est bien capable, et plus étonnant encore, le constructeur vous y autorise de série…
Même si le marketing nous explique que l’on va pouvoir se garer en avant au lieu de faire un créneau (la phobie des américains), l’usure des pneus durant la manœuvre vous dissuadera rapidement de le faire, même une fois pour impressionner les copains !
Un intérieur de président
Il va falloir s'y faire, les intérieurs chinois commencent à donner de sérieuses leçons au segment premium allemand.
A l’arrière, les sièges sont chauffants, ventilés, massants, inclinables, le tout électriquement… L’accoudoir central renferme un petit frigo qui empiète légèrement sur le coffre, mais qui permet de conserver le champagne au frais.
Mais au delà de ces accessoires, c’est vraiment la finition qui impressionne : aucun plastique dur, y compris en partie basse ou au niveau du ciel de toit. Les sièges sont plus proches de ceux d’une Rolls Royce que d’un Audi Q6 et l’engin embarque même des portières à ouverture et fermeture électrique, des élements rarissime en dehors du segment du luxe. Enfin, la marque française Devialet a été choisie pour la partie audio, avec un rendu assez exceptionnel surtout depuis l'arrière.
La place à bord est tout simplement impressionnante, on peut pratiquement caser des valises entre les sièges ! Les grands gabarits pourront carrément s'allonger, et même bénéficier d’une rallonge au niveau des jambes. Les filles seront également ravies de voir que l'on peut enfin déployer un petit studio de maquillage surmonté d’une grande barre de LED à chaque place.
En revanche, pas de tablette ni d'écran multimédia à l'arrière, mais un simple panneau de commandes de climatisation tactile et pour les sièges. On notera aussi la présence de 2 prises USB C et de V2L à 2,2 kW, de quoi brancher des appareils puissants dans la voiture ou pour du camping.
Les portes sont toutes électriques, une option très rare sur le premium qui se contente souvent du soft-close (les portes finissent la fermeture).
A l’avant, la présentation est tout aussi soignée, avec un volant gainé de cuir, un matériau qu’on retrouve intégralement sur la planche de bord. Certains éléments dans les portières ou au niveau de la console centrale font un peu kitch, comme ce faux-diamant utilisé comme sélecteur de boite. D’ailleurs, les boutons physiques sont légion, que ce soit dans les portières ou sur le volant -ce qui est plutôt un atout face au tout-tactile, pas toujours ergonomique.
J’aime beaucoup la présentation de la console flottante, avec un espace pour ranger un sac à main en dessous et un double-chargeur sans-fil en partie haute, façon Tesla. On remarquera d’ailleurs quelques petits détails, comme les prises USB à haute puissance ou encore le balayage de la climatisation qui évite d’avoir un flux d’air continu. Enfin, l’accoudoir centrale renferme… un compartiment réfrigéré, décidément !
Des écrans à gogo
Denza ne mise pas que sur les matériaux, le constructeur se veut aussi très techno. La planche de bord est 100% numérique, avec un écran de 13“ de bonne facture, même si le lettrage mériterait d’être un peu plus lisible.
L’écran central impressionne avec sa dalle de 17“ très lumineuse et son format paysage parfaitement adapté pour la lecture de vidéo ou la navigation.
Nous n’avons pas pu tester en profondeur le système, tout en chinois mais les interfaces semblaient réactives, bien construites et largement personnalisables.
On retrouve en fait une surcouche Android assez proche de ce que propose BYD sur le Sealion 7 que l’on avait testé récemment. Comme vous avez pu le voir dans la vidéo, malgré quelques bugs, l’ensemble est très moderne et assez ergonomique.
La caméra de recul offre une bonne qualité d’image, une vue 3D précise et plusieurs modes de présentation -bien utiles pour ne pas abimer ses jantes.
Le passager peut également regarder des films pendant la conduite grâce à un petit écran de 13“. Ce dernier est invisible du conducteur, qui pourrait être distrait par l’image.
On notera que BYD propose toujours une app très complète sur l’ensemble de ses modèles, même si nous n’avions pas accès au programme durant cette courte découverte.
J'ai vraiment hâte de tester en détail ce nouvel OS dernier cri...
Conduite pépère
Nous avons pu conduire le véhicule quelques minutes sur un circuit proche de Milan, mais pas sur la route, faute d’homologation européenne.
Alors que l’on s’attendait à un modèle très sportif, nous avons finalement à faire à une berline largement typé confort, dotée d’une insonorisation digne du premium allemand, et d’une suspension adaptative particulièrement efficace sur les revêtements dégradés. Taillée pour l'autoroute, les ADAS sont ici épaulées par des LIDAR, ce qui devrait améliorer le maintient dans les voies, qui n'était pas toujours le point fort de BYD.
Malgré les performances de haut vol, avec un 0 à 100 en 3,4 secondes et 966 ch (en version 100% électrique, 850 en PHEV), la direction reste assez floue, le roulis est omniprésent et le châssis est à des années lumières de ce que savent faire les allemands. La voiture étant très lourde (ici, proche des 3 tonnes, à 2875 kg), les mouvements de caisse donnent l'impression de naviguer sur une mer agitée... Malgré la petite déception sur le plan sportif, la conduite nous a paru saine et sécurisante, même si nous avons manqué de temps pour vraiment tester les reprises et les passages de courbe à haute vitesse.
Heureusement, le freinage était parfaitement dimensionné, et l'électronique rassure à tous les niveaux. Nous avons même testé l'arrêt d'urgence avec succès -il faut vraiment avoir confiance pour ne pas freiner devant un autre véhicule, même factice !
Denza nous a promis que la version européenne sera plus sportive, notamment avec une recalibration des suspensions. Malgré tout, difficile d'imaginer la Z9 comme une véritable bête de circuit. Est-ce pour autant un problème ? Pas forcément. Après tout, le positionnement de grande routière confortable et puissante lui sied très bien... la marque cible en fait plutôt les clients de Mercedes que ceux d'Audi ou de BMW.
Recharge et autonomie moyennes
Alors qu'on s'attendait à des performances de recharge exceptionnelle (d'autant que BYD n'arrête pas de teaser ses charges ultra-rapides en labo), voilà que la Denza Z9 ne fait pas mieux... que la moyenne.
Le 10-80% est donc annoncé en 30mn, ce qui est dans les clous et même plutôt une bonne performance quand on sait que la batterie dépasse les 100 KWh ! Cela étant, Porsche et Audi font beaucoup mieux, avec une charge entre 18 et 20mn grâce à une architecture 800V très peformante.
L'autonomie WLTP n'a pas encore été homologuée, mais l'on parle d'environ 500 à 600Km, ce qui serait assez moyen vu la capacité. Avec près de 3 tonnes sur la balance, difficile d'envisager un miracle sur la consommation, qui risque d'osciller entre 25 et 30 kWh au 100Km sur autoroute.
On se gardera toutefois de tirer la moindre conclusion sans les chiffres définitifs et sans un essai complet du véhicule.
Bilan : une Panamera au prix d'une A6 ?
Le tarif chinois de cette Denza Z9 GT oscille entre 40 000 et 50 000€ en Chine, mais le tarif européen pourrait quasi doubler, entre 60 000 et 80 000€ sans doute avec la TVA et les taxes d'importation.
Reste qu'à ce prix, les prestations sont au niveau d'un Mercedes EQS Maybach, pour le quart du tarif ! Même à 100 000€, cette Denza Z9 GT serait encore compétitive vu les spécifications techniques, le niveau de confort et les prestations globales.
Toute la question sera de savoir si les clients potentiels seraient prêts à adopter l'image d'une marque naissante et surtout chinoise. On dit souvent qu'il faut 20 à 30 ans pour qu'une marque premium acquiert ses lettres de noblesse, mais avec l'arrivée de l'électrique, les cartes sont largement rebattues... On le voit avec Xpeng, qui arrive à placer son G9 dans de nombreux pays nordiques à la place des Audi, Mercedes et BMW, grâce à un rapport prix/prestation inégalé.
Et vous ? Seriez-vous prêt à rouler dans une Denza Z9 GT ? Dites-le nous en commentaires !
