À la frontière franco-espagnole, un radar installé fin 2024 à La Jonquera a déjà flashé plus de 50 000 véhicules, principalement français. Jugé abusif, il alimente une fronde locale, une polémique sur la signalisation, et des tensions administratives entre les deux pays.
Radar Espagnol de nouvelle génération
Un radar très rentable à la frontière franco-espagnole
Installé en octobre 2024 à La Jonquera, sur la nationale N-II, ce radar a sanctionné plus de 50 000 conducteurs en quatre mois, soit environ 400 flashs par jour. Placé à proximité du centre commercial Gran Jonquera, très fréquenté par les frontaliers et touristes français pour ses prix attractifs, il cible une portion de route limitée à 60 km/h. Résultat : une pluie d’amendes pour excès de vitesse, qui touche majoritairement des véhicules immatriculés en France.
La Jonquera
Les Français en première ligne
Selon les données de la députation de Gérone, 64 % des infractions relevées concernent des véhicules étrangers, dont une large majorité de Français. Les résidents des Pyrénées-Orientales et de l’Occitanie franchissent régulièrement la frontière pour faire leurs courses. En l'absence de retrait de points, les autorités espagnoles peinent quand même à faire payer les contrevenants. En 2024, seules 49 % des amendes envoyées à l’étranger ont été réglées.
Contestation locale
Le radar créé bien sûr une importante polémique. Un collectif baptisé « Stop Radar » dénonce un excès de zèle, voire un piège à touristes. Certains automobilistes affirment avoir reçu plus de vingt amendes en quelques mois, parfois groupées, ce qui a poussé certains à envisager de souscrire un crédit pour les régler. Le maire de La Jonquera maintient la pression, en invoquant la sécurité routière, mais l’opposition municipale a déjà demandé la suppression du dispositif.
Un point contesté renforce la colère : la vitesse réelle applicable sur ce tronçon. Après un transfert de compétence de l’État à la municipalité, la zone est censée être en agglomération, donc limitée à 50 km/h. Or, la signalisation reste figée à 60 km/h. Ce défaut pourrait remettre en question la validité des contraventions. Il y a quelques jours, le radar a d’ailleurs été saboté : de la peinture noire a été projetée sur la cabine, le mettant hors service.
La Jonquera est aussi tristement connue pour attirer des touristes qui cherchent autre chose que faire des économies sur leurs courses
Vers un durcissement de la coopération transfrontalière ?
Malgré les critiques, la municipalité de La Jonquera veut durcir les poursuites contre les conducteurs français. Elle appelle à renforcer les mécanismes de coopération européenne pour garantir le recouvrement des amendes. Ce radar, surnommé « le radar de la honte », est en passe de devenir un symbole des tensions routières entre frontaliers et autorités catalanes.
Du coup, si vous prévoyez d’aller faire vous courses dans le coin dans les semaines à venir, ralentissez un peu, sinon le déplacement risque d’être bien moins rentable que prévu !