C'est à l'occasion d'une visite au salon Vivatech l'an dernier que nous avons découvert Maeving qui exposait pour la première fois sa moto électrique. Un modèle qui ne passe pas inaperçu et que nous avons pu essayer.
Par Driss Abdi
Maeving se veut le premier fabricant de motos électriques du Royaume-Uni. Ses motos sont conçues et assemblées à Coventry, au cœur des Midlands britanniques qui fait office de berceau historique de la moto. En effet, c'est là que des marques de renom sont nées comme par exemple Royal Enfield, BSA, Triumph ou encore Norton. Un héritage qui transparait dans le design de la Maeving RM1S, première moto électrique de la jeune marque.
La plus stylée des motos électriques
Avouez qu'elle en jette cette petite moto qu'on prendrait presque pour une thermique, et qui s'inspire à la fois du Scrambler et du Bobber. Le cadre en acier ouvert accueille la batterie, ou plutôt les batteries comme on le verra plus loin. Elle prend place dans un caisson en aluminium du plus bel effet, et qui est surmonté par un faux réservoir. Comme c'est de mise sur les motos électriques, il offre un espace de rangement qui est ici relativement généreux eu égard à la taille de la Maeving RM1S, avec ses 10 litres. De quoi glisser quelques documents et accessoires comme des gants ou un pantalon de pluie, mais encore et surtout l'adaptateur et le câble de recharge propriétaire de la Maeving RM1S. Décliné dans neuf coloris, ce coffre dispose également d'un port USB type C pour recharger un smartphone pendant le trajet.
À l'avant, le look vintage est souligné par le phare dont le boitier noir satiné rappelle les motos des années 50. Ceci étant, celui-ci est tout ce qu'il y a de plus moderne avec sa technologie LED. Il est surmonté par un compteur de vitesse analogique à l'ancienne sur lequel nous reviendrons un peu plus bas. Le feu arrière est lui aussi à LED tout comme les clignotants.
Mais ce qui confère à la Maeving RM1S son look vintage si distinctif, c'est encore et surtout sa selle une place. Fabriquée en uPVC avec un effet de cuir réussi, elle arbore des surpiqures diamant et donne vraiment tout son caractère à la moto.
La fabrication est soignée et différents éléments viennent ajouter à la qualité perçue. C'est notamment le cas des garde-boues de la Maeving RM1S, qui sont habillés de carbone véritable pour plus de sportivité. Un matériau que l'on retrouve d'ailleurs en partie sur le bloc central qui renferme les batteries. Celui-ci est surmonté par une imposante durite en aluminium qu'on croirait prélevée sur une Harley-Davidson sortie de chez un préparateur spécialisé. Elle allie forme et fonction en renfermant le faisceau électrique. Bien vu.
Maeving RM1S, la moto électrique en toute simplicité
La Maeving RM1S se la joue rétro jusque dans son instrumentation. Oubliez les écrans numériques en couleur, ici c'est le retour aux sources avec un bon vieux compteur à aiguille. Il fallait oser sur une moto électrique.
Ceci étant, un écran est tout de même présent sur la partie inférieure droite. Tout petit mais lumineux, il affiche le niveau de charge de la batterie en gros. D'ailleurs, il faudra prendre l'habitude de ne pas le confondre avec la vitesse de la moto quand on y jette un clin d'oeil rapide en roulant.
Juste en dessous, on peut afficher le trip, l'odomètre et l'heure que l'on fait défiler grâce à un bouton dédié sur le guidon. La dernière ligne indique le rapport engagé en grand, et le mode de conduite choisi en plus petit. L'essentiel est donc là et raccord avec le style et l'usage d'une moto comme la Maeving RM1S.
Tout n'est pas parfait pour autant. En effet, le compteur de vitesse à aiguille aussi efficace soit-il, affiche une double graduation : en miles par heure (mph) d'une part, et en kilomètres par heure d'autre part. Cependant, cette dernière information pourtant si importante pour les marchés tels que la France qui utilisent le système métrique (et où les radars peuvent vite sanctionner la moindre petite erreur), est affichée en petit par rapport aux mph (miles par heure). Alors, certes, on s'y fera à l'usage, mais on aurait tout de même apprécié une version localisée sur une moto qui est tout de même affichée à partir de 8 995 euros.
Côté prise en main, pas besoin de se plonger dans le mode d'emploi pour savoir comment faire fonctionner cette petite moto électrique. Excepté pour certaines subtilités comme l'ouverture de la trappe des batteries, ou encore l'extraction de ces dernières qu'il faut réaliser quelques secondes après avoir appuyé sur le bouton de déverrouillage sur la gauche du guidon. Ce dernier permet aussi d'ouvrir l'espace de rangement dans le faux réservoir.
Le reste des boutons est très classique avec un Klaxon, un commutateur pour les feux de position et les feux de route, et un autre pour les clignotants. Des clignotants qu'il faut aussi désactiver manuellement en appuyant sur le commutateur. Sur le devant du guidon se trouve un dernier bouton qui n'est pas destiné aux appels de phare mais qui permet de faire défiler l'affichage du petit écran d'instrumentation à côté du compteur de vitesse.
La droite du guidon accueille deux boutons seulement. Ceci étant, leur proximité peut induire le motard en erreur les premiers jours d'utilisation de la Maeving RM1S. En effet, l'un permet d'activer la commande boîte pour passer en mode D (pour Drive) ou en neutre (N), quand l'autre se destine uniquement aux modes de conduite. On vous rassure, on s'y habitue très vite, mais nous nous sommes fait avoir à plusieurs reprises au feu, en cherchant comment redémarrer la moto comme un débutant.
Si un port USB type C est prévu pour recharger un smartphone pendant qu'on roule, la Maeving RM1S ne propose pas de fonctions connectées avancées comme une Livewire ou un Zero Motorcyles par exemple. Dommage, on aurait tout de même aimé pouvoir surveiller la charge à distance par exemple. De la même façon, oubliez la clef sur mobile, il faut encore glisser une bonne vieille clef physique dans le barillet près du compteur de vitesse afin de démarrer la moto. A l'ancienne.
Une moto électrique à mettre entre toutes les mains ?
Compacte avec un centre de gravité suffisamment bas pour complètement faire oublier ses 144 kg à vide seulement, la Maeving RM1S s'illustre aussi par sa facilité. C'est d'autant plus vrai que la hauteur de selle de 785 mm permet aux petits gabarits de poser les deux pieds par terre une fois à l'arrêt. C'est rassurant, surtout pour les débutants.
La position de conduite est tout ce qu'il y a de plus naturel. Le buste est relativement droit grâce au guidon reculé, et les genoux légèrement repliés pour un motard de moins d'1m80. Forcément les plus grands se sentiront un peu moins à leur aise.
En revanche, nous n'avons pas vraiment gouté les repose-pieds ronds qui sont moins stables qu'un élément plat offrant plus de confort et de grip.
Des rétroviseurs relevés sont intégrés à chaque extrémité du guidon. Outre le style qu'ils confèrent là aussi à la moto, ils offrent aussi une excellente visibilité arrière.
Pour en prendre le guidon de la Maeving RM1S, vous devrez être titulaire d'un permis B avec une formation de sept heures, ou d'un permis moto. En effet, il s'agit d'un équivalent 125 cm3 avec son moteur électrique intégré dans le moyeu arrière, qui développe une puissance nominale de 7,2 kW. C'est très modeste même si le pic de puissance affiche 11,1 kW, soit le maximum autorisé pour la catégorie.
D'ailleurs cela se ressent à l'accélération, très linéaire et pas vraiment sportive, même en mode S. Si vous comptiez griller tout le monde au feu rouge en moto électrique, il faudra jeter votre dévolu sur un autre modèle. Non pas que la Maeving RM1S se traine, mais elle ménage le motard qui profite d'un confort bienvenu à son guidon.
La selle une place est accueillante et les suspensions souples grâce à une fourche télescopique qui offre un débattement de 110 mm à l'avant, et à deux amortisseurs avec réglage de la précharge et un débattement de 80 mm à l'arrière. Ceci étant, les réglages d'usine se traduisent par un rebond parfois exagéré, et qui peut déstabiliser le motard qui aurait envie d'augmenter le rythme sur route sinueuse tant la moto est agile et joueuse.
Maeving a opté pour un système de freinage combiné pour sa RM1S avec 40 % à l'avant et 60 % à l'arrière. Pratique pour une utilisation urbaine à laquelle se destine la moto, mais pas forcément l'option la plus sûre selon nous. En effet, alors que les freins à disque de 300 mm à l'avant et de 180 mm à l'arrière offrent un bon mordant, l'absence d'ABS se traduit par un blocage de la roue arrière quand on saisit les deux poignées de frein en même temps. Un facteur à prendre en compte, surtout quand la chaussée est mouillée.
Une autonomie du simple au triple
On l'a vu plus haut, un bouton situé sur la droite du guidon de la Maeving RM1S permet de choisir l'un des trois modes de conduite : Eco, Normal et Sport. Tous partagent une caractéristique commune avec des accélérations linéaires et finalement très modestes quand on pense que la moto affiche une puissance moteur de 11,1 kW en pic. Au moins vous ne vous ferez pas peur à son guidon.
Le premier mode est à réserver à la conduite en ville. Les démarrages sont donc sages (certains diront même trop sages) et la vitesse de pointe limitée à 50 km/h. À moins de circuler dans une zone à 30 km/h, vous ne risquerez pas de vous faire surprendre par un radar et de perdre votre permis de conduire. Ceci étant, alors que ce mode Eco permet théoriquement de bénéficier de l'autonomie maximale de 145 km annoncée par le constructeur, il se peut aussi que vous ayez besoin d'un peu plus de puissance pour vous sortir d'une situation compliquée. Heureusement, le passage d'un mode de conduite à l'autre est très ultra rapide grâce au bouton dédié sur le guidon (si vous ne le confondez pas avec celui du Neutre cela va sans dire).
Le mode Normal est finalement celui que nous avons le plus utilisé au quotidien, entre Paris et sa banlieue. Il permet de bénéficier d'un bon niveau de puissance, sans non plus drainer la batterie au bout de quelques kilomètres. Nous avons pu atteindre la vitesse de 85 km/h avant que l'aiguille décide de ne plus grimper sur le compteur. C'est suffisant pour rouler sur le périphérique parisien (qui est limité à 50 km/h désormais, y compris... la nuit) ou sur une majorité des autoroutes d'Ile de France, avec une limitation de 90 km/h la plupart du temps. Reste que si le mode Normal est plutôt bien calibré pour un usage quotidien, la Maeving RM1S voit aussi ses performances réduites en côte, avec une perte que nous avons estimée à 10 % environ.
Reste enfin à essayer le mode Sport qui libère toute la puissance du moteur électrique, et qui est celui qui permet vraiment à la Maeving RM1S de rivaliser avec un 125 cm3 à motorisation thermique. Comme on l'a vu plus haut, le départ arrêté n'est pas beaucoup plus nerveux, mais on sent que la moto est plus vive même si tout cela reste très linéaire, et rassurant dans un sens. Plus étonnant, alors que la marque annonce une vitesse maximale de 110 km/h, l'aiguille dépasse allègrement cette marque sur le compte tour, allant probablement chatouiller les 120 km/h.
L'absence de protection n'est pas trop gênante à l'inverse de l'autonomie qui fond comme neige au micro-ondes. En l'absence d'information sur la consommation sur l'écran d'instrumentation, mais nous avons réalisé plusieurs relevés tout en roulant. En essorant la poignée sur le plat, le moteur électrique va consommer un peu plus de 3 % de batterie par kilomètre. Oui vous avez bien lu, cela représente tout de même 1 % tous les 300 - 400 mètres parcourus, et on peut voir la jauge se vider à vue d'œil sur autoroute. En fonction de la distance à parcourir, l'utilisateur a donc tout intérêt à jouer avec les modes pour optimiser la consommation de la Maeving RM1S et espérer arriver à bon port.
Sans surprise pour une moto électrique équivalente à un 125 cm3 thermique, il n'y a pas de recharge rapide. Il faut donc patienter 2h30 pour passer de 20 % à 80 % de batterie sur une prise domestique en 220 Volts. Le constructeur indique un temps de recharge de 4 heures pour le 20 % à 100 % et même six heures pour un 0 à 100 %. Chaque batterie est dotée d'un indicateur de charge et d'une poignée qui facilite le transport.
Sachez enfin que notre essai a été réalisé fin mai par plus de 24 degrés à l'ombre. La température élevée associée à notre traitement de choc de la moto s'est traduit par l'affichage d'un message d'alerte sur l'écran du tableau de bord. Rien de bien grave dans en ce qui nous concerne, mais on ne saurait trop vous recommander de ménager votre monture pour aller loin.
Notre avis
La Maeving RM1S nous avait tapé dans l'œil lorsque nous l'avions croisée pour la première fois dans les allées de Vivatech l'an dernier. Car il faut bien le reconnaître, c'est l'une des motos électriques les sympas du moment. Outre son style néo rétro très réussi, elle bénéficie d'une fabrication soignée que viennent souligner des éléments nobles tels que la fibre de carbone. Équipée de deux batteries que l'on peut recharger chez soi, la moto peut prétendre à plus de 100 km d'autonomie en ville, mais la consommation explose en activant le mode sport sur autoroute. Et en l'absence de charge rapide sur une wallbox par exemple, il faudra patienter plusieurs heures avant de reprendre la route. Des contraintes que partagent d'ailleurs les motos électriques concurrents.
Une concurrence certes moins sexy mais aussi plus abordables. Car à 8 995 € la Maeving RM1S se la joue finalement plutôt haut de gamme. Et on ne va même pas vous parler de ce que ce budget vous permet d'acquérir comme modèle thermique, mais plutôt jeter un œil du côté des concurrents, notamment chinois. Car comme pour la voiture électrique, ces derniers sont particulièrement agressifs.
Prenez Super Soco par exemple, qui propose plusieurs modèles équivalents 125 à moins de 5 000 euros et avec une autonomie théorique de plus de 100 km. Malgré un design plus clivant que la Maeving RM1S, la Riu RQi Sport affiche des performances plutôt correctes (plus de 100 km d'autonomie, une vitesse maximale de 110 km/h mais un temps de recharge élevé de sept heures) pour un prix e moins de 7 500 € hors promotion. Vous pouvez également vous orienter vers des marques telles que Vmoto, Horwin. Bref la concurrence ne manque pas, mais pour rouler avec style, on fait difficilement mieux que la Maeving RM1S actuellement.
La Maeving RM1S séduit par son style néo-rétro élégant, sa finition haut de gamme et son autonomie d’environ 100 km en ville grâce à ses deux batteries amovibles, même si la recharge reste longue et le mode sport très énergivore. Positionnée à 8 995 €, elle s’inscrit dans le segment premium face à une concurrence plus abordable mais moins raffinée. Des marques comme Super Soco, Riu ou Horwin proposent en effet des modèles équivalents 125 plus accessibles, mais la RM1S conserve un avantage en termes de design et d’image.