Airbus teste différentes solutions pour limiter les traînées de condensation des avions, qui participent au réchauffement climatique. Des projets sont en cours pour adapter carburants, moteurs et trajectoires. Ce phénomène bien réel n’a pourtant rien à voir avec les fameux « chemtrails ».
Un problème visible, longtemps ignoré
Derrière un avion en vol, ces longues traînées blanches ne sont pas juste décoratives. Ce sont des traînées de condensation, ou « contrails », formées lorsque la vapeur d’eau et les particules fines émises par les moteurs gèlent en altitude. Elles peuvent rester visibles plusieurs heures et former de véritables nuages artificiels.
Ces nuages piégés dans la haute atmosphère retiennent la chaleur, comme le ferait une couverture. Ils ne sont pas les seuls responsables du réchauffement climatique causé par l’aviation, mais leur impact est aujourd’hui jugé aussi important que celui du CO2. Problème : ils ne sont pas encore pris en compte dans les politiques environnementales.
Un sujet récupéré par les complotistes
Depuis les années 1990, certains groupes affirment que ces traînées ne sont pas de simples résidus de combustion, mais des « chemtrails » – contraction de « chemical trails ». Selon cette théorie, les gouvernements ou les multinationales utiliseraient les avions pour pulvériser des substances chimiques dans l’atmosphère à des fins de contrôle de la population, de modification du climat ou même de manipulation mentale.
Cette idée repose souvent sur une mauvaise compréhension du phénomène, et a été réfutée à de nombreuses reprises. Contrairement aux théories qui circulent sur les réseaux sociaux, les traînées d’avion sont un phénomène bien connu des physiciens de l’atmosphère depuis des décennies.
Mais le fait que les scientifiques s’y intéressent enfin de plus près ne va pas calmer les théoriciens du complot, qui y verront peut-être la « preuve » qu’ils avaient raison depuis le début.
Airbus veut réduire leur impact
En 2025, Airbus a décidé d’accélérer ses recherches sur les contrails. L’objectif est simple : réduire leur présence dans le ciel pour limiter leur contribution au réchauffement climatique. L’entreprise a lancé plusieurs projets de recherche pour tester différentes solutions.
Le premier axe consiste à mieux prédire les zones où les contrails sont les plus susceptibles de se former. En évitant ces zones, les pilotes pourraient réduire l’apparition de ces traînées. Problème : changer une trajectoire augmente la consommation de carburant, donc les émissions de CO2. Il faudra donc trouver le meilleur compromis.
Des carburants alternatifs ?
Autre piste explorée : les carburants d’aviation durables. Ces carburants, déjà testés dans d’autres cadres, pourraient produire moins de particules fines, ce qui réduirait la formation de cristaux de glace. Airbus a ainsi lancé le projet PACIFIC, qui recrée les conditions de formation de contrails dans des “chambres à nuages” pour étudier précisément les effets des différents carburants.
Mais tout n’est pas simple. L’hydrogène, souvent présenté comme une solution miracle, pourrait en fait générer encore plus de traînées à cause de la quantité importante de vapeur d’eau rejetée. Airbus mène actuellement des tests avec le projet Blue Condor pour mieux comprendre ce phénomène.
Une question de stratégie
Changer les trajectoires de vol ou développer de nouveaux moteurs ne se fera pas du jour au lendemain. Il faudra aussi convaincre les autorités de régulation. Airbus insiste sur le fait que sans réglementation claire, aucune avancée concrète ne pourra être généralisée à l’échelle du secteur.
Des satellites commencent à être utilisés pour observer en temps réel les zones à éviter. D’autres, comme les Américains avec l’aide de Google, misent sur l’intelligence artificielle pour prédire et modifier les plans de vol. En Europe, les discussions sont en cours, mais les décisions se font attendre.