Alors que des attaques coordonnées visent l’administration pénitentiaire française, les enquêteurs s’intéressent à la messagerie Telegram. L'application a fermé un groupe lié aux faits, alors qu'un nouveau canal se déplace vers Potato Chat, plateforme jugée plus sécurisée par les assaillants.
Des attaques coordonnées
Depuis le 13 avril 2025, plusieurs attaques ciblant les établissements pénitentiaires et leurs agents ont été recensées en France. Incendies de véhicules, menaces écrites et orales, et même jets de cocktails Molotov ont été relevés devant les prisons de Tarascon, Aix-Luynes, ou dans des zones résidentielles.
Le sigle « DDPF », pour « Défense des droits des prisonniers français », a été retrouvé sur plusieurs sites. Ce marquage renvoie à un groupe qui revendique ces actions sur les réseaux sociaux, en particulier sur Telegram. Le parquet national antiterroriste s’est saisi de l’enquête, requalifiant les faits en association de malfaiteurs terroriste, tentative d’assassinat et destruction volontaire en bande organisée.
Telegram ferme le groupe
Le groupe Telegram en question, créé le 12 avril, a rapidement gagné en notoriété, diffusant des messages menaçants à l’encontre des surveillants de prison, mais aussi des vidéos de dégradations. Il appelait aussi les agents à démissionner s’ils tenaient à la sécurité de leurs proches.
La plateforme Telegram a ce matin fermé ce canal, signe qu’elle coopère désormais activement avec les autorités françaises. Selon les enquêteurs, Telegram fournit généralement certaines données techniques, ce qui pourrait permettre de remonter jusqu’à certains auteurs. Cette collaboration est un vrai un tournant, alors que l’application avait par le passé été critiquée pour son opacité.
Potato Chat
Un nouveau canal sur Potato Chat, messagerie encore plus opaque
Suite à la fermeture du groupe Telegram, les membres du collectif DDPF ont migré vers une autre application : Potato Chat. Moins connue du grand public, cette messagerie d’origine chinoise se distingue elle par un chiffrement fort, des serveurs parfois introuvables et un fonctionnement en grande partie décentralisé.
Elle est régulièrement utilisée dans des contextes où l’anonymat est crucial, et est parfois mentionnée dans des enquêtes sur des activités illégales en ligne. Contrairement à Telegram, Potato Chat ne stocke pas toujours les messages sur ses serveurs, et sa politique de collaboration avec les autorités judiciaires est très floue, ce qui rend le travail des enquêteurs plus complexe.
Une enquête sous tension
Face à cette montée en tension, les syndicats pénitentiaires demandent des mesures de protection renforcées. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a évoqué des actes « d’intimidation contre la République » et affirme qu’il n’y aura « aucune concession ».
Selon certaines sources syndicales, ces attaques seraient liées à la politique carcérale actuelle, en particulier par rapport au projet de quartiers de haute sécurité pour narcotrafiquants. L’enquête doit établir si le groupe DDPF est structuré, s’il s’agit d’un simple effet d’annonce ou d’une réelle organisation coordonnée.