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La Russie va bloquer WhatsApp et YouTube lors de coupures d'internet ciblées

Par Vincent Lautier - Publié le

Le gouvernement russe s'apprête à franchir une nouvelle étape dans sa stratégie d'isolement numérique. Le ministère du Développement numérique a annoncé  la mise en place de "coupures d'internet mobile » ciblées, qui bloqueront l'accès aux grandes applications étrangères comme WhatsApp, Telegram et YouTube, tout en laissant fonctionner une liste de services russes "essentiels".

La Russie va bloquer WhatsApp et YouTube lors de coupures d'internet ciblées


Des coupures pour "assurer la sécurité"



La justification officielle de ces coupures est la lutte contre les attaques de drones ukrainiens. Selon plusieurs gouverneurs de régions frontalières, les drones utiliseraient l'internet mobile pour leur navigation. En coupant le réseau, les autorités espèrent donc perturber ces attaques.

Ces "blackouts" ne seront pas totaux. Le ministère a précisé qu'une "solution technique spéciale" permettra de maintenir l'accès à une liste d'applications et de sites web russes jugés "populaires et socialement importants".

L'application Russe MAX
L'application Russe MAX


Un internet à deux vitesses



La liste des services qui resteront accessibles a été publiée, et elle est sans surprise 100% russe. On y trouve des services gouvernementaux, des sites de e-commerce, le système de paiement Mir, et surtout la nouvelle messagerie d'État, MAX.

En revanche, les grands absents de cette "liste blanche" sont les applications les plus populaires du pays : WhatsApp (97 millions d'utilisateurs en Russie), Telegram (90 millions) et YouTube. Ces services seront donc les premières victimes de ces coupures ciblées.

L'application Russe MAX
L'application Russe MAX


L'objectif : imposer la messagerie d'État "MAX"



Au-delà de la lutte contre les drones, cette mesure s'inscrit dans une stratégie plus large de "souveraineté numérique" menée par le Kremlin. L'objectif est de réduire la dépendance aux plateformes étrangères et de pousser les citoyens russes vers des alternatives contrôlées par l'État.

La nouvelle messagerie MAX, développée par le groupe VK (contrôlé par l'État), est au cœur de cette stratégie. Présentée comme un équivalent de WeChat, elle est non chiffrée et sa politique de confidentialité autorise un accès quasi-total des autorités aux données des utilisateurs. Depuis le 1er septembre, elle doit être pré-installée sur tous les nouveaux smartphones vendus en Russie. Au moins c’est clair.

On en dit quoi ?



Sous couvert de sécurité nationale, le Kremlin est en train de construire une version russe de la "Grande Muraille électronique" chinoise. L'idée d'un internet à deux vitesses, où seuls les services approuvés par l'État fonctionnent, est un outil de censure et de surveillance redoutable.

En rendant inutilisables les messageries chiffrées comme WhatsApp et Telegram lors de ces coupures, tout en maintenant l'accès à sa propre messagerie non sécurisée, le gouvernement force de facto ses citoyens à utiliser une application où leurs conversations peuvent être lues et écoutées. C'est une nouvelle étape inquiétante dans la reprise en main de l'internet par le pouvoir russe, mais qui ne devrait surprendre personne. Et vous, cette idée d'un internet "souverain" où l'État choisit les applications qui fonctionnent, ça vous inquiète ?