L’Assemblée nationale a tranché. Mercredi 19 novembre 2025, les députés ont validé la création d’une taxe de 2 euros par colis pour les envois d’une valeur inférieure à 150 € provenant de pays hors Union européenne.
Une taxe… ou une redevance de sécurité ?
Avec 208 voix pour et 87 contre, la mesure — voulue par le gouvernement — vise officiellement à renforcer les contrôles douaniers face à une explosion de produits illicites, notamment via Shein, Temu et d’autres plateformes chinoises. Mais derrière ce vote très politique se jouent aussi des tensions économiques, des inquiétudes sociales et un débat plus large sur la concurrence internationale.
Pour Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, ce n’est pas une taxe punitive mais une sorte de redevance qui va permettre de financer des outils de contrôle indispensables (notamment pour ces colis). Le but est en effet d'acheter de nouveaux scanners à rayons X, recruter des agents spécialisés, et muscler le filtrage de colis souvent jugés dangereux, non conformes ou frauduleux.
L’enjeu n’est pas mince. En 2024, moins de 0,13 % des colis avaient été inspectés. Shein, en pleine tourmente, est accusé de laisser passer des articles interdits, du jouet toxique aux armes dissimulées. Désormais, le gouvernement défend une mesure de protection des consommateurs, mais aussi de souveraineté commerciale.
Un débat explosif à l’Assemblée
Sans surprise, la mesure a divisé l’hémicycle. Le Rassemblement national a mené la charge, dénonçant une taxe sur la consommation populaire qui pénaliserait les classes moyennes et les petits acheteurs attirés par les prix cassés des marketplaces chinoises. LFI, d’abord réticente, a basculé pour après qu’un amendement a garanti que la taxe serait prélevée via la TVA, et donc, directement auprès des plateformes, et non auprès des consommateurs. La majorité présidentielle, le camp Horizons, les socialistes et le groupe UDR ont également voté pour, même si certains estiment la décision hypocrite, les plateformes finiront par répercuter le coût sur l’acheteur sans perdre en compétitivité.
Une mise en place ultra-rapide
En pratique, la France appliquera la taxe dès le 1ᵉʳ janvier 2026, soit neuf mois avant la plupart des autres pays de l’UE. Les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg feront de même. Montchalin assume la dimension stratégique : Ceux qui ne voteront pas cette taxe choisissent la Chine, pas nos commerçants. L’objectif budgétaire est clair : 500 millions d’euros attendus, entièrement fléchés vers le renforcement douanier.
Ce vote intervient en effet alors que Bruxelles prépare la fin de l’exonération de droits de douane pour les colis de moins de 150 €, une faille exploitée massivement par Temu et Shein. Le message politique est limpide : le temps du laisser-faire est terminé, et l’Europe veut reprendre la main sur un marché submergé par les importations low-cost.