Spotify s'apprête à augmenter ses tarifs d'abonnement aux États-Unis dès le premier trimestre 2026. Cette nouvelle hausse, la première dans ce marché depuis juillet 2024, est cruciale, selon Spotify, pour atteindre une rentabilité durable et intervient alors que l'Europe a déjà subi des ajustements majeurs. Les abonnés français peuvent-ils respirer ?
La hausse aux États-Unis : un impératif financier
L'information, rapportée par le Financial Times, est sans appel : le géant du streaming musical va relever ses prix aux US. Ce mouvement n'est pas anodin ; il est dicté par la nécessité de montrer à Wall Street une rentabilité pérenne.
Les analystes de JPMorgan estiment qu'une simple hausse de 1 $ par mois sur l'abonnement individuel américain pourrait injecter jusqu'à 500 millions de dollars supplémentaires par an dans les caisses de l'entreprise. À 11,99 $ l'abonnement Premium individuel actuel, contre 9,99 $ au lancement il y a quatorze ans, le service reste paradoxalement perçu comme sous-évalué par les acteurs du marché. Les actions du groupe, en progression notable cette année, dépendent en grande partie de ces ajustements tarifaires pour maintenir la confiance des investisseurs.
La pression constante des ayants droit et l'exemple européen
Si Spotify fait le forcing, c'est que les labels discographiques continuent de faire pression sur la plateforme, comme sur Apple Music, pour que les tarifs s'alignent davantage sur l'inflation. Leur argument est simple : la musique n'a pas suivi la même courbe que les services vidéo comme Netflix. Ce contexte de prix bas, conjugué au ralentissement de la croissance mondiale des revenus de l'industrie (divisée par deux l'an dernier), fait des hausses de prix l'unique levier de croissance immédiat.
En Europe et particulièrement en France, nous connaissons déjà ce refrain. La dernière augmentation majeure en France a eu lieu en juillet 2025. Le tarif de l'offre individuelle Premium est passé de 11,12 € à 12,14 € par mois, et la formule Famille a grimpé jusqu'à 21,24 €. Ces ajustements ont d'ailleurs fait de Spotify le service de streaming musical le plus cher du marché français, dépassant Deezer et Apple Music. Pour adoucir la pilule, Spotify avait lancé l'offre « Basic » au prix de l'ancien Premium, mais sans les livres audio.
Faut-il craindre une nouvelle majoration en France ?
La question de nouvelles hausses en France, malgré les récentes majorations de juillet 2025, reste légitime. Historiquement, une augmentation aux États-Unis est souvent le prélude à des ajustements dans d'autres marchés clés quelques mois plus tard.
Compte tenu de l'objectif non négociable de rentabilité affiché par les nouveaux co-CEO (Alex Norström et Gustav Söderström) et de la pression continue des ayants droit, il serait naïf de penser que la France est définitivement à l'abri. Les abonnés français payant déjà un prix élevé sont en première ligne. Si Spotify confirme l'efficacité du modèle de hausse aux US, la plateforme n'hésitera pas à le répliquer à nouveau pour ses formules les plus rentables.
On en dit quoi ?
Ce n'est pas la première fois, et ce ne sera certainement pas la dernière. L'entreprise, forte de son quasi-monopole de fait sur l'habitude d'écoute, fait le pari que l'inertie des abonnés est plus forte que leur mécontentement. Augmenter juste assez pour satisfaire les investisseurs et les labels sans provoquer un exode massif vers la concurrence (Apple Music, YouTube Music). La question n'est plus si les prix augmenteront encore, mais quand et de combien. Reste à voir jusqu'où la marge de manœuvre tarifaire de Spotify tiendra avant de perdre des utilisateurs qui se sentent pressés comme des citrons.
