C'est une affaire qui fait froid dans le dos et qui pourrait créer un dangereux précédent. Un youtubeur italien, Francesco Salicini, est visé par une enquête pénale et risque la prison pour avoir... testé des consoles portables chinoises sur sa chaîne. En cause : les jeux piratés pré-installés sur ces machines.
Perquisition et saisie de 30 consoles
Dans une vidéo publiée la semaine dernière, le youtubeur, connu sous le pseudo "Once Were Nerd", a raconté sa mésaventure. En avril dernier, la police financière italienne a débarqué chez lui avec un mandat de perquisition. Pensant n'avoir rien fait de mal, il a coopéré et a ouvert les portes de son studio.
Les agents ont alors saisi plus de 30 de ses consoles de jeu portables, principalement des marques chinoises comme Anbernic ou Powkiddy, ainsi que son téléphone personnel, qu'ils ont gardé pendant deux mois.
Accusé de "promouvoir le piratage"
Que lui reproche-t-on ? D'avoir violé la loi italienne sur le droit d'auteur. Le problème vient du fait que ces petites consoles, qui fonctionnent avec des émulateurs, sont souvent livrées par leurs fabricants chinois avec une carte SD contenant des milliers de jeux rétro (sous format ROMs) sans licence.
En présentant ces produits sur sa chaîne YouTube, les autorités estiment donc qu'il a fait la "promotion" de produits pirates. Lui se défend en expliquant qu'il n'a fait que des tests objectifs, sans jamais être sponsorisé, et qu'il a toujours précisé à ses abonnés qu'il fallait posséder les jeux originaux pour utiliser les ROMs.
Nintendo en embuscade ?
Pour l'instant, on ne sait pas qui est à l'origine de la plainte. Les documents mentionnent Nintendo et Sony, mais il est possible que la procédure ait été lancée directement par les autorités italiennes. Mais on le sait, la réputation de Nintendo en matière de lutte acharnée contre l'émulation et le piratage en fait le suspect numéro un pour beaucoup d'observateurs.
On en dit quoi ?
Cette affaire est une escalade terrifiante. Jusqu'à présent, les ayants droit s'attaquaient aux développeurs d'émulateurs ou aux sites de ROMs. S'en prendre pénalement à un simple "testeur" est une première, et c'est une manière de créer un climat de peur pour que plus personne n'ose parler de ces appareils.
Cette histoire pose une question de fond sur la responsabilité d'un journaliste ou d'un testeur. Doit-on être tenu pour responsable du contenu potentiellement illégal fourni avec un produit que l'on présente ? C'est une zone grise juridique franchement complexe. En l'absence de clarification, cette procédure crée un précédent dangereux pour tous les créateurs de contenu qui parlent de "retrogaming" et d'émulation. Je me sens d’autant plus concerné que c’est un sujet que j’évoque souvent, et il m’est arrivé parfois de tester ce genre de consoles.
Et vous, vous pensez qu'un youtubeur qui teste un produit est responsable si ce produit contient des éléments illégaux ?
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