L’intelligence artificielle n’est pas seulement une révolution technologique : c’est aussi un accélérateur de criminalité. Dans un rapport alarmant, Europol met en garde contre les nouvelles menaces générées par l’IA, qui pourrait remodeler le crime organisé et compliquer encore plus le travail des forces de l’ordre.
Image Europol
L’IA, un “catalyseur” pour la criminalité
Selon Europol, les groupes criminels exploitent déjà l’Intelligence Artificielle pour perfectionner leurs méthodes, que ce soit dans la cybercriminalité, le trafic de drogue, l’usurpation d’identité ou même la production de contenus pédopornographiques. Grâce aux modèles d’IA générative, ces derniers peuvent créer des deepfakes, manipuler des images explicites et diffuser leurs activités à l’échelle mondiale, dans plusieurs langues. Et ce, même en utilisant des abonnements payants comme n'importe qui...
Les qualités mêmes qui font de l’IA une révolution –accessibilité, polyvalence et sophistication– en ont fait un outil attractif pour les criminels, souligne Europol. L’agence européenne insiste également sur le blanchiment d’argent facilité par les cryptomonnaies, rendant encore plus difficile la traque des fonds illicites. Actuellement, seuls 2% des produits du crime sont récupérés par les autorités.
L'ADN même du crime organisé est en train de changer. Les réseaux criminels ont évolué vers des entreprises criminelles mondiales axées sur la technologie, exploitant les plateformes numériques, les flux financiers illicites et l'instabilité géopolitique pour étendre leur influence. Ils sont plus adaptables et plus dangereux que jamais. Enfreindre ce nouveau code pénal signifie démanteler les systèmes qui permettent à ces réseaux de prospérer - cibler leurs finances, perturber leurs chaînes d'approvisionnement et garder une longueur d'avance sur leur utilisation de la technologie. Europol est au cœur de la lutte de l'Europe contre le crime organisé, mais rester en avance sur cette menace évolutive signifie renforcer nos capacités - étendre nos renseignements, notre portée opérationnelle et nos partenariats pour protéger la sécurité de l'UE pour les années à venir.(Catherine De Bolle)
Vers un crime organisé piloté par l’IA ?
Mais la menace ne s’arrête pas là. Comme si la situation n'était déjà pas assez tendue, Europol évoque un scénario encore plus inquiétant : des réseaux criminels entièrement contrôlés par l’IA. Avec l’arrivée de l’informatique quantique, les criminels pourraient bientôt être capables de casser tous les systèmes de chiffrement actuels, leur offrant un anonymat quasi-absolu. Il s’agit d’un combat pour l’État de droit, pour nos communautés, pour nos entreprises et pour l’avenir de nos enfants, prévient Catherine De Bolle, directrice exécutive d’Europol.
Si l’IA est déjà un puissant levier pour les cybercriminels, la perspective d’un crime organisé totalement autonome et géré par des algorithmes ouvre un nouveau chapitre complètement dystopique, digne d'une série sur Netflix, si la réalité n'était pas aussi proche. La question est désormais de savoir si les forces de l’ordre sauront adapter leurs méthodes aussi vite que les criminels adoptent ces nouvelles technologies…
