Albert Saniger, ex-patron de la startup Nate, est accusé de fraude. Il aurait levé plus de 40 millions de dollars en faisant croire que son app de shopping utilisait de l’IA, alors que des travailleurs basés aux Philippines et en Roumanie géraient les commandes à la main.
Une promesse d’IA qui n’existait pas
L’application Nate se présentait comme une solution simplifiée pour faire ses achats en ligne. Un bouton, et le tour était joué. L’expérience utilisateur reposait, soi-disant, sur une technologie d’intelligence artificielle capable de passer commande automatiquement sur des sites marchands. Sauf qu’en réalité, aucune IA ne tournait derrière l’écran.
Selon l’acte d’accusation déposé par le Département de la Justice américain, c’est une équipe de plusieurs centaines de travailleurs, répartis entre les Philippines et la Roumanie, qui effectuait les achats manuellement. Autrement dit, les utilisateurs pensaient interagir avec une machine, mais c’était bien des humains qui cliquaient à leur place.
Albert Saniger à des soucis à se faire
Une levée de fonds massive, sur de fausses bases
Albert Saniger, le fondateur espagnol de la startup, aurait levé plus de 40 millions de dollars auprès d’investisseurs, en vantant une technologie inexistante. Le discours commercial parlait de modèles de deep learning et d’automatisation capable de gérer 10 000 transactions par jour.
Toujours selon l’accusation, Saniger aurait même demandé à ses employés de ne pas dévoiler l’utilisation de main-d’œuvre humaine à l’étranger. En cas de problème, comme lors d’une tempête ayant perturbé le centre aux Philippines en 2021, un second centre avait été ouvert en Roumanie pour assurer la continuité du service. Les investisseurs, eux, n’étaient bien sûr au courant de rien.
L'application Nate, qui n'était pas du tout de l'IA en fait
Jusqu’à 40 ans de prison
Albert Saniger est désormais poursuivi pour fraude sur les valeurs mobilières et fraude électronique. Chaque chef d’accusation peut théoriquement entraîner jusqu’à 20 ans de prison. Le ministère de la Justice dénonce un cas emblématique d’abus autour de la hype technologique liée à l’IA, et un détournement de fonds au détriment des investisseurs.
Cette affaire intervient dans un contexte où les promesses autour de l’intelligence artificielle attirent toujours plus de capitaux. Elle rappelle aussi que, dans les coulisses de certaines startups, les “miracles technologiques” reposent en fait encore trop souvent sur du travail manuel externalisé.
Ce genre de pratiques n’est pas nouveau. D’autres entreprises tech ont déjà été accusées d’avoir maquillé de l’intervention humaine derrière des promesses d’automatisation. Le cas Nate, lui, finit devant la justice. Trop hâte qu’on apprenne que c’est vraiment Hayao Miyazaki qui fait tous les dessins de style « Ghibli » sur ChatGPT depuis quelques semaines.