La station australienne CADA a utilisé une DJ générée par intelligence artificielle pour animer une émission pendant six mois sans le dévoiler à ses auditeurs, ce qui soulève une fois encore des questions sur la transparence dans les médias.
Workdays with Thy
CADA diffuse une DJ IA pendant six mois sans le révéler
La station de radio australienne CADA a donc récemment reconnu que l’une de ses animatrices vedettes, Thy, était en réalité une intelligence artificielle. Depuis novembre 2024, l'émission quotidienne "Workdays with Thy" était présentée par une voix synthétique, sans que cela ne soit mentionné aux auditeurs.
Ce n'est qu'après les interrogations publiques, en particulier d'une journaliste locale, que la supercherie a été dévoilée. Thy animait quatre heures d'émission par jour, mixant hip-hop, R&B et pop, atteignant quand même jusqu’à 72 000 auditeurs en mars 2025.
Une voix créée avec ElevenLabs, basée sur une salariée
Thy a été développée à partir de la technologie de clonage vocal d’ElevenLabs, en se basant sur la voix et l'apparence d'une employée du service financier d'ARN Media, propriétaire de CADA. Sur le site de l'émission, aucune mention de l’usage d’une IA n'était présente.
La direction a défendu ce choix comme une expérimentation pour explorer de nouvelles formes de contenu audio. Selon Ciaran Davis, PDG d'ARN, cette initiative avait pour objectif d’essayer de « comprendre l'impact des animatrices» sur l'engagement des auditeurs.
Polémique autour de la transparence dans les médias
Cette révélation a provoqué de vives critiques, en particulier de la part de l'Association australienne des comédiens de voix. Teresa Lim, vice-présidente de l’organisation, a dénoncé un manque de transparence, en affirmant que «la confiance des auditeurs repose sur l'authenticité».
Bien que l’Australie n’impose actuellement aucune réglementation spécifique concernant l’utilisation de l’IA à la radio, l'affaire relance le débat sur la nécessité d'encadrer ces pratiques.
La montée en puissance des animatrices IA dans les médias
CADA n'est pas un cas isolé. À Melbourne, Disrupt Radio utilise aussi une IA, Debbie Disrupt, pour animer ses programmes.
Aux États-Unis, la station Live 95.5 à Portland avait déjà introduit à titre d’expérience l’IA Ashley, clone vocal de l’animatrice Ashley Elzinga, mais en informant clairement ses auditeurs. Le succès de ces projets montre que les stations voient dans l'IA un moyen de réduire les coûts et de produire des contenus standards à grande échelle, tout en préservant une certaine interactivité.
Toutes les animatrices de CADA ne sont pas de l'IA
L'avenir de la radio à l'ère de l'intelligence artificielle
L'usage d'animatrices IA remet en fait en question le rapport à la voix humaine dans les médias. Avec des outils comme ceux d'ElevenLabs, capables de recréer des voix emblématiques (Jimmy Stewart, Burt Reynolds), la frontière entre réalité et synthèse devient de plus en plus floue.
Si certains y voient une opportunité d'innovation, d'autres alertent encore et toujours sur les risques de perte d'authenticité et de confiance. La réglementation devra sans doute évoluer pour accompagner cette mutation rapide du paysage radiophonique.