L’Assemblée générale des Nations Unies a adopté cette semaine une résolution créant deux instances inédites consacrées à l’intelligence artificielle : un Groupe scientifique international indépendant et un Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA. si António Guterres a jugé cette étape majeure, elle suscite aussi quelques réticences.
Un double dispositif pour encadrer l’IA
La résolution, adoptée par consensus, prévoit donc la mise en place d’un Groupe scientifique international indépendant de l’IA composé de 40 experts issus de toutes les régions du monde, disposant d'un mandat de trois ans. Leur mission est de procéder à des évaluations fondées sur des données probantes concernant les promesses, les risques et les impacts de l’IA, afin de fournir aux États membres des bases solides pour leurs politiques publiques.
En parallèle, sera instauré un Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA. Cet espace se veut inclusif et transparent. Il devrait permettre aux États et aux différents acteurs de débattre des enjeux internationaux liés à l’IA. L’objectif est ici de réduire les fractures numériques entre pays et garantir que l’IA contribue aux objectifs de développement durable.
Une avancée certes, mais déjà des divisions
Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a salué une avancée significative dans la gestion mondiale d’une technologie aussi prometteuse que risquée. Selon son porte-parole, Stéphane Dujarric, le Groupe scientifique agira comme un pont entre la recherche de pointe et l’élaboration des politiques internationales. Les premiers rapports seront présentés lors du Dialogue mondial sur la gouvernance de l’IA, prévu en juillet 2026 à Genève puis en 2027 à New York. Un appel à candidatures pour rejoindre le Groupe scientifique sera lancé prochainement.
António Guterres
Si la majorité des délégations ont salué cette initiative, la résolution n’a pas fait l’unanimité. L’Argentine -par exemple- s’en est dissociée, estimant que le texte comporte des éléments contraires à sa politique nationale en matière d’IA.
Comme on pouvait s'y attendre, les États-Unis ont exprimé leur opposition bien marquée, dénonçant une tentative de censure et de bâillonnement de l’innovation. Washington critique notamment les références aux ODD, jugées contraires aux intérêts américains, et refuse l’usage du terme genre, préférant celui de femmes.
Un enjeu stratégique mondial
Cette décision s’inscrit dans la continuité du Pacte numérique mondial, adopté en 2024, et illustre la volonté de l’ONU de poser un cadre international pour l’IA. Reste à voir si ces nouvelles instances parviendront à concilier les visions parfois divergentes des grandes puissances, alors même que l’IA devient un levier central de puissance économique, scientifique et militaire.