Dans la série des expériences extrêmes, Channel 4 en Angleterre n'a pas ménagé ses efforts. Lors d’un reportage diffusé lundi soir au Royaume-Uni, les téléspectateurs ont découvert qu’ils venaient de passer près d’une heure… devant une présentatrice qui n’existait pas.
Aisha Gaban
Une journaliste… entièrement générée par IA
L’émission Will AI Take My Job?, diffusée sur Channel 4 le 20 octobre, dans le cadre de la série documentaire Dispatches, explorait l’impact de l’intelligence artificielle sur le monde du travail. Pendant près d’une heure, cette vraie fausse journaliste – créée par la marque de mode virtuelle Seraphinne Vallora pour Kalel Productions – a voyagé, interviewé et narré l’émission, sans jamais exister ailleurs qu’à l’écran.
Ce n'est qu'au terme de l’émission, que la supercherie a été dévoilée : l'IA va toucher la vie de tout le monde dans les années à venir. Et pour certains, cela leur coûtera leur emploi… même à des présentateurs TV comme moi. Parce que je ne suis pas réelle. Je suis une présentatrice générée par l'IA.
Une provocation pour la réflexion
La chaîne précise que cette expérience ne sera pas répétée. L’usage d’une présentatrice IA n’est pas quelque chose que nous comptons reproduire, a expliqué Louisa Compton, directrice de l’information de Channel 4. Mais cela rappelle utilement à quel point l’IA peut être disruptive — et combien il est facile de tromper un public avec du contenu qu’il ne peut pas vérifier.
Selon Channel 4, le reportage respecte les lignes éditoriales sur l’usage éthique de l’IA, car le dévoilement final visait à interroger la confiance et l’authenticité dans les médias à l’ère numérique.
Quand l’IA menace les métiers créatifs
L’émission s’appuie sur un sondage auprès de 1 000 dirigeants britanniques : 76 % utilisent déjà l’IA pour des tâches auparavant réalisées par des humains, 41 % affirment que cela a réduit les embauches et près d’un sur deux s’attend à de nouvelles suppressions de postes dans les cinq prochaines années.
Ce reportage intervient dans un contexte de forte tension entre Hollywood et les technologies d’IA. Récemment, l’apparition de Tilly Norwood, une actrice générée par ordinateur, a déclenché la colère du syndicat américain SAG-AFTRA.
Qu'en penser ?
Avec ce coup médiatique, Channel 4 signe un coup de maître en terme de communication, mais aussi un avertissement : les frontières entre information, fiction et simulation deviennent de plus en plus floues. Et si cette présentatrice numérique visait à provoquer la réflexion, elle montre surtout que le futur du journalisme — et de l’emploi — est déjà en train de se réécrire… ligne de code par ligne de code.
