Tilly Norwood est un personnage généré par intelligence artificielle, conçu par la productrice néerlandaise Eline Van der Velden via sa société Particle6 et son nouveau studio Xicoia. Présentée comme une “actrice” virtuelle, elle soulève une vague d’indignation à Hollywood, où syndicats et comédiens dénoncent une menace pour leur métier.
Une « actrice » artificielle signée Van der Velden
Eline Van der Velden est une productrice et comédienne néerlandaise, fondatrice de Particle6, une société spécialisée dans les contenus numériques. C’est elle qui a créé Tilly Norwood, un personnage entièrement généré par IA. Pour gérer cette carrière virtuelle, elle a lancé Xicoia, présenté comme le premier studio de talents dédié aux comédiens artificiels. Tilly a été introduite lors du Zurich Film Festival, avec la promesse que plusieurs agences de cinéma envisageraient déjà de la signer.
Le syndicat des acteurs tire la sonnette d’alarme
Le SAG-AFTRA, qui représente les acteurs américains, a réagi avec fermeté. Dans un communiqué, il affirme : Tilly Norwood n’est pas une actrice mais un produit informatique, entraîné sur le travail de comédiens réels, sans autorisation ni compensation. Le syndicat dénonce une menace pour l’emploi et pour la valeur artistique du métier. L’affaire relance les craintes qui avaient déjà conduit à une longue grève en 2023, où la régulation de l’IA avait été au cœur des négociations.
Acteurs et réalisateurs vent debout
Plusieurs personnalités d’Hollywood se sont insurgées. Melissa Barrera a appelé au boycott des agences qui accepteraient Tilly. Natasha Lyonne, Toni Collette et Emily Blunt ont exprimé leur rejet, cette dernière qualifiant l’expérience de terrifiante. Whoopi Goldberg a estimé que ces créations bénéficient d’un avantage injuste puisqu’elles s’appuient sur des milliers d’acteurs existants. Pour certains, comme le réalisateur Luca Guadagnino, c’est même la fin de l’industrie telle qu’on la connaît.
Une défense assumée : l’IA comme outil créatif
Face à la polémique, Eline Van der Velden affirme que Tilly n’est pas destinée à remplacer les acteurs mais qu’elle représente une nouvelle forme d’expression artistique. L’IA est un pinceau supplémentaire, écrit-elle. Selon elle, un personnage virtuel peut coexister avec les acteurs humains, au même titre que l’animation ou les effets spéciaux. Tilly dispose déjà d’un compte Instagram suivi par presque 40 000 personnes, où elle publie des scènes fictives de faux tournages ou des photos d’une fausse vie quotidienne.
On en dit quoi ?
Le cas Tilly Norwood cristallise le débat entre innovation et authenticité. Pour ses défenseurs, l’IA n’est qu’un nouveau médium, comme l’a été les effets spéciaux. Pour ses opposants, la différence est essentielle : ici, la machine prétend se substituer à un acteur, et non enrichir son travail. Derrière cette controverse se pose une question simple : voulons-nous des films portés par des visages synthétiques, ou par des artistes capables d’apporter une expérience humaine vécue à l’écran ? Vous en pensez quoi ?
