Peter Thiel — le milliardaire cofondateur de PayPal et Palantir — vient d’opérer l’un des plus spectaculaires virages de portefeuille de l’année. Il a en effet vendu l’intégralité de ses actions, recentrant massivement ses investissements sur Apple, Microsoft et Tesla. De quoi alimenter un peu plus le débat sur une éventuelle bulle dans l’intelligence artificielle.
Pourquoi un tel désengagement ?
Peter Thiel, 58 ans, figure historique de la Silicon Valley, n'est pas n'importe quel investisseur et Nvidia n'est pas n'importe quelle société. Aussi cette vente massive de 537 000 actions Nvidia — soit 40 % du portefeuille du fonds Thiel Macro LLC — n'est pas du tout passée inaperçue.
Le dépôt réglementaire 13F transmis à la SEC révèle en effet un revirement spectaculaire, alors même que Nvidia vient de franchir un cap historique : 5.000 milliards de dollars de capitalisation, un record absolu.
Ce mouvement surprise intervient dans un contexte où de nombreux investisseurs jugent désormais excessives, les valorisations du secteur IA, et redoutent un scénario façon bulle internet 1999, une comparaison déjà évoquée début 2024 par Thiel lui-même.
L’ombre d’une bulle IA
Ce repositionnement intervient quelques jours après qu’un autre investisseur star, Michael Burry (celui du Big Short), a parié plusieurs millions sur une baisse de Nvidia et Palantir. Celui-ci accuse certaines sociétés de gonfler artificiellement leurs résultats pour soutenir leur valorisation. Là encore, Peter Thiel, avait tiré la sonnette d'alarme, jugeant bien étrange qu’en 2024, l’essentiel des revenus de l’IA provienne d’une seule entreprise : Nvidia.
Précisons que le fonds Thiel Macro LLC a été débarrassé de deux tiers de ses actifs, passant de 212 à 74,4 millions de dollars. Il n’est désormais plus composé que de trois mastodontes : Microsoft (34 %), Tesla : 39 % (malgré une réduction de 77 % du nombre d’actions) et Apple (27 %).
Et la suite ?
Cette décision pourrait aussi marquer l'évolution d'un autre courant de pensée, selon laquelle les plateformes — comme Apple ou Microsoft — offririraient des perspectives plus durables que les puces ultra spécialisées. Ainsi les modèles intégrés (OS, cloud, écosystèmes logiciels) offriraient une source de revenus plus stable et moins spéculative que dans les acteurs dépendants du cycle matériel.
En vendant massivement Nvidia au profit de valeurs plus stables et diversifiées, Peter Thiel envoie un signal clair et confirme ce que beaucoup pensent tout bas : le marché de l’IA vit peut-être une exubérance irrationnelle, où les valorisations ne reflètent plus la réalité économique. Pour le moment, on ne sait pas si ce mouvement sera vu comme le début du reflux sur les acteurs IA les plus exposés, ou un pari isolé d’un investisseur habitué aux coups d’éclat. Dans tous les cas, dans la Silicon Valley, personne n’est trop grand pour ne pas être vendu, pas même Nvidia.
