C’est l’un des plus gros deals technologiques passés cette année entre un gouvernement et un acteur privé : Amazon Web Services (AWS) vient d’annoncer un contrat pouvant atteindre 50 milliards de dollars pour équiper l’administration américaine en infrastructures dédiées à l’intelligence artificielle. Un projet titanesque qui va façonner la transformation numérique de Washington pour la décennie à venir.
Des supercalculateurs et data centers “taillés pour l'IA”
Dans le détail, AWS s’engage à construire de nouveaux data centers et supercalculateurs spécifiquement conçus pour les usages sensibles du gouvernement américain : sécurité nationale, renseignement, recherche scientifique, cybersécurité, énergie ou encore santé publique.
L’ensemble représente 1,3 GW de puissance informatique supplémentaire, en grande partie déployée dans les environnements cloud les plus sécurisés d’Amazon : GovCloud, et les régions “Secret” et “Top Secret” déjà utilisées par les agences fédérales.
Ces infrastructures pourront accéder à l’écosystème complet d’outils IA d’AWS, y compris les modèles Nova, Bedrock, ou encore Claude d’Anthropic, désormais intégré aux services gouvernementaux.
Un contrat stratégique dans la course mondiale à l’IA
Si les montants sont impressionnants, le contexte l’est tout autant. Ce contrat intervient dans un contexte de rivalité technologique croissante entre les États-Unis et la Chine, notamment autour de l’IA générative et des capacités de calcul haute performance. Le gouvernement américain multiplie les plans industriels pour sécuriser ses chaînes d’approvisionnement numériques, et ce pacte avec AWS s’inscrit clairement dans cette logique.
D’un point de vue industriel, AWS renforce également sa position dans un marché du cloud en pleine mutation, où Microsoft Azure et Google Cloud mettent désormais l’IA au centre de leurs offres. En décrochant ce contrat, Amazon rappelle qu’il reste l’acteur incontournable de l’infrastructure cloud gouvernementale.
Et la suite ?
À quoi servira réellement cette puissance ? En effet, les usages annoncés sont vastes : automatisation de la détection de menaces cyber, modélisation avancée climat-énergie, simulation scientifique, soutien à la santé publique, et outils d’analyse pour les agences de renseignement. Le tout avec un accès direct aux modèles IA les plus récents, exécutés dans des environnements hautement sécurisés.
Les premiers déploiements commenceront l’année prochaine, avec une montée en puissance progressive jusqu’à la fin de la décennie. Pour AWS, c’est un chantier exceptionnel ; pour le gouvernement américain, un investissement stratégique destiné à garder une longueur d’avance dans la bataille mondiale de l’IA.
Ce contrat n'est pas non plus sans soulever d'inquiétudes quant à la sécurité ou la fiabilité des services. La centralisation d'un tel système au sein d'un seul prestataire (qui plus est aux USA) n'est pas sans risques. Après tout, on n'est à un petit mois de la panne massive d'Amazon Web Services qui a paralysé une grande partie d'Internet. De Snapchat à Reddit en passant par Disney+, des services majeurs étaient inaccessibles. Mais on a appris par la suite qu'il ne s'agissait pas d'une attaque, mais d'un bug logiciel interne et d'une automatisation défaillante.
