HP a annoncé un vaste plan de restructuration qui marque un tournant majeur dans l’histoire récente du groupe. L’entreprise prévoit en effet de supprimer 4 000 à 6 000 emplois d’ici la fin de l’année 2028 — soit un peu plus de 10 % de ses effectifs mondiaux — pour réorienter ses activités vers l’intelligence artificielle. L’objectif est de miser sur l’automatisation, booster la productivité et réaliser environ 1 milliard de dollars d’économies annuelles.
Une restructuration motivée par l’IA
Cette annonce, qui intervient dans un contexte de transformation profonde du secteur, est l’une des premières à établir publiquement (et sans fioriture) un lien direct entre adoption de l’IA et réduction du nombre de salariés. Une transparence rare, qui risque d’alimenter le débat sur l’impact de l’automatisation dans les grandes entreprises tech.
HP assume désormais ouvertement qu’une partie de sa main-d’œuvre sera progressivement remplacée par des outils et workflows basés sur l’intelligence artificielle. Selon la direction, cette stratégie doit permettre d'améliorer la satisfaction client, d'accélérer l’innovation produit, d'accroître la productivité, et de réduire les coûts internes grâce à l’automatisation.
Mais la transition ne sera pas sans frais. Le groupe anticipe 650 millions de dollars de coûts de restructuration, dont 250 millions dès l’exercice fiscal 2026. Un investissement nécessaire, selon HP, pour adapter l’entreprise à un marché où l’IA devient un moteur central de croissance.
L’IA dynamise les ventes… mais fragilise la chaîne d’approvisionnement
Si l’IA rationalise en interne, elle tire aussi les ventes vers le haut. HP affirme que les PC compatibles IA représentent désormais plus de 30 % de ses livraisons au quatrième trimestre fiscal 2025. Cette progression rapide confirme l’appétit du marché pour ces machines dopées et ces assistants intégrés.
Mais cette ruée vers l’IA crée un revers : la pression immense sur la chaîne d’approvisionnement des semi-conducteurs. La course aux serveurs et aux infrastructures IA menée par les géants du secteur provoque une pénurie de RAM et de puces NAND, éléments clés des datacenters modernes. Enrique Lores, CEO de HP, craint une flambée des coûts à partir du second semestre 2026, les stocks actuels permettant seulement de tenir les premiers mois de l’année fiscale.
Pour contenir cette hausse des coûts, HP prévoit une stratégie en plusieurs volets : diversification vers des fournisseurs moins coûteux, réduction des configurations mémoire sur certains modèles, et ajustements tarifaires, afin de préserver les marges. Cette approche prudente mais offensive devrait permettre au constructeur de rester compétitif tout en poursuivant sa montée en puissance dans les produits orientés IA.
Et la suite ?
Avec ce plan de restructuration massif, HP se place clairement dans la course mondiale à l’intelligence artificielle. Les milliers de suppressions de postes s’inscrivent dans une transformation où les entreprises se réorganisent pour adopter, intégrer et exploiter l’IA à grande échelle.
Si la stratégie comporte des risques — sociaux, financiers, et industriels — elle témoigne aussi d’une volonté de ne pas rester en retrait dans un marché en pleine reconfiguration, où la valeur se déplace rapidement vers les services et appareils IA-natifs.