Des rumeurs insistantes confirment ce que l’on redoutait depuis des années : Apple va abandonner le Mac Pro. Entre mises à jour intermittentes, redesigns courageux et oublis puis retours en grâce, les fans du Mac Pro ont vécu toutes les émotions. Il va falloir sans doute passer à la tristesse du deuil.
C’est Mark Gurman qui nous l’a annoncé : le Mac Pro ne sera pas renouvelé. Ce n’est malheureusement pas une surprise. Tous les amoureux du Mac Pro l’avaient bien compris depuis un certain temps : le Mac Pro n’est plus un produit dont se soucie Apple. À tel point que j’avais milité pour sa disparition du catalogue il y a quelques semaines.
Un faux Mac Pro
En effet, le dernier Mac Pro avec sa puce M2 Ultra ne correspond pas à ce qu’est un vrai Mac Pro. L'impossibilité de changer la RAM et d’avoir une vraie carte graphique de dernière génération rendait cet ordinateur totalement bizarre. Si l’on regardait de plus près, ce Mac Pro n’était au final qu’un Mac Studio. Cette immense tour ne sert alors à pas grand-chose. Ce Mac Pro était une telle déception que nous lui avions donné la note de 3/10. Comme le disait Vincent dans sa news, au final, les processeurs Apple Silicon ont tué le format tour.
Même si cette nouvelle est triste, profitons-en une dernière fois pour nous remémorer les meilleurs ordinateurs au format tour d’Apple.
Ordinateur 3M
Le Xerox Alto, un ordinateur qui avait plus de 10 ans d'avance.
On peut retracer les origines du Mac Pro au concept de Workstation 3M. Au début des années 80, des universitaires américains décrivent un ordinateur idéal. Prenant exemple sur le XEROX Alto, qui inspirera lui-même grandement Steve Jobs dans la création du Lisa puis du Macintosh, ils décrivent ce que doit être cette Workstation 3M. Le terme 3M décrit un ordinateur avec un affichage avec plus d’un million de pixels (soit une résolution carrée de 1024x1024), avec plus d’un mégaoctet de RAM et un processeur capable de plus d’un million d’instructions par seconde.
Enfin, certains ajoutent une dernière contrainte : il doit coûter moins d’un mega penny, soit 10 000 $.
Quand Steve Jobs quitte Apple en 1985 et fonde la société NeXT, il a pour objectif de faire la meilleure machine 3M, qui sera le NeXT Cube. Il est d’ailleurs présenté lors de la keynote, mot pour mot, comme une machine 3M.
Mac II
Du côté d’Apple, on ne chôme pas malgré le départ de Steve Jobs. Le premier ancêtre du Mac Pro pourrait être le Mac II. En effet, c’est un des premiers Mac modulables avec des baies d’extension pour ajouter des cartes supplémentaires. Avec son écran couleur et son disque dur intégré, il fait faire un bond en avant à la plateforme Mac. Son prix élevé le met en concurrence directe avec les stations de travail de SUN.
Mac IIfx
Le Mac IIfx est à l’époque le Mac le plus puissant jamais sorti et aussi le plus cher, avec son prix commençant à 9 000 $. Il exploite le puissant processeur 68030 (d’où le x dans le nom) cadencé à 40 MHz. Avec ses huit slots de RAM, il permet un total maximum de 128 Mo, largement suffisant pour l’époque (il est livré avec 4 Mo).
Il est aussi connu pour avoir été utilisé par le studio ILM pour effectuer une partie des effets spéciaux du film Terminator 2.
Power Mac G3
Je vous fais grâce de la longue liste de Power Macintosh (et de Quadra…) pour passer directement au Power Mac G3. Apple en profite pour louer sa rapidité, en tournant en dérision les concurrents. On se rappelle des pubs montrant des escargots estampillés Intel Pentium II par exemple.
Largement inspiré par le design en plastique translucide de l’iMac sorti quelques mois plus tôt, il marque la différence avec les Power Mac précédents. Avec ses poignées rappelant l’iMac, elles sont cette fois-ci utiles pour transporter la tour. Petit élément bizarre : c’est le seul Mac avec un port FireWire et un port ADB, démontrant son statut de modèle de transition. Le Power Mac G3 sera la base sur laquelle tous les futurs ordinateurs de type tour seront construits.
Power Mac G4
Premier Mac avec processeur PowerPC G4, cet ordinateur est surpuissant. C’est d'ailleurs à partir de cette génération que Steve Jobs annoncera les Power Mac, et ensuite Mac Pro, en disant que c’est l’ordinateur le plus rapide du monde.
Le PowerPC G4 est d’ailleurs interdit à l’exportation dans certains pays, car le gouvernement américain les considère comme des superordinateurs. Le Power Mac G4 abandonne les couleurs intenses pour un look un peu moins excentrique. Il est rapidement adopté par les professionnels, notamment les graphistes et les monteurs vidéo grâce à sa puissance de calculs et la possibilité d’ajouter une grande quantité de RAM.
Power Mac G5
Il faudra attendre quatre ans pour l’arrivée du Power Mac G5 en juin 2003. On oublie le plastique et on dit bonjour à une tour tout en aluminium. Le design est minimaliste et magnifique. Ce design iconique sera appelé la râpe à fromage par les amoureux de la marque (cheese grater), design qui restera une inspiration pour les générations suivantes. La tour est plus grande que son prédécesseur mais c’est surtout pour permettre une meilleure dissipation de chaleur. En effet, le PowerPC G5 a tendance à beaucoup chauffer (c’est en partie pour cela qu’il n’arrivera jamais sur les portables). Neuf ventilateurs permettent un flux d’air optimum tout en limitant le bruit.
Il est certes beau mais il en a aussi dans le ventre. C’est un monstre de puissance grâce au tout nouveau PowerPC G5. Avec sa RAM deux fois plus rapide que sur la génération précédente, aucun ordinateur de l’époque ne le surpasse. Par la suite, nous avons eu droit à une version avec refroidissement liquide. Hyper modulaire et surpuissant, ce design est la quintessence du Mac au format tour.
Mac Pro 2006
Avec le passage aux puces Intel, les ordinateurs changent de nom. Finis les iBook, nous avons les MacBook. Il en est de même pour les Power Mac qui s’appellent simplement Mac Pro. La première génération de Mac Pro garde le même châssis que le Power Mac G5 en ayant moins de ventilateurs. Il garde toutes les qualités de son prédécesseur et est souvent considéré comme la meilleure génération de Mac Pro avec le Power Mac G5.
Mac Pro 2013 : Trashcan
Vous imaginez la déception des possesseurs de Mac Pro quand ils voient la version sortie en 2013, surnommée trashcan à cause de sa forme rappelant une poubelle. Bien qu’il soit très puissant à sa sortie, permettant entre autres de faire du montage vidéo en 4K en temps réel, au fur et à mesure des années l’ordinateur devient vieillissant.
On lui reproche, entre autres, de surchauffer à cause de son design atypique et qu’il ne peut pas être étendu avec des cartes. Impossible aussi d’ajouter des disques durs supplémentaires. Beau, tout petit, cylindrique, il ne ressemble à rien d'autre sur le marché. Il rappelle le Power Mac G4 Cube, il aura malheureusement le même succès.
J'ai toujours préféré le Mac Pro 2013 sans sa coque. Image BasicAppleGuy
Enfin, Apple le laisse tel quel au catalogue pendant des années sans le faire évoluer ni baisser son prix. C’est à partir de ce moment-là que l’on commence à parler de rumeurs concernant la fin du Mac Pro.
Ce n'est pas gentil de se moquer. Image BasicAppleGuy
Mac Pro 2019
Conscient du désamour vis-à-vis de la trashcan, Apple décide de frapper fort avec la version 2019 en repartant d'une feuille blanche. Elle signe le retour à un format tour classique et Apple a écouté les professionnels, en formant notamment une division Pro Workflow Team.
Il rappelle les Power Mac G5 et le Mac Pro qui a suivi en 2006. Avec ses trous caractéristiques, tout est fait pour bien faire circuler l’air afin de refroidir ses processeurs Xeon. Cependant, contrairement aux versions précédentes, le Mac Pro de 2019 est extrêmement cher, même pour les professionnels. Surtout si vous voulez des petites roulettes pour le déplacer vendues 400 $…
Mac Pro 2023
Nous voilà donc avec ce qui sera sans doute la dernière version du Mac Pro. Une triste fin comme vous allez le voir. On garde la même tour que pour la version 2019 et on fait passer le Mac Pro aux processeurs Apple Silicon. Cependant, nous perdons beaucoup au change, notamment au niveau de la modularité. C’est comme si Apple avait mis un Mac Studio dans une grande tour, qui au final n’a plus aucun intérêt. Et comme pour les générations précédentes, il n’a pas été mis à jour, restant avec son processeur M2 Ultra quand toute la ligne est passée au minimum au M4, sinon au M5.
Ainsi, le Mac Studio semble être la solution d’Apple pour les clients les plus exigeants. Mais ceux qui veulent de la puissance brute et de la modularité passeront leur tour. Ainsi, Apple ne pourra plus annoncer au monde entier avoir à son catalogue l’ordinateur le plus rapide du monde. Et c’est bien dommage.
Et vous, que pensez-vous de la mort probable du Mac Pro ?
Un véritable système domestique d’alimentation plug-and-play qui intègre la production d’énergie photovoltaïque ainsi que la charge et la décharge bidirectionnelles.
