Ce n'est pas tous les jours qu'on a entre les mains le meilleur drone du marché. Le Mavic Pro 4 rassemble en effet tout le savoir-faire de DJI en un seul produit qui offre une polyvalence exceptionnelle.
Le constructeur nous a confié la machine quelques semaines avant sa sortie, de quoi aiguiser notre appétit pour les belles images, et surtout, nous faire presque oublier les Mavic Air et autres Mini que l'on utilise pourtant quotidiennement.
Que pour les pros !
En 10 ans, la gamme de drones DJI s'est bien étoffée, en grande partie à cause de la réglementation, toujours plus sévère à l'égard des pilotes.
Le segment des moins de 250g domine actuellement le marché amateur et prosumer pour une raison simple : ce sont les seuls modèles que l'on peut encore faire voler sans se faire embêter et sans devoir vendre un rein pour une formation.
Même la gamme Air, autrefois plébiscité par les youtubers, demande désormais des certifications payantes, des déclarations dans chaque Etat, et des restrictions de vol que je juge largement excessive. Pour les drones comme le Mavic Pro dont le poids dépasse le kilo, c'est encore pire.
Voici un petit rappel ces différentes catégories :
• C0 < 250 g (Mini) : lecture de la notice obligatoire, utilisation en zone ouverte, vol à vue, altitude max 120 m, survol des personnes autorisé (sauf regroupement) • C1 250 g à 900 g (Air) : Formation A1 / A3 obligatoire, vol à vue, altitude max 120 m, survol des personnes toléré si involontaire • C2 900 g à 4 kg (Pro) : Formation A2, Vol proche des personnes interdit, vol à vue, altitude max 120 m
Vous l'avez compris, ce Mavic 4 Pro se destine donc à des professionnels ou amateurs très motivés, essentiellement pour usage commercial -ce qui réduit de facto le spectre d'utilisation. Avec les nouvelles loi européennes pour 2026, il faudra même remettre la main à la poche pour de nouvelles formations...
Si l'on comprend la nécessité d'encadrer un minimum la pratique, je trouve qu'on a atteint un sommet en matière de restriction et de réglementations en Europe, au point que même certains professionnels finissent par préférer l'amende plutôt que de se plier à une régle qui change presque tous les ans. Les accidents de drones restent excessivement rares et généralement sans conséquence, cette inflation de loi est donc tout simplement incompréhensible au regard de la réalité de la pratique...
Design : un condensé technologique !
Esthétiquement, le Mavic 4 Pro rappelle beaucoup de Mavic 3 Pro, avec son format compact, mais qui reste massif comparé au reste de la gamme.
Face à un mini, qui se glisse au fond d'un sac, ce drone est bien plus volumineux, et surtout, plus lourd -on a mesuré plus d'un kilo sur la balance. La sacoche est donc indispensable pour le transporter, d'autant qu'avec la télécommande, les batteries, le chargeur et les accessoires, c'est plutôt 3-4 kilos à transporter !
DJI a toujours impressionné par la simplicité de ses produits, rappelant beaucoup le savoir-faire d'Apple : il suffit de déplier le drone pour qu'il s'allume et émette ses petits bip d'initialisation.
On retrouve toujours le gros bloc de caméras à l'avant (on va y revenir), les capteurs de tous les côtés (avant, arrière, dessus, dessous et sur les côtés...), ainsi que la connectique habituelle (USB C et micro-SD). La batteries s'entiche à l'arrière, bref, comme avant.
La vraie nouveauté, c'est donc cette nacelle, qui tourne désormais à 360 degrés ! A chaque démarrage, elle vous dévoile d'ailleurs sa petite danse de calibration, qui confirme qu'elle peut se pouvoir dans tous les sens.
Enfin, on notera la présence d'un LIDAR sur l'aile avant droite, mais nous y reviendrons plus bas.
Des capteurs de boitier !
Venons-en donc à ce qui nous intéresse le plus : les capteurs ! Depuis le rachat en 2017 d'Hasselblad (célèbre constructeur suédois dont les appareils ont été utilisés sur la Lune entre 1969 et 1972 par les astronautes de la NASA !), le fabricant chinois a carrément transformé ses drone en appareil photo et caméra de pointe.
Le capteur principal (équivalent 28mm) reste le maître à bord avec une ouverture variable à ƒ2 et un capteur géant de 4/3" et 100MP, capable de shooter en 6K60 HDR et de prendre des photos en 25MP.
Le zoom x2,5 ne bouge pas, avec toujours une optique équivalente 70mm, et un capteur 1/1.3" de 48MP qui ouvre à ƒ2.8, ce qui reste excellent pour un téléobjectif.
Mais le plus intéressant se trouve plutôt du côté du 6x, équivalent 168mm et qui passe désormais sur un capteur 1/1.5" de 50MP (contre 12 précédemment) et ƒ2.8 (contre 3.4 sur le Mavic 3 Pro). En basse lumière, cette optique fait des merveille, grâce à une belle ouverture, chose rare sur les drone.
Une nacelle qui se la joue FPV !
Je vous le disais en préambule, la principale nouveauté du Mavic 4 Pro, c'est donc sa nacelle, capable de tourner à 360°.
Elle ne verra toujours pas derrière le drone, mais il est possible de filmer littéralement dans tous les sens, comme par exemple de regarder très haut, sous une toiture, une montagne... Bref, seul le corps du drone définira la limite à l'observation et au mouvement.
Mieux encore, DJI permet désormais de l'orienter et de créer une sorte de roulis forcé. Vous pouvez donc filmer avec un angle spécifique et non uniquement calé sur l'horizon. On peut même faire varier le roulis pendant le vol (bouton C1 et la molette de droite en simultané), même si l'effet n'est pas aussi rapide qu'escompté.
En accélérant certains plans, il est alors possible d'avoir un rendu un peu FPV (vue à la première personne), avec des plans type aviation (et non hélico). Vous pouvez même angler un peu la caméra pour donner un effet de style à vos image... Gadget ou pas, à vous de me dire, mais sachez que vous pourrez filmer la tour de Pise droite, si vous le souhaitez vraiment.
Un LIDAR pour voler de nuit
C'est la mode ou plutôt, la conséquence de la baisse des prix et de la miniaturisation (il y en a même sur l'iPhone), les LIDAR sont désormais partout, même sur les tondeuses à gazon !
Ces rayons laser invisibles sont utilisés sous forme de balayage pour créer un environnement en 3D. Contrairement aux caméras qui n'ont qu'une vision plate de l'environnement (sauf à utiliser des caméras binoculaires très spécifiques), un LIDAR peut percevoir des objets de façon très précise, y compris quand le drone ne bouge pas.
En pratique, cela permet à notre Mavic 4 Pro de se déplacer même quand le signal satellite n'est pas bon -en intérieur, sous un pont, dans une grotte- ou carrément de nuit. Nous avons testé en soirée (avec succès), mais je n'ai pas eu l'audace de le tenter dans la nuit noire -il fallait rendre l'appareil en bon état, m'a-t-on dit.
Plus prosaïquement, quand le temps se gâte et que la batterie est faible, cela évite au drone de monter très haut pour revenir à son point de départ sans risque : il peut frôler le sole et réduire l'utilisation de l'énergie.
Le drone à tout faire
Outre la qualité des images (on va y revenir), l'intérêt de choisir un Mavic 4 Pro plutôt qu'un mini, c'est évidemment pour ses capacités en vol, notamment quand le terrain est compliqué.
Par exemple, nous avons filmé dans des départements comme le Gard ou encore en Espagne (près de Roses) avec des vents dépassant les 70/80Km/h. Le Mavic 4 Pro n'a pas bronché, et l'image est restée quasi stable, quelque soient les conditions -au pire, une petite retouche en post-prod, et le tour est joué.
Autre atout de ce modèle, il peut suivre les voitures à des vitesses élevées, jusqu'à 40/50Km/h avec du vent par exemple, et même 70 km/h si le temps est plus clément. Cela évite de rouler à 10/20Km/h pour faire ses plans, et gêner toute la circulation.
A ce propos, le drone peut traquer les voitures jusqu'à 200m y compris avec le zoom 6x. L'IA intégrée permet même de perdre la voiture quelques secondes derrière un arbre ou un pont et de revenir ensuite la récupérer à l'image. Ça marche diablement bien, même si c'était déjà très efficace sur les modèles précédents.
En plus de son célèbre ActiveTrack (qui permet de suivre des personnes, des véhicules, des animaux...), DJI propose aussi ses fameux dronies, des animations pré-enregistrées pour réaliser des figures autour de l'objet traqué. Quand on n'a pas le temps de faire un joli plan, c'est pratique et automatisé.
Des images bluffantes !
Si les mini/air parviennent à obtenir des images de qualité, comparable à ce qu'on produit avec un iPhone, le Mavic 4 Pro ne joue clairement pas dans la même cour.
Même avec un profil d'image standard, la qualité est bluffante, les images offrent un niveau de détail assez impressionnant, notamment grâce à un débit assez correct par défaut (78,12 Mbit/s en 4K60). En HDR/HLG ou en LOG, on grimpe à 100Mps (4K60 toujours).
Plus impressionnant encore, la dynamique est exemplaire, même sans activer le HDR. Nous avons filmé des paysages souvent compliqué en terme d'exposition, comme des montages enneigées avec des zones de sapins et de rochers, ou encore des contrastes eaux/forêt, pas toujours facile à immortaliser sans zones brûlées ou sous-exposées.
Pour être franc, je n'ai filmé presque qu'avec du HDR (sans LOG), car je trouve le réglage par défaut bien balancé. Les couleurs restent réalistes et les ombres débouchées sans excès. Le HDR moderne n'a plus rien à voir avec les premiers formats dont le rendu était rarement fidèle à la réalité. Surtout, on a désormais les écrans (Smatphone, TV, ordinateur...) offrant enfin du vrai HDR (au moins 1000 nits) pour apprécier cette grande plage dynamique.
De nuit, le Mavic 4 Pro est tout aussi excellent. Imaginez un peu, le capteur principale offre 16 stops, 14 en zoomant en x2,5 et encore 13 stops en 6x... Certaines images prises avec le drone font passer le zoom de l'iPhone 16 Pro pour un appareil presque dépassé ! Dès que la nuit tombe, il est même obligé de repasser sur le capteur principal pour avoir assez de lumière, alors que chez DJI, le zoom X6 offre un rendu digne d'un bon boitier vidéo !
Mieux encore, la qualité du capteur principal et son excellente stabilisation permet même d'utiliser le Mavic 4 Pro comme... une caméra classique ! On regretterait presque de ne pouvoir le fixer à un pied, mais avouez que l'image n'a rien à envier à un GH7 ou même un petit Canon.
Vous en voulez encore ? En s'amusant un peu, on peut même obtenir de très beaux plans de coupe et même un peu de macro en s'approchant des plantes ou des sujets... J'étais vraiment étonné par la polyvalence de capteurs qui ne sont a priori pas destinés à filmer de façon aussi classique.
Mon coup de coeur penche vraiment pour le zoom optique 6x, la focale la plus intéressante pour les plans de loin. Vous pouvez filmer une voiture, un plateau, un paysage avec une qualité tout à fait excellente alors que le drone est situé à plusieurs centaines de mètres ! Cela évite par exemple d'avoir le son des hélices dans les micros ou alors de filmer de façon assez furtive des scènes de loin... tout ce qui manque aux modèles mini !
RC 2 Pro : la télécommande ultime
Pour contrôler votre Mavic Pro 4, vous avez plusieurs possibilités, la plupart optant pour la télécommande de base, la RC2 que l'on connait déjà, avec son écran intégré.
Avoir du matériel dédié (plutôt qu'un smartphone) permet de démarrer très rapidement le vol et évite les bugs inhérent à l'appareil ou à la batterie. L'écran est aussi plus grand (sauf à utiliser un iPad) et bien plus confortable côté positionnement.
DJI a profité du lancement du Mavic 4 Pro pour dévoiler la RC Pro 2, une évolution bienvenue de la RC2. L'écran est plus grand (7"), et grimpe jusqu'à 2000 nits. C'est à la fois bien utile en extérieur, mais surtout, cela permet de visualiser le vrai HDR, chose impossible avec les 700 nits de la RC2.
J'aime aussi beaucoup la molette supplémentaire (idéale pour l'exposition), le bouton retour et l'écran qui se déplie, ce qui évite de devoir ranger les joysticks sous la manette.
Enfin, l'écran peut basculer en mode portrait, ce qui est de plus en plus utile pour les vidéos destinées aux réseaux sociaux. Sur la RC2, vous perdez la moitié de la surface de l'écran...
Mieux encore, on peut même connecter un DJI Mic à la télécommande, qui est en fait un véritable petit smartphone sous Android, avec connexion Bluetooth et WiFi. Voilà encore une raison de transformer ce drone en véritable caméra principale !
Batterie et autonomie (de géant)
Nous avons reçu le Mavic 4 Pro avec son pack de 3 batteries et son chargeur intégré, un kit bien pratique pour faire durer les vols.
Le chargeur accepte jusqu'à 100W en USB C et 230W sur secteur. L'USB C reste très pratique avec une batterie externe ou les ports USB C des véhicules modernes, dont la puissance est désormais souvent entre 50 et 100W. Les temps de charge varient donc entre 50mn (1 batterie) et 90mn (les 3 batteries déchargées), ce qui est largement suffisant pour voler indéfiniment en faisant tourner les accus.
Côté autonomie justement, DJI annonce 51mn, nous avons plutôt mesuré 41mn en filmant en 4K60 et avec un vent assez présent. C'est donc tout à fait dans les clous, et même largement suffisant pour la plupart des tournages exigeants, d'autant que je drone rentre rapidement à la base pour changer de batterie.
Bilan : le nouveau drone de référence
Je retiens une chose du passage d'un DJI mini/Air au Mavic 4 Pro : les petits drones ont encore du chemin à faire pour prétendre les remplacer de sitôt !
En termes de qualité d'image, de résistance en vent, de vitesse, d'autonomie, de technologie et finalement, de polyvalence, ces modèles n'ont pas vraiment d'équivalent. Rien que pour le zoom ou le suivi de véhicule à haute vitesse, cela peut suffire à justifier leur achat. Evidemment, le terme Pro n'est pas ici galvaudé, car ces drones sont effectivement réservés aux spécialistes du secteur.
Du coup, outre l'encombrement, son seul défaut se limite... à la réglementation. En tant qu'amateur, il devient coûteux et compliqué de faire voler ces aéronefs, surtout sans intérêt commercial. Nul doute que le législateur pousse à fermer le marché de cette catégorie de gros drones au public, sous couvert de sécurité. Cela étant, le drone est-il vraiment devenu un produit grand public, qui mérite autant de restrictions de vols ? Pas sûr. En revanche, cette surenchère de règles et de loi poussent au contraire à les enfreindre, même chez certains professionnels.
Peut-on encore faire mieux que le DJI Mavic 4 Pro ? Avec son capteur géant, ses 3 optiques et son zoom 6x, il ne manquait sans doute qu'un LIDAR pour compléter le tableau. Puissant, rapide, efficace, autonome, polyvalent, résistant au vent... Seule la réglementation pèse dans la balance et réserve ce modèle aux professionnels, sauf... à contourner la loi.