Apparues très récemment, les caméras à 360° sont de plus en plus populaires, permettant de filmer dans toutes les directions sans devoir cadrer le moins plan.
Si elles s'avèrent bien utiles pour certains créateurs et sportifs sur les réseaux sociaux, leur utilité pour les particuliers est loin d'être une évidence, comme on va le voir dans ce test de la toute nouvelle DJI Osmo 360. Le célèbre fabricant de drones et autres stabilisateurs a en effet mis tout son savoir-faire dans ce modèle, que l'on a pu utiliser pendant plus de 3 semaines.
Filmer à 360°, pour quoi faire ?
La question peut sembler étrange, mais c'est souvent la première que l'on me pose quand je sors mon Osmo 360 pour faire quelques images : ça sert à quoi ?
Avec son double-capteur situé de part et d'autre du boitier, le caméra peut en effet filmer dans toutes les directions, du sol au plafond, et sans coupure, même si cette dernière se voit légèrement au montage.
Autre détail amusant, la perche télescopique est masquée directement par la caméra au moment de la prise de vue, ce qui donne cet effet étrange d'une main qui semble tenir une caméra fantôme.
L'idée est donc d'obtenir une image à 360°, ce qui permet de visualiser l'ensemble de la scène, comme dans un casque VR. Pourtant, la vocation première n'est pas tellement l'utilisation d'un Vision Pro, mais plutôt, de pouvoir recadrer l'image au moment du montage.
Par exemple, si je fais une randonnée, je peux à la fois me filmer, mais aussi les enfants, et également le paysage tout autour. En clair, vous n'avez pas besoin de choisir votre cadrage, même s'il faudra décider de l'image au moment du montage.
L'intérêt est encore plus net chez les créateurs de contenus, habitués à se filmer seuls, et qui doivent également enregistrer leur environnement. Le premier à le faire était sans doute Antoine de Maximy dans l'émission J'irai dormir chez vous qui devait à l'époque porter 15kg de matériel et au moins 2-3 caméras. Désormais, une simple perche à selfie peut faire l'affaire !
Un boitier compact, bien pensé et fragile
Contrairement à l'Insta360 qui se présente sous forme d'un boitier très effilé, l'Osmo 360 ressemble plutôt à une caméra d'action à deux objectifs. Ses dimensions sont d'ailleurs très compactes, elle tient parfaitement dans la main.
D'un côté, on retrouve un port USB C qui sert à la fois à la recharge et pour le transfert des données. De l'autre, un emplacement pour la batterie et la carte SD, que l'on peut sortir séparément.
La batterie est la même que dans l'Osmo Action que l'on avait testée aux USA mais elle est plus dense (1950 mAh contre 1 770 mAh). Cela permet toutefois d'utiliser les accus que l'on possède déjà.
Autre atout de cette caméra, elle reprend la fixation de l'Osmo Action, avec le double système de vis et d'attache semi-magnétique, bien plus pratique que les GoPro. Là encore, on peut utiliser des vis classiques (1/4”) ou ses fixations de l'écosystème DJI, bien vu !
La caméra résiste à l'eau et peut être plongée à 10 mètres de profondeur (IP68). On l'a testé avec succès dans la mer et la piscine, sans dommage apparent.
Seul véritable défaut, les optiques sont très proéminente et sortent largement du boitier. A la moindre chute, c'est la rayure assurée, ce qui n'a pas manqué d'arriver lorsque la perche a glissé de son support de vélo...
La sanction a été immédiate, avec une rayure sur l'optique, qui n'était pas protégée et ne sera pas changeable facilement, contrairement à l'Insta360 qui propose des protections bien plus efficaces. D'ailleurs, je trouve le boitier assez sujet aux rayures, avec un plastique dur et peu caoutchouteux. C'est dommage, car à ce prix là, on a vite fait de l'abimer...
La face avant accueille donc un écran tactile et deux boutons -un rond pour l'enregistrement (même caméra éteinte) et un carré pour changer d'angle.
L'écran tactile n'est pas très grand mais suffisant pour les réglages. Je vous ai mis quelques captures des différents menus : choix de la prise de vue, visualisation des clips à 360°, choix du micro, reconnaissance gestuelle, minuterie, format (D-LOG/10Bit), verrouillage, mode manuel... C'est un peu juste pour vraiment voir ses clips correctement, mais ça dépanne pour supprimer les vidéos en cas de stockage saturé.
Malgré les reflets, l'écran est bien visible en plein soleil, là où un iPhone a tendance à s'éteindre à la moindre surchauffe. Les accès rapides depuis les bords sont très pratiques, mais c'est du connu chez DJI pour ceux qui ont déjà testé l'Osmo Action notamment.
8K et gros capteur : oui, mais !
Les spécifications de l'Osmo 360 sont sans aucun doute les meilleures du marché, DJI ayant combiné ici tout son savoir faire en matière de capteur, de stabilisation et d'optique -n'oublions pas que le groupe chinois a racheté Hasselblad il y a quelques années déjà.
• Double-capteur CMOS 1,1" 8K natif • Photosites de 2,4 microns (le double de la concurrence) • D-Log M 10 bit • 13,5 stops de dynamique • ƒ1,9
Vous l'avez vu dans la vidéo, les images produites sont impressionnantes, la dynamique est excellente : avec les glaciers dans le fond et les paysages plus sombres sur la même image, aucun plan n'est brûlé ou bruité... Nous avons testé la caméra dans de nombreuses configurations et ces gros capteurs font vraiment des miracles.
En soirée, l'ouverture ƒ1,9 combinée à ces gros photosites (2,4 µm) permet d'offrir une image très exploitable, tout en conservant une bonne dynamique. Vous l'avez vu dans la vidéo, même avec les montages éclairées par un soleil couchant, cette scène compliquée offre un rendu tout à fait satisfaisant.
En revanche, de nuit ou en toute fin de soirée, il faudra activer le mode SuperNight limité à 30FPS, ce qui permet de faire grimper les ISO sans trop dégrader le rendu. Ce n'est pas parfait, mais bien meilleur qu'avec n'importe quelle caméra concurrente. Malgré cela, je trouve le traitement logiciel de l'iPhone un peu meilleur en basse lumière, preuve que DJI peut encore faire évoluer son produit via de simples updates software.
Seul vrai regret, les images sous-marines sont assez médiocres. Difficile de savoir pourquoi, mais on dirait que les optiques sont inadaptées à l'immersion, là où même un iPhone ou une simple GoPro s'en sort nettement mieux. Pour filmer les enfants sous l'eau, on oublie !
Micros et accessoires
Suivant les packs choisis, l'Osmo 360 est livré avec quelques accessoires bien pratiques, comme la perche, la fixation magnétique, la protection des lentilles ou encore la housse de transport.
Cette pochette n'est pas très pratique, car en dehors du câble USB, elle ne permet pas de caser autre chose que la caméra... même une batterie, ça ne rentre pas ! Et il faudra détacher la perche pour l'insérer... Bref, je ne l'ai presque pas utilisée.
Vous pouvez également opter pour le chargeur de 3 batteries simultanées, bien utile pour enchaîner les prises de vues. Il se charge en USB C et indique l'état de charge de chaque accumulateur.
Les micros intégrés sont d'assez bonne qualité, comme vous avez pu le voir dans la vidéo, mais pour un meilleur son, il vaut mieux un micro dédié. Ça tombe bien, les DJI Mic sont 100% compatibles avec la caméra et s'appairent automatiquement ! Vous pouvez même utiliser vos AirPods ou tout autre dispositif bluetooth, mais la qualité ne sera pas forcément idéale -surtout les AirPods.
Où fixer la perche ?
Lors de mes différents tests, un problème récurrent s'est posé, à savoir de trouver le bon emplacement pour la perche.
Le plus simple est évidemment de la tenir à la main pour s'exprimer devant la caméra, mais pour des plans plus longs, c'est un peu casse-pied, surtout si l'on a besoin de ses deux mains pendant l'activité.
On peut évidement la coincer dans le sac à dos, mais la caméra ne filmera alors pas votre bobine. Pour les vues façon drone, c'est sans doute le moyen le plus efficace.
Pour les sports mécaniques, il faut donc trouver des supports adaptés. DJI en propose, mais l'on trouve aussi de nombreuses attaches pour VTT, moto, voitures etc. dans le commerce, parfaitement compatibles.
En revanche, méfiance avec l'effet bras de levier, qui a tendance à forcer sur la fixation. Sur le guidon de notre VTT, la caméra a manqué de faire plusieurs vol-planés sur le sol si l'on avait le malheur de dépasser 1 à 2m de haut ! Oubliez donc les effets drone depuis une moto ou un vélo, il faudra plutôt tabler sur une forte déformation.
Pourtant, DJI propose des perches de plus de 2,5m que l'on peut cumuler avec la perche fournie dans le pack de base. On peut ainsi dépasser les 3 à 5m de hauteur et réaliser des images aériennes... depuis le sol. Les perches manquent quand-même de rigidité, mais en y allant doucement, la vidéo est très exploitable.
Moi qui pensais pouvoir récupérer mes rush directement dans Final Cut Pro ou même dans le Vision Pro d'Apple, c'est la douche froide : les fichiers sont incompatibles, du moins, sans conversion préalable.
DJI propose donc un tout nouveau programme baptisé DJI Studio qui permet d'importer et d'éditer les images. Il est assez facile à prendre en main et ressemble beaucoup à Final Cut Pro : il suffit de glisser les clips sur la timeline dans l'ordre souhaité pour commencer le montage.
L'app permet de placer des images-clef, de faire du cut (on peut même reprendre les raccourcis de FCP), mais aussi de travailler (un peu) le son et l'image, avec des filtres, de la réduction de bruit et même quelques effets sonores et musiques libres de droit.
DJI Studio sera suffisant pour 99% des particuliers, mais ce genre de caméra cible quand-même les créateurs et pour eux, l'application montre rapidement ses limites. Il faudra donc faire des aller-retours entre DJI Studio et Final Cut Pro, Première ou Resolve pour réellement exploiter les images.
Vous pouvez toutefois exporter le fichier en MP4 panoramique depus DJI Studio et réaliser le montage intégralement dans Final Cut Pro. Mais les outils 360 sont vraiment médiocres chez Apple -un constat étonnant alors que la Pomme essaie de promouvoir son Vision Pro, parfaitement adapté aux images à 360°.
Le format MP4 Panoramique permet d'ailleurs d'être lu (moyennant une petite conversion rapide) par le Vision Pro. Il faudra en revanche se farcir l'attente liée à AirDrop, seul moyen d'envoyer rapidement les images.
J'ai trouvé la qualité assez médiocre, malgré le format 8K50 proposé par DJI. On dirait qu'Apple dégradé l'image au moment de la conversion... Toutefois, l'immersion est vraiment impressionnante : on se croirait vraiment au guidon de mon VTT avec la possibilité de tourner la tête dans toutes les directions !
A noter que vous pouvez aussi monter les plans avec DJI Mimo sur iPhone, mais au delà de quelques minutes, j'ai trouvé l'expérience vraiment rébarbative vu la petitesse de l'écran. Le programme sera surtout utile pour mettre à jour la caméra et visualiser rapidement ses plans...
Autonomie, surchauffe et stockage
L'Osmo 360 embarque une capacité interne très généreuse de 100Go, extensible avec une carte microSD.
Durant nos tests, on est arrivé à se contenter des 100Go, même en filmant en 8K50 voire 8K30. Il faudra juste bien penser à vider le stockage avant chaque sortie...
L'autonomie est promise atour de 100mn en 8K30, 60mn en 8K50 et 190mn en 6K30, ce qui est vraiment très très bon pour une caméra d'action. Durant nos tests, ces temps étaient largement respectés, et même sur une journée de balade en filmant la vidéo ci-dessus, nous n'avons jamais changé la batterie...
Problème, si vous filmez longtemps en 8K50, la caméra va rapidement surchauffer, parfois au bout de 4-5mn, parfois au bout de 15mn... mais jamais bien plus longtemps.
Le meilleur compromis en qualité reste la 8K30 ou la 6K60 si vous souhaitez pouvoir effectuer des ralentis ou donner plus de fluidité à la vidéo. En général, la seule limitation de la durée d'enregistrement sera... la batterie.
Bilan : vraiment utile ?
Une caméra pour les remplacer toutes ? Avouez que la tentation est grande pour les familles, qui aiment bien conserver des souvenirs de vacances.
L'absence de cadrage, la qualité d'image, la compacité, le stockage, la résistance à l'eau... faut-il jeter ses smartphones et autres GoPro pour une Osmo 360 ? Pas si vite !
Pour les créateurs de contenus, et notamment les personnes adeptes de sports mécaniques, que ce soit en mer ou sur Terre, l'accessoires se révèle quasiment indispensable ! En revanche, pour le particulier, je serais plus tempéré...
L'absence de cadrage ne doit pas faire oublier cette perche qui devient vite gênante et qu'on ne sait pas toujours où attacher. Mais le plus décevant concerne sans doute la qualité d'image une fois la vidéo recadrée : oubliez les zoom et les plans serrés sur le visage, sauf à être vraiment face caméra.
Le moindre smartphone proposera une meilleure définition, et c'est assez logique : 90% de l'image enregistrée par l'Osmo 360 sera perdue ou inutilisée... et vous n'aurez à l'arrivée qu'un équivalent 720p sur votre écran.
Par ailleurs, la nécessité d'utiliser des logiciels de montage après une sortie risque vite de vous démotiver rapidement, sauf à vouloir vraiment impressionner les copains.
Vendu 479€, le produit offre un excellent rapport qualité/prix... pour ceux qui en ont besoin. La caméra et le logiciels sont exemplaires, et si vous êtes (comme nous) dans l'écosystème DJI, la possibilité de réutiliser les micros et autres support finira de vous convaincre.
Cette première version de l'Osmo 360 coche presque toutes les cases face à son rival Insta360 : qualité d'image irréprochable, 8K, connexion aux DJI Mic et une armée d'accessoires très bien pensés. La caméra surchauffe un peu en 8K50 mais offre une excellente autonomie en 8K30 ou 6K. L'offre logicielle est très bien pensée et parfaitement compatible Mac/iPhone. On regrettera simplement la fragilité des objectifs, qui n'ont pas de protection facilement interchangeable.
