Avec 42 % des Français consommateurs de mangas ou d’animes, l’engouement pour la culture japonaise est toujours bien présente. Dans une étude inédite publiée ce jour, l'Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) dresse un état des lieux complet, explorant leurs usages, leur chaîne de valeur, leurs modèles économiques et les défis à venir.
Une histoire "presque" ancienne
L’histoire d’amour entre les Français et l’animation japonaise débute en 1978 avec Goldorak, diffusé sur Antenne 2. Depuis, mangas et animes n’ont cessé de gagner en visibilité et en légitimité, portés par des figures comme Dragon Ball, Akira, ou plus récemment One Piece Red, qui a franchi le cap des 972 000 entrées en salles.
Aujourd’hui, le marché du manga pèse 309 millions d’euros pour 36 millions d’exemplaires vendus en 2024, soit 11 % du marché total de l’édition littéraire. C’est le double de 2019. L’anime, quant à lui, génère entre 65 et 90 millions d’euros, grâce à une diffusion large sur la télévision, les plateformes VOD et les services spécialisés comme ADN ou Crunchyroll.
Mais derrière ce succès commercial, l’Arcom rappelle que la chaîne de valeur est étroitement contrôlée par les éditeurs japonais. Ce sont eux qui repèrent les auteurs, financent la production, négocient les droits internationaux et dirigent les comités de production. Les éditeurs français n’ont que très peu de marge de manœuvre éditoriale, se contentant souvent d’acheter les licences à des conditions strictes.
L’illicite, l’autre visage du succès
L’étude révèle aussi un taux alarmant de consommation illégale : 24 % des Français accèdent aux mangas ou animes par des voies illicites, soit un consommateur sur deux. L’Arcom se dit mobilisée pour renforcer la visibilité de l’offre légale, notamment via la lutte contre le piratage, l’accompagnement de la création et le soutien à la diffusion.
Enfin, l’étude aborde le rôle croissant de l’intelligence artificielle, déjà utilisée dans la traduction, le doublage ou l’interpolation d’images. Si l’IA permet d’accélérer la production et de réduire les coûts, elle fait craindre une perte de diversité artistique et un appauvrissement des métiers créatifs, faute de contrôle qualitatif.